Maison & Objet est un salon immense, où, malgré des efforts de signalétique figurant au sol, on ne fait que s'égarer. Il suffit de rentrer sur un de ces grands stands ouverts sur leur quatre côtés pour en sortir à l'opposé sans y prendre garde et du coup, perdre le fil du trajet qu'on avait repéré.
Il faudrait inventer une sorte de Citymapper du salon qui flécherait le parcours pour qu'on ne manque aucune des étapes qu'on s'est juré de faire.
Malgré tout ce rendez-vous que 'on nous promet avec le futur est un véritable pont avec le passé dont il semble le gardien et c'est toujours un immense plaisir d'aller à la rencontre des tendances en sachant que l'on ne perdra pas le contact avec les valeurs éternelles de notre patrimoine comme par exemple le verrier Baccarat qui proposait une expérience immersive dans leur manufacture pour restituer la magie du savoir-faire humain à travers un voyage poétique à la faveur d'une nuit étoilée où le cristal et les constellations s'accordent.
Ostrea est une entreprise fondée par quatre entrepreneurs bretons choqués d'apprendre que l'ostréiculture génère annuellement 250 000 tonnes de déchets coquillers dont 95% terminent en Zone d'enfouissement technique, faute de recyclage. Ils ont mis au point un matériau bas carbone et bien entendu 100% français à partir de déchets d'huitres, de moules et de coquilles Saint-Jacques en démontrant que c'est une véritable ressource ayant des qualités esthétiques et techniques.Après nettoyage ils sont transformés en paillettes et assemblés avec une matrice minérale bas-carbone qui n'utilise aucune résine ni élément pétro-sourcé. L'Ostrea est composé de 65% de coquillages, produit à Rennes en circuit court, peu énergivore et sans cuisson. Il est personnalisable grâce à l’ajout de pigments naturels. Les plaques sont au final similaires à du marbre. Ce sont des marbriers qui en font des plateaux de mobilier ou de plans de travail. Le matériau étant inerte, il peut ensuite être recyclé totalement dans la filière gravat.
Bien que la couleur soit vraiment très présente dans les allées, peut-être pour contrebalancer l'ambiance actuelle de crise, on constate que certains, comme Le Jacquard Français, si connu depuis 1888 pour ses coloris éclatants, ont fait le choix des pastels pour lancer sa toute première collection de linge de lit.
Voilà une véritable opportunité de contribuer à la préservation de notre environnement en permettant non seulement de sauvegarder les matières premières et l'énergie mais aussi en proposant des options économiques et respectueuses de l'environnement en évitant de jeter des tissus encore en parfait état. Je précise que chaque pièce est soigneusement contrôlée par le service Qualité, nettoyée, repassée et réemballée avec soin.
Du papier peint au tissu il n'y a qu'un pas. je ne pouvais pas être insensible au catalogue de Charles Burger. Spécialiste en étoffes pour ameublement et reproductions d’ancien. Nous avons eu une discussion passionnante qui m’a appris que plusieurs rouleaux de la manufacture d'Oberkampf étaient encore en état chez plusieurs tapissiers.
L’entreprise suisse a développé une innovation dans le domaine du « parfum d'ambiance intelligent » intégré dans une prise. Le diffuseur est installé dans le mur et équipé d'onglets de parfum d'ambiance haut de gamme, similaires au système de capsules de café. La solution est contrôlée via un appareil intelligent ou via un tableau de bord / PMS - à tout moment, simple et efficace. La solution parfaite pour les projets sur mesure, que ce soit dans le secteur de l'hôtellerie, du résidentiel, du commerce de détail, du bureau ou de la réception tout en passant inaperçu.
Cela peut sembler paradoxal mais en essorant systématiquement moins fort (maximum 600 tours minute) on conserve une humidité suffisante pour qu'au séchage le linge soit tendu par son poids et n'ait pas besoin de repassage (triple avantage) et de plus il s'usera moins vite. L'idéal est de suspendre ensuite sur cintres pour les robes et chemises et avec pinces-jupes pour les pantalons, les serviettes de bain et les taies d'oreillers. Si je suis pressée je retourne le linge de bas en haut puis de haut en bas une heure plus tard, ce qui accélère le séchage.
