Un mari de trop

Par Rob Gordon
Impossible de le nier : Un mari de trop est une comédie romantique de plus, qui finit comme on l'imagine, et avec plein de bons sentiments à l'intérieur. Et la présence de Griffin Dunne derrière la caméra n'avait rien de bien rassurant : Dunne, c'est quand même le mec qui a pondu Addicted to love et Les ensorceleuses, deux machins aussi sirupeux que mal foutus. D'où une agréable surprise devant ce Mari de trop qui ne s'inscrira pas au panthéon des romcoms, mais offre un spectacle assez enjoué et moins cucul que son affreuse affiche française ne le laisse penser.
L'atout numéro un du film se nomme Uma. Elle exploite merveilleusement un personnage en forme de fantasme masculin, celui de la bourgeoise qui se décoince progressivement jusqu'à révéler un tempérament de feu. Et en effet : belle, explosive, irrésistible, elle nous donnerait envie de la suivre n'importe où. Face à elle, Jeffrey Dean Morgan est un pompier vengeur très convaincant, icône romantique en puissance (les plus beaux épisodes de Grey's anatomy, c'est à lui qu'on les doit) et allure rassurante de bûcheron canadien. Un duo qui fonctionne mieux que bien et rend les quiproquos et autres passages obligés plus que supportables. Quelques scènes extrêmement drôles (dont celle de la dégustation de gâteaux) renforcent de minute en minute le capital sympathie du film.
Comme toujours lorsque les comédies romantiques manquent d'originalité, la dernière demi-heure d'Un mari de trop est la plus pénible. Ces instants où chacun est dans son coin, persuadé d'avoir perdu l'amour de sa vie, donnent envie de presser la touche "avance rapide" pour passer à la suite, c'est-à-dire un rabibochage in extremis. Celui-ci est assez joli, d'autant qu'il évite pour une fois de rendre la troisième roue du carrosse (un Colin Firth toujours très classe) antipathique ou pathétique. Une conclusion qui confirme le caractère très recommandable d'Un mari de trop, de loin le meilleur film de Dunne, comédie confortable et idéale pour y emmener son nouveau rencard.
6/10
(également publié sur Écran Large)