Ce pavillon, d’inspiration italienne, est le seul bâtiment du Grand Siècle qui a été conservé au Domaine.
La vaste peinture allégorique qui recouvre le dôme montre la déesse Aurore œuvrant au lever du jour et chassant les puissances obscures de la Nuit.
La visite est gratuite et s’effectue sans réservation préalable mais il faut malgré tout s’adresser au guichet des Anciennes Écuries. Annoncée comme visite flash d’une demi-heure, elle a duré plus du double et ce ne fut pas de trop.C’est un des bâtiments les plus anciens. Il fut construit par le père du Colbert que l’on connait et c’est un des rares à subsister avec l’entrée d’honneur.Le pavillon de l’Aurore était à l'origine un casino de plaisance construit comme un belvédère s'ouvrant sur la campagne. A l’époque, le lycée Lakanal n’était pas encore construit (il le sera en 1880). De plus, Colbert avait acheté des terrains supplémentaires si bien que le bâtiment se trouvait en plein centre, en hauteur, à l’extrémité Est du domaine donc bien situé pour accueillir le lever du soleil.Il était d’usage de montrer ses jardins à ses invités au cours des soirées. Et ils ont été ici conçus par la Quintinie. Il est amusant s’apprendre qu’il y avait à l’époque des lits dorés dans les pièces voisines de manière à ce que les invités puissent s’y reposer.Voilà pourquoi les plafonds de ces deux cabinets flanquant la rotonde centrale représentent Vertumne et Pomone (déesse des vergers) et Flore et Zéphyr en allusion à la cinquième Grande Nuit de Sceaux puisque les deux personnages posent la main sur le livre des fêtes que la cour de la duchesse du Maine organisa en ces lieux. Elles ont été réalisées par Nicolas Delobel.
Concentrons-nous sur la coupole qui représente un décor à la fois allégorique et mythologique, en rapport bien entendu avec Colbert, et qui n'est pas une fresque mais une peinture à l’huile.
Avant Jules César on disait Galliae pour désigner les Gaules. Voulant limiter les ambitions romaines des Pyrénées au Rhin, l’empereur inventa Gallia, la Gaule en tant que telle, et au singulier en l’enfermant dans des frontières prétendues naturelles alors que les Romains s’amusaient de la formule "Gallus Gallus" signifiant "un Gaulois de Gaule", mais aussi "un coq gaulois !" alors que rien ne pouvait expliquer pourquoi faire allusion au volatile. Toujours est-il qu’il devint l’emblème de la Gaule, puis de la France.
On reconnaît la Vierge assoupie en bas à son voile blanc, proche du Lion de l’été, avec sous sa patte l’écrevisse représentant le Cancer. La mère nourricière est représentée à sa droite, puis une tête de vautour derrière l’autruche.
Et voici la nuit, avec la figure de Diane, soeur jumelle d’Appolon, devant le disque de la lune, avec le repentir du peintre. Les ailes de la chauve-souris forment un voile sombre autour de la nuit. Elles évoquent les monstres des cauchemars. La lutte entre le bien et le mal est représentée en plusieurs endroits du domaine. Avec sur la terrasse, un dragon avec un homme à tête de licorne, et ailleurs un loup vaincu par des chiens.
Les Gémeaux sont représentés par un cavalier rouge et jaune avec ses demi-frères Castor et Pollux, fils de Léda et de Zeus.
Bacchus le dieu des vendanges, annonce l’automne. Il est accompagné par Cilène assoupie et deux panthères qui témoignent des effets négatifs de l’alcool. On remarque le Scorpion sur le bras du satyre et le centaure Sagittaire derrière Bacchus.
L'Aurore est surmontée du Point du Jour (Lucifer ou Phosphorus qui est le fils d'Apollon et qui porte la lumière) à côté du signe zodiacal de la Balance, censée être l’équinoxe, entre jour et nuit, et au milieu de la route du soleil qui, je le rappelle est le roi Louis XIV.
La Vierge est la saison de l’été et joue donc deux rôles. La Terre (la Nature), personnifiée par une femme appuyée sur une urne, fait jaillir le lait de son sein, en même temps qu'elle se débarrasse de son manteau, et quantité d'oiseaux se répandent dans les airs.
Pour exécuter une telle œuvre, Charles Le Brun a utilisé trois techniques. Celle du poncif (une poudre de charbon permettant une sorte de décalque), des dessins à la pierre noire avec des rehauts, et enfin des toiles marouflées en atelier, qu’il fit ensuite fixer par des petites semences (des clous). Il a recyclé un certain nombre de projets destinés au salon de Vaux-le-Vicomte et qui n’avaient pas abouti. Au nombre de onze, ces toiles ne représentent que 3% de la coupole.
Une première restauration fut entreprise en 1876-77, après la guerre, avec des repeints assez conséquents. La dernière fut entreprise fin 90, début 2000.
Pavillon de l’Aurore - Domaine de Sceaux Ouvert les après-midis du samedi au dimancheParc en accès libre tous les jours** *En cliquant sur les images ci-dessous vous aboutirez à l'article concernant les autres expositions visitables dans le Domaine de Sceaux, notamment Allegoria, les clés de la symbolique baroque dans les anciennes Écuries du 15 septembre 2023 au 17 mars 2024. Les liens seront ajoutés au fur et à mesure de la rédaction des articles.