The Velvet Underground dans l’effervescence de la Warhol Factory, la chronique bourdonnante

Par Juju-Gribouille @JujuGribouille

Titre : The Velvet Underground dans l'effervescence de la Warhol Factory
Auteurs : Koren Shadmi (scénario et dessins)
Éditeur : La boîte à bulles
Collection : -
Année : 2024
Pages : 192

Résumé d'une histoire qui creuse :

Dans un hôpital de New-York, un home meurt seul sur son lit. Nous sommes en 1987. Il s'agit de Andy Warhol, le célèbre artiste du mouvement pop art. A son enterrement, sont présentes de nombreuses célébrités, dont deux figures qui avaient fréquenté Warhol dans leur jeunesse, Lou Reed et John Cale. Ils s'ignorent royalement, alors qu'ils avaient fondé ensemble un groupe qui a marqué l'histoire du rock, le Velvet Underground...

Le scénario immersif:

On plonge dans le New-York des années soixante, soixante-dix. Ses quartiers parfois à l'abandon, ces gratte-ciel souvent pesants et cette ruche créée par Andy Warhol, la Factory, qui va permettre l'éclosion du Velvet. Même si le groupe ne connaîtra pas le succès des autres rock et pop stars de l'époque, Beatles ou Rolling Stones, il marquera en profondeur le monde du rock, avec le temps.

Andy Warhol a permis le développement du groupe mais la musique est le fruit de la collaboration houleuse entre John Cale et Lou Reed. D'ailleurs, la vie et la mort du groupe résulte aussi des hauts et des bas de cette relation entre les deux artistes.
En suivant les parcours de John Cale et Lou Reed, Koren Shadmi parvient à tracer l'histoire éphémère du Velvet. On est plongé à l'intérieur et on comprend mieux les tensions existantes. Cette histoire étant liée à celle de la Factory, on découvre aussi l'underground de Warhol.

Une BD conséquente qu'on ne lâche pas avant la dernière page. Elle se conclut sur un texte de l'auteur qui raconte pourquoi ce choix de biographie, et comment il a avancé dans cette œuvre. Surtout, les passages de concerts, d'enregistrements, de répétitions nous donnent envie d'aller réécouter ces chansons. Avec les explications et les apports musicaux de John Cale, on ne peut qu'éprouver la curiosité de se repasser " All tomorrow's parties ", ou " I'm waiting for the man ", pour percer le secret de cette musique. Et bien sûr, les textes acides (pour ne pas dire sous acides, mais dans ce cas, il s'agit plutôt d'héroïne) de Lou Reed et leur nouveauté à l'époque mérite de jeter un œil également aux paroles des chansons. On notera aussi la relation complexe avec Nico, chanteuse sur quelques morceaux du Velvet, présentée par Warhol au groupe et que Lou Reed a beaucoup de mal à accepter.

Le dessin tout en douceur :

Une époque âpre, et pourtant Koren Shadmi traite ce récit avec une douceur graphique désarmante. Les personnages sont dessinés avec un style semi-réaliste. L'encrage mêle subtilement hachure et aplats pour créer des zones d'ombre et du relief.
Les couleurs, douces également, apporte une teinte particulière à ce récit, les nuits bleutées, les ambiances colorées, violettes, oranges mais jamais oppressantes permettent de créer un contraste avec cet underground où règne la drogue et les recherches artistiques les plus folles.

La composition classique suit le récit, alternant les découpes en bandes variées.
On se retrouve témoin de la courte vie de ce groupe éphémère et du choc de ses personnalités, témoin proche mais à distance quand même. Cet équilibre est autant dû au choix de cadrage qu'à la construction du récit.

Conclusion d'une BD vénusienne sans fourrure:

Un pari réussi que cette histoire du Velvet Underground. On découvre comment a pu évoluer ce groupe de sa naissance à sa mort. Il serait passionnant de découvrir comment le Velvet est devenu une telle source d'inspiration...

Zéda rencontre John Cale !