Texte de Yannick David (du blog si près de l'horizon)
Au début de mes études la vie m'a fait rencontrer plusieurs personnes dans un cheminement dont je n'avais pas encore conscience, en particulier un étudiant en médecine qui m'initia au végétarisme, aux idées de Rudolf Steiner, et à la démarche de Frédéric Leboyer. Son livre "Pour une naissance sans violence" est sorti en 1973 et cet ami me le prêta. J'ai été très touché par ce livre tellement ça me semblait évident, naturel et simple. Quelque temps après nous sommes allés écouter Leboyer en conférence à Paris devant un parterre d'étudiants en médecine. Il montra le film qu'il avait fait sur la naissance, et exposa sa pratique, suite à son cheminement personnel en Inde auprès de Swami Prajnanpad (gourou de plusieurs français dont Arnaud Desjardins).
Son propos était de maintenir autant que possible l'ambiance qu'avait connu le fœtus dans le ventre de sa mère, au moment de sa naissance. Il a vécu 9 mois dans le noir, le quasi silence sinon les battements du cœur de la mère, l'aqueux, la douceur, la respiration par le cordon, bref un univers complètement différent de l'après naissance. La naissance classique, à l'époque, c'était : on sortait le bébé, on le tenait par les pieds, on lui tapotait les fesses, on coupait le cordon, faisant exploser les alvéoles pulmonaires qui n'avaient jamais fonctionné, d'où les cris (entre autres), il passait de la nuit à la lumière froide d'une salle d'hôpital, on le posait sur une table dure, etc... Il proposait la douceur, le contact, mettre d'abord le bébé sur la mère, pour qu'il retrouve le bruit du cœur, attendre que la respiration se fasse naturellement, puis ensuite couper le cordon...
A ma grande surprise il y eut beaucoup de réactions négatives de la part de ces étudiants qui étaient éduqués dans la non prise en considération du bébé en tant qu'être vivant (hyper) sensible. Je ne comprenais pas leur manque de conscience à ce sujet. Au bout d'un moment, Frédéric Leboyer, qui était resté d'un calme olympien tout du long, ayant compris qu'on ne fait pas changer d'avis des gens obtus et agressifs, clôtura la conférence. Son attitude calme et respectueuse m'ébranla. Comment faisait-il pour rester lui-même, tranquille, patient, non perturbé par ces ignorants imbéciles? C'était la première fois que je voyais un être dont je sentais une telle qualité. J'avais commencé à lire les livres d'Arnaud Desjardins, mais ne l'avais pas encore rencontré.Dans sa démarche auprès de Swamiji, Leboyer revécut sa naissance, avec des forceps, ce qui l'aida d'autant mieux à comprendre le processus. Je suis aussi né avec des forceps, et ai revécu ma naissance. Ceci explique cela...
Cet ami vécut avec sa femme la naissance de leur première fille à la maison avec une sage femme pratiquant cette méthode.
Quelques années plus tard, j'eus la chance d'assister à la naissance de notre fils dans l'eau, avec un médecin qui proposait ce type d'accouchement dans un hôpital. Lumière tamisée, musique douce à laquelle on avait habitué le bébé, pose sur le ventre de sa mère, grand calme, pas un pleur...
Il a été à l'initiative d'un autre regard sur la naissance et d'un changement dans la pratique auprès de certains collègues dans le monde. Il a aussi fait des films sur le sujet.
Frédéric Leboyer a écrit une bonne douzaine de livres pour partager et transmettre ce qu'il a reçu de l'Inde. Le plus connu est "Pour une naissance sans violence", mais il y a aussi "Shantala" sur le massage des bébés, "L'art du souffle", etc... Il a écrit des livres de poésie et sur son expérience avec Swami Prajnanpad.