Sur la petite île de Chypre, l’heure est aux préparatifs de dernière minute. Derniers emails à la famille, vérification du matériel téléphonique satellitaire, avant le départ imminent…A bord de leurs deux chalutiers achetés pour l’occasion, l’équipage d’une quarantaine de personnes s’apprête à larguer les amarres en direction de … Gaza. Objectif de ce voyage audacieux : briser le blocus qui étrangle la bande de Gaza depuis un an.
Le pari est risqué. Mais cela fait des mois et des mois que les organisateurs s’y préparent. « Notre opération n’est ni humanitaire ni politique. C’est une question de droits de l’homme, c’est tout ! Comment accepter, sans bouger, que la population palestinienne soit coupée du monde ? C’est injuste. Les Palestiniens ont droit à leur liberté… », explique Greta Berlin, 67 ans, une des initiatrices de ce projet, financé grâce à des donations individuelles « de 1,5 dollar à 20 000 dollars ».
Et malgré les menaces qui pleuvent depuis deux semaines, elle est prête à aller jusqu’au bout. « J’ai reçu plusieurs coups de fil anonymes. Au bout du fil, la voix me disait : « J’espère que tu sais nager », raconte-t-elle. Parmi les participants, Lauren Booth, la belle-sœur de Tony Blair, n’a pas échappé aux pressions. « Le bateau va couler, fais gaffe à ta femme ! », a prévenu une voix inconnue, en appelant son mari.
Hedy Epstein, une grand-mère juive de 84 ans, rescapée de la Shoah, a elle-aussi tenu à faire partie de cette opération, baptisée « Free Gaza ». En guise de solidarité. « Je suis née en Allemagne. J’ai vécu l’époque nazie. Je sais ce qu’être persécuté signifie, et je compatie avec la population palestinienne. Les Palestiniens sont mes voisins. Je n’ai pas le droit de les faire souffrir », dit-elle.
La marine israélienne laissera-t-elle les bateaux arriver à bon port ? Prétextant un risque sécuritaire, il est possible que des vedettes israéliennes arraisonnent les bateaux dès leur entrée dans les eaux territoriales de Gaza. Mais avant de partir, l’équipage a fait le stock d’optimisme. « Je ne vais pas rester toute ma vie les bras croisés, chez moi, par crainte de me casser une jambe. Nous sommes des activistes pacifiques. Il n’y a pas de raison qu’on nous fasse du mal », confie Hedy Epstein.