Pur hasard ou coïncidence ? Comme à l'Open d'Australie, les quatre premières mondiales ne sont pas toutes logées à la même enseigne. Tenante du titre, Elena Rybakina va devoir travailler dur afin de conserver son bien et éviter ainsi de perdre tous les points engrangés dans le tournoi en 2023. Placée dans la première moitié de tableau, la joueuse du Kazakhstan, exemptée de premier tour, comme toutes les têtes de série de ce tournoi, devra faire respecter son statut alors qu'elle se retrouve une nouvelle fois, comme souvent, dans la même partie que la polonaise Iga Swiatek, qu'elle avait surclassée l'année dernière en demi-finale, 6-2 6-2, avant d'aller chercher le titre contre Aryna Sabalenka. C'est à ce même stade de la compétition, en demi-finale donc, que Rybakina pourrait retrouver l'actuelle numéro une mondiale. Mais, que de chemin à accomplir avant. L'entrée en matière pourrait être délicate si elle devait affronter Paula Badosa, toujours incertaine sur le plan physique mais, tellement imprévisible et capable, par intermittence, de sortir de gros matches. Si ce premier obstacle était franchi avec succès, un troisième tour contre Anastasia Potapova (n°28) ou l'espagnole Sara Sorribes Tormo, n'aurait rien d'une promenade de santé. Ce serait ensuite pour la championne en titre un huitième de finales corsé contre Anna Kalinskaya (n°21) ou Jasmine Paolini (n°13), les surprenantes héroïnes du récent tournoi de Dubaï. Là se situerait sans doute le premier gros test pour Rybakina avant un quart de finales pas plus évident à négocier contre Marketa Vondrousova (n°7) ou Beatriz Haddad Maia (n°12). Néanmoins, ces deux-là ne respirant pas la confiance absolue en ce moment, nous ne serions pas surpris que des joueuses en forme comme Anastasia Pavlyuchenkova (n°22) ou Marta Kostyuk (n°31), finaliste à San Diego, fassent entendre leur voix.
Si Rybakina n'est pas franchement gâtée, que dire alors d'Iga Swiatek ? Déjà malheureuse au tirage à l'Open d'Australie, la patronne semble dans un copié-collé qui vire à la malédiction. Ce sera probablement Danielle Collins d'entrée, qui l'avait bien bousculée à Melbourne, avant Linda Noskova (n°26), son bourreau au troisième tour du majeur austral. Il se peut aussi que le destin réserve à Swiatek la britannique Katie Boulter, auréolée de sa victoire à San Diego, si Noskova et Camila Girogi venaient à craquer tôt dans cette section. Cap ensuite sur les huitièmes de finales pour la native de Varsovie. Pourrait-elle y affronter une Madison Keys (n°18) sur le retour ? Sans doute pas. On miserait alors plus sur Ekaterina Alexandrova (n°15), avant un gros choc en quarts de finales face à Jelena Ostapenko (n°10) ou Ons Jabeur (n°6). Pour le côté plus imprévisible, mais néanmoins réaliste, une opposition contre Donna Vekic (n°25) est également possible. On notera également la présence dans cette section des anciennes du circuit, Venus Williams, Angelique Kerber et Caroline Wozniacki. On sourit béatement à l'idée que l'une de ces trois championnes de Grand Chelem se retrouve face à Swiatek en quarts de finales, même si le scénario semble très peu probable.
Dans la deuxième moitié de tableau, on retrouve donc les deux joueuses les plus chanceuses du monde au tirage, Aryna Sabalenka (n°2) et Coco Gauff (n°3). Comme à l'Open d'Australie, elles se retrouvent toutes deux dans une position idéale. L'américaine pourrait prendre Anhelina Kalinina (n°32) ou Magdalena Frech au troisième tour, puis Elise Mertens (n°24) ou Liudmila Samsonova (n°14) en huitièmes de finales, même si nous rêvons secrètement d'une confrontation contre Naomi Osaka à ce stade de la compétition. Il y aurait ensuite plus de densité en quarts avec des joueuses comme Daria Kasatkina (n°11), Sorana Cirstea (n°19), Victoria Azarenka (n°27) ou Qinwen Zheng (n°8) si la logique était bien entendu de mise. La demi-finale contre Sabalenka serait la cerise sur le gâteau, comme une revanche de l'Open d'Australie.
Sabalenka, justement, est en bonne posture. Bien sûr, le manque de compétition et le fait qu'elle n'ait joué qu'un match depuis son triomphe en Australie, peuvent peser lourd dans la balance. Mais franchement, à moins d'une contre-performance XXL de la biélorusse, ça s'annonce plutôt bien. Il faudra tout de même un minimum de vigilance au troisième tour contre Emma Raducanu ou Dayana Yastremska (n°30), puis, une efficacité de tous les instants en huitièmes de finales face à la très talentueuse Emma Navarro (n°23) ou l'éternelle Elina Svitolina (n°16). Un quart de finales se profilerait enfin à l'horizon contre Maria Sakkari (n°9), pourquoi pas Leylah Fernandez (n°29) ou Jessica Pegula (n°5). Cette dernière hérite d'un cadeau empoisonné avec une possible entrée dans le tournoi contre l'inoxydable Karolina Pliskova. Mais, globalement, et si l'on prend un peu de recul sur ce tableau, Sabalenka a bien le tirage le plus facile des joueuses du "Big Four". Reste à savoir où elle se situe exactement sur l'échelle des sensations.