Revenons aux arts de la table, qui sont un des axes forts de Maison & objet. Plus haut j'avais cité Serax, que je retrouve chaque fois avec grand intérêt. Voici quelques-unes de leurs harmonies :
Et puis, qui dit table dit chaise. Depuis 1885 L. Drucker labellisée désormais "Entreprise du Patrimoine Vivant" fournit les bistrots comme à Trouville, 160 Boulevard Fernand Moureaux, le cadre Art Déco des Vapeurs qu'aimait tant Marguerite Duras. A Paris ce sont les fauteuils rouges et bleus du Café français, 1-3 Place de la Bastille, 75004, mais aussi la salle Belle Epoque du Pied de Cochon, 6 Rue Coquillière, 75001, et encore Les Deux Magots, 6 Place Saint-Germain des Prés, 75006, le 5 étoiles Prince de Galles, 33 Avenue George V, 75008.
J’ai été heureuse d'apprendre que le café-restaurant avec terrasse, La Conspiracion de 1908 (Calle Allende 209, Centro, Mexico, Mexique) figure parmi les clients. Réputé pour son histoire littéraire, l'établissement sert une cuisine française créative.
Maison Louis Drucker, fondée en 1885 par Louis Drucker, né en Pologne en 1864, est la plus ancienne fabrique artisanale de sièges en rotin française et le savoir-faire s’y est transmis de génération en génération.
Dès 1865 sa famille quitte la Pologne fuyant le climat de terreur et d’intolérance imposé par la Russie à la suite de l’insurrection de janvier 1863. En même temps que dix mille autres polonais, la famille s’installe en France d’abord en Alsace puis à Paris. Louis apprend le métier de rotinier à Lyon puis complète sa formation par celle de bamboutier. Après avoir acquis la nationalité française, il décide de s’installer à son compte et ouvre en 1885, avec un des apprentis de la Maison Martiné où il a appris le métier, un atelier minuscule de 24 mètres carrés au 180 de la rue des Pyrénées dans le XXème.
Les récompenses viendront couronner la qualité des créations. Bientôt la femme de Louis l’aide et apporte son talent artistique en coloriant à l’aquarelle les planches de croquis donnant à chacune des créations un ton unique. En 1919, le premier catalogue est lancé. Les commandes affluent. L’atelier déménage dans l’Oise à Béthisy-Saint-Martin, les bureaux restent à Paris.
Dans les années 1920, l’industrie du rotin est à son apogée. Malgré la concurrence, Maison Louis Drucker se distingue par sa production toujours qualitative, son goût pour la couleur, essentielle dans la diversification et la sophistication des modèles. Le jacquard de ses cannages est réalisé par de véritables artistes, des femmes en majorité, qui allient prouesses techniques et talent artistique.
Le rotin devient un matériau de prédilection pour concevoir toute sorte de mobilier : lampadaires, miroirs, porte revues, porte parapluie, meuble de vestibule, lits, têtes de lit… Dans les années 1930, le mobilier en rotin est frappé de plein fouet par la crise consécutive au krach boursier de 1929. Maison Louis Drucker est une des rares manufactures à résister. À la veille de la Seconde Guerre mondiale, elle réalise 80% des meubles en rotin sur le marché. Maurice Drucker, le petit-fils de Louis Drucker et dernier Drucker à diriger l’entreprise s’éteint en 1979. Maison Louis Drucker passe alors dans de nouvelles mains et se développe notamment pour le mobilier de restauration. La CHAISE DE BISTROT PARISIEN devient la chaise Drucker.
En 1991, le contexte économique maussade consécutif à la guerre du Golfe entraîne une chute de la production. Débute alors une période difficile pour Drucker jusqu’à son redressement judiciaire en 2005. Ayant travaillé auparavant dans le secteur industriel, Bruno Dubois tombe sous le charme de cette entreprise qu’il rachète en 2006. Après cette reprise en main ferme et courageuse, l’entreprise refait surface et commence à regagner des parts de marché. Son fils, Diego Dubois, son diplôme d’HEC en poche, ignorant les sirènes rémunératrices du conseil, préfère rejoindre Maison Louis Drucker et son père. Volontaire et persévérant, il mettra en place dans l’entreprise tous les outils modernes de gestion dans tous les secteurs avec succès puisque le mobilier de Maison Louis Drucker est aujourd’hui présent dans plus de 80 pays dans le monde.
Aujourd’hui les plus grands décorateurs de toutes nationalités s’emparent de leurs produits aussi pour l’usage des particuliers, équiper vérandas et jardins d’hiver, habiller les cuisines. De nouveaux modèles sont périodiquement conçus par ces grands designers : Stark, Peter Marino, India Mahdavi,… et réalisés par L.Drucker qui s’inspire aussi de ses archives pour réinterpréter les plus belles créations.
