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Les Coquelicots après la pluie, de Philippe Dubath

Publié le 23 février 2024 par Francisrichard @francisrichard
Les Coquelicots après la pluie, de Philippe Dubath

Victor est descendu à la cave. Il y a fait des fouilles dans les cartons qui y sont entreposés et renferment des choses qui savent sa vie d'homme, de journaliste, de photographe, d'écrivain puisque des gens disent qu'il est écrivain.

Il y a six ans, il a pris sa retraite; il y a un an, a fait un AVC modeste. Aussi, tardivement, s'est-il décidé à faire du tri et à mettre dans une petite valise brune ce qu'il voulait conserver de sa vie écoulée jusqu'à ses trente-cinq ans.

Ce Suisse accomplit son devoir de mémoire, avant qu'elle ne le quitte, de sa naissance, en 1952, jusqu'à 1987, année de la mort de son père. Son tri fait, il s'est mis à table pour faire un livre à partir de certaines pages de sa vie.

En 1971, débarqué à Paris, il est l'élève d'une école de journalisme à quinze kilomètres de la capitale. Il loge chez deux hommes qui aiment les hommes, dont il ne sait ce qu'ils sont devenus mais à qui il est tellement redevable:

Ils l'ont laissé grandi par la découverte du courage, de l'autrement, de l'originalité partagée avec lui.

Plus que ce qu'il a appris entre les murs de son école, ce sont les rencontres qu'il a faites qui ont fait son enseignement. Ainsi Brassens lui a-t-il appris à détester les principes qui étouffent le bon sens, le coeur et la pensée.

Comment peut-il vouloir devenir journaliste alors qu'il craint tant le regard des autres? Ce qu'il appelle sa timidité lui a fait aimer des passantes, pendant quelques instants secrets, comme le chante le poète, sur un texte de Pol.

Victor fait de ce qu'il est et de ce qu'il fut un atout pour écrire, tant il est vrai qu'il faut aller chercher loin dans ses tourments pour se rencontrer soi-même, éventuellement les mettre en paroles sur une musique de Brassens... 

Dans la petite valise brune, se trouvent des photographies: il a découvert la photographie à vingt-deux ans et il sait l'importance qu'elle a dans sa vie, élément essentiel de son équilibre, comme l'est l'humour où il excelle.

Mais c'est sans doute la figure du père qui l'aura marqué le plus, un père qui lui aura transmis le savoir le plus précieux de son existence: Le père était une école. L'école paternelle. Qui enseignait notamment la vie des lièvres.

Dans la petite valise brune, il y a aussi des notes, des lettres. À partir de tout son contenu, s'éveilleront des personnes, des instants, des lieux fondateurs. Lors Victor écrira un livre qui lui ressemble et qu'il dédiera aux timides:

Personne ne doit avoir peur d'aimer ou d'être aimé, d'être vu et entendu, de s'arrêter devant un talus de coquelicots, de dire une poésie et de danser quand il en a envie.

Francis Richard

Les coquelicots après la pluie, Philippe Dubath, 120 pages, Éditions de l'Aire

Livres précédents:

Airs de fête (2019)

Chroniques du merle bleu (2021)

Les chardons bleus (2023)


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