À la votation populaire sur l'AVS du 3 mars 2024, dire deux fois non

Publié le 14 février 2024 par Francisrichard @francisrichard

Les deux initiatives relatives à l'AVS, objets de la votation du 3 mars 2024, se fondent toutes deux sur une vision collectiviste et immorale de la société. Une vision collectiviste et immorale parce qu'il s'agit de donner aux bénéficiaires de rentes ce que l'on prend aux actifs, ce qui s'appelle du vol.

Les cotisants à l'AVS, retraite par répartition, croient naïvement que ce sont leurs cotisations qui génèrent leurs rentes futures: que nenni ! Les bénéficiaires de l'AVS croient tout aussi naïvement que leurs rentes correspondent aux cotisations qu'ils ont versées pendant leur activité: que nenni !

Pour s'en convaincre il suffit de consulter les finances de l'AVS, qui porte bien mal son nom - Assurance vieillesse et survivants -, puisqu'il s'agit de tout sauf d'une assurance, mais plutôt d'un puits sans fond.

Comment cela fonctionne-t-il ? En 2022, dernière année connue, le résultat de la répartition, qui s'élève à 49'439 millions de francs, se décompose comme suit:

  • cotisations: 36'266 millions, soit 73,5%,
  • contributions des pouvoirs publics: 13'170 millions, soit 26,5%

À ce résultat il faut ajouter le produit du capital, 569 millions, et les variations de valeur du capital, - 4'906 millions (2022 est une année particulièrement mauvaise, après trois années positives), pour obtenir le résultat d'exploitation, soit 45'102 millions.

Que représentent les prestations sociales, c'est-à-dire les dépenses? 47'597 millions de francs. Et le capital? 98% de ce montant, soit moins d'une année de rentes.

Qu'est-ce que cela signifie ? Que les cotisations sont largement insuffisantes pour payer les rentes et que les pouvoirs publics, c'est-à-dire les contribuables, doivent indéfiniment mettre la main au portefeuille pour assurer lesdites rentes.

Dans la classe politique, rares sont ceux qui rappellent le principe avoué de l'AVS dont les comptes désastreux sont la conséquence:

L'AVS se fonde en premier lieu sur le principe de la solidarité entre les générations. Les rentes en cours sont avant tout financées par les générations dites actives qui, à leur tour, bénéficieront des cotisations apportées par les jeunes générations.

Autrement dit, il s'agit d'une prétendue solidarité et d'un système de Ponzi, lequel consiste à utiliser le produit des contributeurs actuels pour payer les promesses faites aux contributeurs précédents, comme le rappelaient à juste titre Pierre Bessard et Paolo Pamini dans leur étude Au-delà du mythe des trois piliers.

Or un tel système est considéré, quand il est utilisé dans le privé, comme une escroquerie, un système illégal et frauduleux, contraire à La loi fédérale contre la concurrence déloyale. Mais, dans le public, tout semble permis, même le pire...

Les deux objets de la votation du 3 mars consistent à faire  davantage encore payer les actifs d'aujourd'hui au profit des actifs d'hier:

  • soit en augmentant leurs cotisations pour payer une 13e rente,
  • soit en repoussant l'âge de la retraite ordinaire suivant une formule mathématique et technocratique pour éviter l'inéluctable collision contre le mur de la réalité.

Il faut donc dire deux fois non, et, plutôt que de chercher à pérenniser un système frauduleux, le remettre en cause et revenir à l'éthique sans laquelle il n'est pas de réelle efficacité.

Le système des retraites par répartition s'effondrera, tôt ou tard, en raison d'une démographie et d'une longévité qui accentueront les effets de son principe immoral. Les solutions existent. Pierre Bessard et Paolo Pamini en proposaient dans leur étude citée plus haut...

Francis Richard 

Publication commune avec LesObservateurs.ch.