L'édito : le grand n'importe quoi de l'attribution des wildcards à Indian Wells et Miami
Publié le 04 mars 2024 par Francky
Dévoilée durant le week-end, la liste définitive des joueuses invitées dans le tableau principal du tournoi WTA 1000 d'Indian Wells, qui doit commencer le 6 mars, a suscité la colère, l'indignation et l'incompréhension des fans de tennis, à tel point que l'on est en droit de se demander aujourd'hui si la jeunesse ne serait pas en train d'être sacrifiée dans le seul but d'amasser de l'argent.Je n'attendais pas grand chose de la liste des huit joueuses invitées au tournoi d'Indian Wells, si bien que lorsque leur identité à été dévoilée, je n'ai éprouvé ni étonnement, ni déception. Néanmoins, quand j'ai vu apparaître dans cette liste les noms de Venus Williams, Caroline Wozniacki, Karolina Pliskova et Paula Badosa, je n'ai pu réprimer un sentiment de profonde détresse pour une discipline que je suis régulièrement depuis de longues années et que je vois jour après jour s'enfoncer dans une crise profonde qui ne présage rien de bon pour l'avenir. Je vais maintenant tenter de vous exposer le plus simplement possible ce que je ressens à la vue de cette liste que voici (dans son intégralité) :- Caroline Wozniacki
- Venus Williams
- Emma Raducanu
- Karolina Pliskova
- Paula Badosa
- Amanda Anisimova
- Ashlyn Krueger
- McCartney Kessler
Soyons clair d'entrée de jeu. Il est très probable que moins de la moitié de ces joueuses parviendront à passer le premier tour (sans leur faire offense), même si le choix de McCartney Kessler me paraît le plus logique en raison des bons résultats qu'elle a obtenus récemment, notamment au tournoi WTA 125 de Puerto Vallarta qu'elle a brillamment remporté en étant lucky loser. Pour les sept autres, en revanche, je reste circonspect. Plusieurs choses m'intriguent. D'abord, j'ai du mal à comprendre le choix de donner une invitation à Badosa alors que sa condition physique est plus qu'incertaine après les déboires qu'elle a connu à Dubaï où elle avait quitté le court en larmes, encore gênée par un dos récalcitrant. La présence de Wozniacki peut aussi interroger alors que la danoise est clairement en panne de sensations depuis le début de l'année, surtout quand on regarde ses derniers résultats. Quant à Venus Williams, il y a de quoi être mitigé. Certes, on parle d'une joueuse qui a gagné près de cinquante titres en simple, dont sept titres du Grand Chelem, et qui fut numéro une mondiale mais, tout de même, qu'espérer aujourd'hui d'une ancienne gloire du circuit âgée de quarante-trois ans, qui peut difficilement aligner deux victoires de suite ? Enfin, en ce qui concerne Emma Raducanu et Amanda Anisimova, il y a là aussi de quoi discuter. Pourquoi s"obstiner à distribuer des invitations à la britannique alors qu'elle a besoin d'accumuler des matches pour retrouver une bonne condition physique ? Pourquoi inviter Anisimova alors que sa forme du moment questionne après ses récents forfaits ?
Pour moi, le principe de la wildcard doit être clair. J'estime, et j'imagine ne pas être le seul à me faire cette réflexion, que toute invitation devrait être attribuée au mérite et non pas à la notoriété. C'est hélas le contraire qui s'est produit pour Indian Wells et c'est aussi ce qui est en train d'arriver pour le tournoi de Miami dont on sait d'ores et déjà que Williams, Wozniacki et Raducanu seront wildcards. Au diable les joueuses méritantes qui se sortent les tripes chaque semaine au prix d'efforts colossaux, tant qu'il y a des stars de la WTA sur le retour qui peuvent rapporter un maximum d'argent aux organisateurs. Le processus employé ici est particulièrement cruel car, il prive celles qui travaillent d'arrache-pied d'une chance de se mesurer aux meilleures. Pire encore, l'apprentissage du plus haut niveau par les jeunes joueuses est tronqué à cause de décisions trop injustes. Que des joueuses comme Iva Jovic, Liv Hovde ou Clervie Ngounoue, figurant toutes trois parmi les grands espoirs du tennis féminin, aient obtenu une invitation dans le tableau des qualifications est un moindre mal. Cependant, cela ne doit pas faire oublier les errances d'un système d'attribution en équilibre précaire et dont les effets pourraient s'avérer dévastateurs sur une longue période. Que cette gabegie cesse une bonne fois pour toutes et que soit rendu à César ce qui lui appartient. Il en va de l'avenir même de cette discipline !