Avec sa structure en rotin habillée d’un cannage aux couleurs vives, la chaise Drucker est devenue en un peu plus d’un siècle une icône parisienne. Un summum de confort, d’esthétique, de légèreté et de solidité. À la fois ludique, joviale et lumineuse. qui est indissociable de l’image de marque et de la personnalité des plus prestigieux établissements.
La fabrication d’une chaise en rotin ou en aluminium repose essentiellement sur le travail de trois artisans : le rotinier qui monte la structure de la chaise, l’ébéniste qui réalise le châssis de l’assise en bois, et les canneurs, le plus souvent des canneuses, qui interviennent ensuite pour garnir le meuble.
C’est une démarche complexe nécessitant pour certaines tâches des années d’apprentissage, en particulier le cannage, ou tissage. Tout est fait à la main, d’autant que le rotin étant un matériau "vivant" et non régulier, il n’est possible de le travailler que par des méthodes artisanales.
Le cannage ou tissage de lame de rotin naturel, ou de fibres de Rilsan ou Raucord est un savoir-faire ancestral qui s’apparente à la vannerie. C’est une sorte de tressage destiné à garnir les assises, les dossiers, les accoudoirs, les têtes de lits ou tout autre mobilier. C’est un travail qui demande beaucoup de soin et de dextérité surtout quand les cannages sont sophistiqués. Le cannage d’une chaise, peut nécessiter entre trois et trente heures de travail selon la complexité du jacquard et le nombre de brins de couleurs à tisser. Le travail se fait brin par brin, chacun étant agrafé, tendu et agrafé à nouveau sur le dossier ou le châssis tout en créant le motif choisi. La tension ne doit être ni trop serré, le brin risquant alors de lâcher, ni trop souple. Sur les structures en aluminium, les brins ne sont pas agrafés mais noués de manière invisible, selon une technique difficile et très raffinée, parfaitement maîtrisée.
Le rotin est une liane fibreuse et siliceuse qui pousse à l’ombre des arbres dans les terrains humides des jungles tropicales particulièrement en Indonésie, Philippines, Malaisie, etc. Il arrive en Europe au XVIème siècle dans les cales des navires hollandais, portugais et anglais. Les fagots de perches de rotin servaient à bloquer les précieuses marchandises rapportées de ces pays lointains. Une fois les marchandises dispersées, le rotin était abandonné sur les quais. Très vite quelqu’un s’avisa de l’utiliser pour fabriquer des meubles, à l’époque très bon marché d’où l’expression "ça ne vaut pas un rotin". Il est intéressant d'apprendre que la culture de cette liane nécessite la préservation des arbres sur lesquels elle grimpe, son exploitation est un élément important de la conservation des forêts.
Les sièges en structure rotin sont bâtis autour d’une assise en bois de hêtre, ou dans les meilleurs bois exotiques teck ou bankirai, utilisés en particulier pour les banquettes. Comme ce doit être passionnant de visiter les unités de fabrication !
Sensible à la pénurie annoncée de rotin, et désireux de maintenir l’image plus que centenaire de la Chaise de bistrot parisien tout en offrant à ses clients des produits alliant esthétisme, confort, durabilité, Maison Louis Drucker a choisi l’aluminium comme matière alternative. Les tubes d’aluminium sont presque aussi légers que le rotin et se courbent et se cintrent de façon semblable. Maison Louis Drucker a mis au point une peinture epoxy aux couleurs identiques à celles du rotin. Les techniques de tissage sont différentes mais parfaitement maîtrisées par nos merveilleuses tisseuses. Pratiquement tout le mobilier de Maison Louis Drucker peut se décliner avec des structures soit en rotin, soit métalliques. Les professionnels de la décoration s’y trompent.
Maison Louis Drucker fait fabriquer "sur-mesure" la plupart des composants métalliques qui sont utilisés, pour maîtriser les qualités requises, y compris vis et clous, agrafes…et évidemment la "médaille" en laiton matricée Maison Louis Drucker directement fixée au dos de chacun des mobiliers fabriqués.
À l’origine, le tissage se faisait essentiellement en lames de rotin naturelles, ou éclisses de rotin. Celles-ci sont toujours occasionnellement utilisées de nos jours pour leur côté naturel si prisé. Elles ont été largement remplacées par les fibres synthétiques Rilsan et Raucord beaucoup plus solides, résistantes aux UV comme aux intempéries et offrant notamment un très large choix de couleurs si propice à la création d’une infinité de jacquards.