Des joueuses à surveiller.
Si la logique a été globalement respectée au tournoi de Doha (victoire de Swiatek), elle l'a été beaucoup moins à Dubaï (victoire de Jasmine Paolini sur Anna Kalinskya). Voir deux joueuses non têtes de série accéder à la finale d'un WTA 1000 n'est pas monnaie courante. Le fait est encore plus rare quand l'une des deux joueuses est issue des qualifications (c'était le cas pour Kalinskaya). Un tel événement pourrait-il se reproduire à Indian Wells ? Quand on regarde le palmarès du prestigieux tournoi, on se dit après tout, pourquoi pas, même si pareille performance n'est arrivée que rarement. Naomi Osaka, par exemple, n'était pas tête de série quand elle a gagné Indian Wells en 2018, pas plus que Kim Clijsters en 2005 qui revenait d'une saison de convalescence. À y regarder de près, hormis le choc qu'a constitué la surprenante victoire d'Elena Vesnina en 2017, Indian Wells a toujours couronné les plus grandes : Navratilova, Seles, Graf, Hingis, Serena Williams, Henin ou, plus proche de nous, Wozniacki, Azarenka. Cependant, on constate que le succès de Vesnina a par la suite suscité des vocations puisqu'on vit Bianca Andreescu et Paula Badosa s'imposer respectivement en 2019 et 2021, après le sacre d'Osaka. On peut donc dire au final que, depuis sept ans, le tournoi s'est considérablement ouvert. Voilà pourquoi il ne serait pas si étonnant de voir cette année une joueuse hors top 10 ou hors top 20 aller jusqu'au bout ou, pourquoi pas, une joueuse non tête de série.
Dans la moitié haute du tableau, les options ne manquent pas. Paolini et Kalinskaya, que nous évoquions plus haut, vont être à surveiller de près. L'on pourrait d'ailleurs se diriger vers une revanche de la finale de Dubaï puisque les deux joueuses devraient se retrouver face à face au troisième tour si l'une d'elles ne se fait pas surprendre avant. Souvent dangereuse dans les grands rendez-vous, Anastasia Pavlyuchenkova (n°22), qui reste sur une demi-finale à Linz et à Doha, a de réelles chances d'aller loin, surtout que dans sa section figurent deux joueuses en cruel manque de résultats depuis le début de l'année, Beatriz Haddad Maia et Marketa Vondrousova, tandis que Marta Kostyuk aura surement besoin de récupérer de ses efforts après sa finale perdue à San Diego. Si Pavlyuchenkova se débrouille bien, elle peut se paver une voie royale jusqu'en quarts de finales et, connaissant ses qualités et sa capacité à se subjuguer contre les meilleures, un éventuel duel face à Paolini, Kalinskaya ou Rybakina n'en serait que plus savoureux. Dans la section d'Iga Swiatek, l'énigme Jelena Ostapenko est toujours irrésolu. Branchée sur courant alternatif depuis sa victoire au tournoi de Linz, la lettone sort d'un "Middle East Swing" décevant avec pas mieux qu'un huitième de finales à Doha et Dubaï. Il va lui falloir dompter des joueuses comme Donna Vekic ou Ons Jabeur avant de se projeter vers un potentiel quart de finales contre Iga Swiatek, qu'elle a toujours battu en quatre confrontations, dont une fois à Indian Wells en 2021. Autre élément à prendre en considération, Ostapenko n'a pas beaucoup de points à défendre cette année dans l'épreuve. Elle s'y était faite éclipser au troisième tour l'année dernière par Petra Kvitova.
