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Trois Poèmes de Srecko Kosovel

Par Etcetera
Trois Poèmes Srecko Kosovel

Les années précédentes, au mois de mars, se tenait Le Mois de l’Europe de l’Est dont vous vous souvenez peut-être. Ce défi de lecture n’a plus cours à partir de 2024 mais j’avais planifié des articles très longtemps en avance, sans prévoir cette cessation d’activité. Je conserve tout de même ces chroniques car j’ai apprécié ces lectures qui ont élargi mes horizons habituels.

Je vous parlerai du poète slovène Srecko Kosovel dont j’ai trouvé le recueil « Ouvert » par hasard chez Gibert.
Ne connaissant rien à la poésie ou à la littérature slovènes, j’étais contente de cette première approche, et ce poète m’a semblé à la fois tourmenté, idéaliste par ses idées et moderne par son style.

Note Pratique sur le Livre

Editeur : Editions franco-slovènes
Année de publication : (en français) 2022
Traduit du slovène par Zdenka Stimac
Note Biographique sur le poète

Srecko Kosovel est né le 18 mars 1904 à Sezana, en Slovénie. Il passe son enfance et ses années d’école primaire à Tomaj. Puis il entre au lycée à Ljubljana, en pleine Première Guerre Mondiale. En 1922, il s’inscrit à la faculté de lettres et de sciences humaines. Dans le même temps, il participe activement à la publication de différents journaux et revues. En 1922 toujours, il édite le mensuel Lepa Vida (« Vida la belle ») et, à l’automne 1925, prend la direction du magazine Mladina (« Jeunesse »). Un an avant sa mort, il multiplie les récitals et les conférences. Dans ses oeuvres, il emprunte une voie plus radicale et plus moderne. Il aime revenir à Tomaj, dans le Karst, région isolée et rocailleuse, mélancolique, qui l’aide à apaiser son agitation intérieure et où il meurt, le 27 mai 1926, à l’âge de 22 ans, des suites d’une méningite.
(Source : éditeur)

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Poème du Chaos

Parce que nous vivons dans le chaos,
nous aspirons à la solitude.

Les manifestations dans les rues
sont comme les mots sauvages
des sourds-muets.

Nous n’entendons pas
nos propres paroles
et c’est notre désespoir.
Mais lui voit
notre vide
et va nous sauver.

Parce que nous vivons dans le chaos
nous aspirons à la solitude.

*

Pour soi

Qui s’intéresse, poète, à tes rêves,
A tes quêtes et à tes découvertes ?
Le monde est à la recherche d’argent… d’or…
et comme un chien courbe la tête vers le sol.

Et comme un chien il renifle l’argent,
l’argent est son dieu, l’argent est son tsar,
il renifle l’argent et le suit,
et il est esclave de sa passion.

Seuls quelques uns ne sont pas ainsi,
seuls quelques uns restent debout,
qui éprouvent la dignité de l’homme.
Qu’ils meurent, qu’on les persécute,
qu’ils souffrent de la faim, qu’on les enferme,
vie et mort est dans leurs yeux.

*

Rythmes tranchants

Je suis l’arc brisé
d’un certain cercle.
Et je suis la figure cassée
d’une certaine statue.
Et l’opinion tue
de quelqu’un.
Je suis la force que le
tranchant a fendue.
Comme si je marchais
sur des axes,
ta tranquille présence
m’est toujours plus pénible.

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