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Les autorités diplomatiques camerounaises à Libreville affirment que le fichier de l’ambassade ne laisse apparaître que 45000 Camerounais vivant au Gabon. Mais elles soulignent en même temps que le nombre réel doit être plus élevé.
“ Les Fang du Cameroun se fondent facilement dans la masse de Fang du Gabon et ne trouvent aucun intérêt à se faire identifier. En plus, beaucoup de Camerounais arrivés ici avec un visa de trois mois ne rentrent pas au pays au-delà de ce temps. Ce sont des irréguliers qui ont parfois peur de se présenter à l’ambassade ”, explique un responsable de la chancellerie. Et pour les irréguliers, les conditions de séjour paraissent toujours difficiles, d’autant que la régularisation doit faire suite à un long processus qui coûte cher.
Au départ fixé à 180 000 francs Cfa, le taux de la carte de séjour est passé à 365 000 francs Cfa, avant d’être ramené à 200 000 francs Cfa. Le dernier taux est le résultat de négociations entre les autorités des deux pays, après que des clandestins Ouest Africains ont trouvé la mort en mars dernier, aux larges des côtes gabonaises. Ce drame avait relancé le débat sur l’immigration vers le Gabon.
Le problème pour les Camerounais rencontrés à Libreville est que les Gabonais les considèrent comme des immigrés, alors qu’ils sont membres d’une même communauté, la Cemac. Ces Camerounais le vivent d’autant plus mal qu’ils font remarquer que les Français ont des conditions de séjour plus faciles au Gabon par rapport aux Africains. Le taux de la carte de séjour est fixé à 50 000 francs Cfa pour les Français.
Passeport Cemac
C’est dans la foulée de ce débat que les autorités gabonaises ont convoqué les dirigeants des représentations diplomatiques “ pour voir ce qui est faisable ”. C’est alors que l’opération “ carte de séjour à 200 000 francs Cfa ” a été lancée pour les Camerounais. Contrairement aux usages en la matière, qui veulent que les candidats à la régularisation montent un dossier qu’ils déposent et suivent au service gabonais de la documentation, le Sedoc, cette fois-ci, les opérations sont gérées par l’ambassade du Cameroun
."Nous avons voulu et obtenu de pouvoir jouer ce rôle parce que cela nous permettra d’éviter que des gens d’autres nationalités en profitent à la place des Camerounais. Il est souvent arrivé que des Ouest Africains se passent pour des Camerounais sans que les autorités ne s’en rendent compte", souligne l’ambassadeur Samuel Mvondo Ayolo.
Il reste que des Camerounais doutent de la sincérité de l’opération ainsi menée. Pour certains, ce pourrait être un moyen de retrouver les sans papier camerounais afin de les reconduire à la frontière. Seuls 200 clandestins se sont montrés intéressés jusqu’ici. Les tracasseries de tous les jours connus par les Camerounais, tant à l’intérieur que sur la route du Gabon, ne sont pas des éléments qui aident à construire la confiance.
“ Franchement tous les Camerounais résidant au Gabon attendent l’effectivité des résolutions prises lors du sommet de la Cemac au Cameroun récemment, parce que nous les avons suivies au Gabon avec beaucoup d’attention. Je veux dire l’utilisation du passeport Cemac dès 2010. Evidement, la suppression de la carte de séjour qui permettra à un Camerounais de pouvoir désormais circuler sans problème au Gabon avec sa carte identité nationale puisque le Gabon appartient aussi à la zone Cemac. Ça devrait se passer comme en Afrique de l’Ouest ”, souhaite Armel Katué Tadjeu, étudiant en médecine à Libreville.