En bas de tableau, plusieurs joueuses sont susceptibles de faire bouger les lignes. Tête de série n°8, Qinwen Zheng peut-elle rééditer son exploit de l'Open d'Australie ? Cette possibilité existe même si la meilleure joueuse chinoise du tableau semble être en panne de sensations depuis son épopée. Elle va probablement devoir affronter sa compatriote Yue Yuan, victorieuse au tournoi d'Austin le week-end dernier, dès le deuxième tour, avant un duel à haut risque contre Victoria Azarenka. Dans sa section, deux joueuses qu'elle pourrait retrouver en huitièmes de finales seront à surveiller. Daria Kasatkina, finaliste à Abu Dhabi, est un élément perturbateur dont il est difficile de deviner les mouvements, tandis que Sorana Cirstea va avoir à cœur de défendre avec opiniâtreté les points acquis en 2023 lorsqu'elle avait atteint les quarts de finales. Plus bas encore dans le tableau, les sections comprises entre Pegula et Sabalenka regorgent de petits pièges qui n'attendent que de se refermer sur leurs victimes. Associée à son nouvel entraîneur David Witt, qui coachait avant Jessica Pegula, Maria Sakkari voudra enfin lancer sa saison dans un tournoi qu'elle affectionne (elle en était finaliste en 2022). Si les premiers jours se passaient bien pour elle, un huitième de finales contre Leylah Fernandez ou Jessica Pegula aurait figure de test grandeur nature avant de retrouver peut-être Sabalenka en quarts. La densité est assez remarquable dans cette section. Avec Emma Navarro, le danger sera grand puisque l'on sait les progrès fulgurants accomplis ces derniers mois par l'américaine. Peut-elle croiser la route d'Elina Svitolina au troisième tour ? Cela va dépendre de l'état de forme de l'ukrainienne, revenue d'une blessure au dos récemment. Enfin, il y a Dayana Yastremska, discrète depuis sa folle aventure à l'Open d'Australie. La confirmation tarde à venir, si bien que la tête de série n°30 arrive en Californie dans le doute, dans l'optique d'affronter peut-être Emma Raducanu au deuxième tour et Aryna Sabalenka au troisième. Ça s'annonce compliqué.
Des non têtes de série pour créer la surprise.
Pour que des joueuses non têtes de série aillent loin dans les gros tournois, c'est simple. Il faut qu'elles battent des têtes de série et que, par la même occasion, d'autres têtes de série autour d'elles se fassent éliminer. C'est le scénario fou qui s'était produit à l'Open d'Australie et plus récemment à Dubaï. En imaginant que l'histoire se répète à Indian Wells, nous ne serions alors pas à l'abri de quelques sensations. Rien que dans la section de Swiatek, par exemple, il y a de quoi faire frémir avec la présence de Danielle Collins et celle de Katie Boulter, euphorique depuis ses réjouissantes aventures à San Diego. Mirra Andreeva, qui est en train de marquer le coup après un très bon Open d'Australie, peut provoquer des remous, même si le tirage a été impitoyable avec elle, Vekic et Jabeur se trouvant sur sa trajectoire. On gardera aussi un œil sur Paula Badosa, diminuée physiquement certes, mais dont le lien avec ce tournoi est spécial depuis qu'elle s'y est imposée en 2021. Dans la section de Qinwen Zheng, l'américaine Sloane Stephens, intermittente du tennis, va une nouvelle fois évoluer en sous-marin en faisant jouer son expérience. Relativement épargnée par le tirage, elle a une route dégagée jusqu'en huitièmes de finales. Qui sait ce qu'elle peut nous réserver par la suite... Naomi Osaka, quant à elle, va continuer à se tester. On a vraiment vu du mieux à Doha mais, elle va devoir avancer pas à pas à Indian Wells en raison des gros défis qui l'attendent, à commencer sans doute par Samsonova. Ce serait ensuite Mertens, avant Gauff ou Kalinina pour la lauréate de l'édition 2018. Quoi qu'il en soit, de ce qu'on a pu voir à Doha, il y a peut-être de la place pour frapper un grand coup de la part de la japonaise. Après tout, de toutes les joueuses qui sont revenues cette année à la compétition, soit après une blessure ou un congé maternité, c'est sans doute elle qui fait la plus forte impression, même si elle doit encore fournir un gros travail pour tenir sur le plan physique. Enfin, il y a bien sûr Karolina Pliskova. Très en vue à Doha, où elle avait sortie Kalinskaya, Noskova et Osaka, la tchèque est toujours partante pour un bras de fer. Elle pourrait bien secouer sa section, dans laquelle se trouvent Pegula, Fernandez, Garcia et Sakkari, encore faut-il qu'elle maîtrise au premier tour la très imprévisible Anna Blinkova, capable de grandes choses quand elle est dans un bon jour.
Les scénarios possibles pour les huitièmes de finales.
Scénario n°1 (logique respectée) :
Swiatek (1) vs Alexandrova (15).Ostapenko (10) vs Jabeur (6).Rybakina (4) vs Paolini (13).Haddad Maia (12) vs Vondrousova (7).Zheng (8) vs Kasatkina (11).Samsonova (14) vs Gauff (3).Pegula (5) vs Sakkari (9).Svitolina (16) vs Sabalenka (2).
Scénario n°2 (alternatif) :
Swiatek (1) vs qualifiée.Ostapenko (10) vs Vekic (25).Rybakina (4) vs Kalinskaya (21).Pavlyuchenkova (22) vs Kostyuk (31).Azarenka (27) vs Stephens.Osaka vs Gauff (3).Pliskova vs Sakkari (9).Navarro (23) vs Sabalenka (2).
Scénario n°3 (scénario Melbourne) :
Boulter vs Alexandrova (15).Martic vs Andreeva.Potapova (28) vs Paolini (13).Y. Wang vs Saville.Yuan vs Cirstea (19).Mertens (24) vs Gauff (3).Fernandez (29) vs Shnaider.Yastremska (30) vs Sabalenka (2).