Le Rilsan est un polyamide "naturel" obtenu à partir de l’huile de Ricin qui est traditionnellement préféré pour l’extérieur. Sa souplesse est remarquablement durable : il ne perd pas son élasticité, même après de nombreuses années d’utilisation intensive. Il est résistants aux ultraviolets et ne chauffe pas au soleil. Et puis il est résistant aux insectes, termites, champignons, moisissures. Sa brillance perdure dans le temps et il ne nécessite aucun entretien particulier. De plus il est 100% français dont le seul fabricant au monde est la société française Arkema. Le nuancier de Rilsan compte une trentaine de couleurs.
Le Raucord de la famille des PEHD, est au contraire satiné. Il est souvent préféré pour l’intérieur même s’il est parfaitement adapté pour les usages en extérieur et d’une résistance comparable au Rilsan dans le temps. Le Raucord est l’alternative, choisie en fonction de considérations avant tout esthétiques pour les usages où la brillance n’est pas souhaitée. Il se décline en une vingtaine de couleurs spécifiques. C’est un plastique fabriqué par la société allemande Rehau, leader mondial des plastiques de haute technicité.
J'ai été amusée -comme beaucoup- par la présence de ces fauteuils AP collection, que j'avais déjà remarqués lors d'une précédente édition. Les deux lettres sont les initiales des prénoms d'Alexis Verstraeten et de Pauline Montironi, qui ont entretenu longtemps leur histoire d'amour à longue distance en s'envoyant régulièrement des peluches en guise de petite attention malgré les quelques centaines de kilomètres qui les séparaient.
La maison de parfum Baobab était présente sur un stand immense, forcément attirant. La petite équipe belge qui est aux commandes affirme une passion à 150%. Il y a une collection permanente (dont le best-seller ultime est Blackbirds) et deux autres, chaque année, une hiver, une été.
Pour le Printemps-Eté 2024, l'inspiration est clairement aborigène mais les senteurs demeurent florale, cuivrées, héspéridées, susceptibles de plaire à une large clientèle. On voit ci-dessus la série limitée Doany composée de 4 bougies parfumées recouvertes de raphia crocheté à la main à Madagascar dans une coopérative de femmes. Ce sont de gauche à droite Ikalay (vétiver, fleur de sel est ambre), Alasora et Ilafy (orchidée, fleur de sel, Ylang yang) et Antongana (menthe, vétiver, Ylang ylang).
Attirée par les portants (je vais copier l'idée de suspendre les écharpes en les glissant dans une boucle qui elle-même se ferme sur un rondin par un scratch) j'ai tendu la main et ai été immédiatement convaincue par la douceur de l'étoffe.
On m'a expliqué qu'en Inde il existe une véritable culture de l’écharpe. Elle est quotidienne, elle réchauffe ou rafraîchit, elle est précieuse. C’est pourquoi sa fabrication y fait l’objet de tant d’attentions. Les techniques de teinture des fils, de tissage, et d’impression se transmettent de générations en générations.
Je ne peux que souscrire à la promesse que derrière une écharpe Moismont, on s’abrite, on se réchauffe, on pleure, on rit, on vit, comme derrière les murs d’une maison de famille.
L’intention de Soruka est également louable. L’entreprise espagnole tire partie des déchets et restes de cuir pour concevoir des sacs, portefeuilles et chaussures multicolores qui m’ont tapés dans l’œil, et pour cause car j'ai même cru reconnaitre une paire de sandales m'appartenant. Ce sont tous des pièces uniques, et fabriquées à la main.
J’avoue que je suis pas consommatrice de sucettes mais je salue l’absence d’arômes et de colorants artificiels et j’adore la poésie de leur base-Line : c’est si bon d’être dans la lune !
J’ai aimé les bonbons fabriqués en France pour à la fois inciter à la rêverie et stimuler l’imagination des petits comme des grands. Joliment nommés Il était une fois (aux formes amusantes inspirées de l’univers fantastique), La Grande Ourse (en sachets de quatre parfums) et Cumulo nimbus (moelleux comme des nuages).
En conclusion Maison & objet est un salon complet où il faudrait être difficile pour ne pas faire d’heureuses découvertes. S’il s’adresse particulièrement aux professionnels il y a de quoi concerner malgré tout un très large public, surtout si on est féru de décoration et de beaux objets.
Les prochaines éditions auront lieu du 5 au 9 septembre 2024 puis du 16 au 20 janvier 2025. Je vous conseille de préparer d’ores et déjà votre visite.