La gravité de la situation ici est qu'on ne parle pas de n'importe quel tournoi quand il s'agit d'Eastbourne. L'épreuve, gagnée dans le passé par Martina Navratilova, Tracy Austin, Monica Seles, Justine Henin, et j'en passe, jouit d'une popularité qui ne s'est jamais démentie au fil des ans. Tournoi familial à l'ambiance populaire, dont l'histoire s'est transmise de génération en génération depuis cinquante ans, Eastbourne s'inscrit dans la grande tradition du tennis féminin avec ses superbes billards verdoyants dont la qualité n'a jamais été remise en cause, si bien que chaque année, lors de la dernière semaine de juin, les tribunes du court central et des courts annexes ne désemplissent pas grâce à un public de connaisseurs venus pour le plaisir du jeu sur herbe.
Un grave danger, donc, surplombe le Devonshire Park Lawn Tennis Club car, on imagine les terribles répercussions financières qu'aurait une rétrogradation pour ce tournoi, une décision aussi absurde pouvant signifier sa disparition à plus ou moins moyen terme. Tout ça pour quoi ? Le profit, bien sûr, les instances de la WTA ayant flairé la poule aux œufs d'or de voir une épreuve WTA 500 organisée au Queen's Club, dans la capitale de l'Angleterre. Hélas, il n'y a pas que sur Eastbourne que le menace se précise. L'insertion du Queen's au calendrier, entre Roland-Garros et Wimbledon, serait aussi le début de la fin pour deux autres tournois sur herbe organisés durant cette période, à savoir Nottingham et Birmingham, qui se retrouveraient ainsi dans l'ombre du futur géant londonien. La WTA, déjà au cœur d'une polémique alors que l'annonce d'un partenariat avec l'Arabie Saoudite semble imminente, ne pouvait pas s'y prendre autrement pour envenimer une situation déjà critique.