Selon des témoignages recueillis par Florence Aubenas, envoyée spéciale du Nouvel Observateur, les militaires français auraient pu être trahis par des Afghans avec qui ils travaillaient.
Peut-on dire que les soldats tués ou blessés dans l'embuscade étaient mal préparés ?- Il s'agit de l'élite de l'armée française. Le 8e RPIMa est l'un des régiments les plus prestigieux. Rien ne permet de dire qu'ils étaient mal préparés. Ce dont il faut bien se rendre compte, c'est que nous n'avons pas une armée de guerre. C'est paradoxal mais la guerre n'est plus une des missions majeures de l'armée. Depuis la professionnalisation de l'armée, la France ne connait pas la guerre. Ce qui est certain c'est que si le 8e RPIMa n'est pas bien préparé, personne ne l'est.
En France, on s'est créé tout un imaginaire autour des soldats de 20 ans, "Avoir 20 ans dans les Aurès"… A la différence de cette époque là, où les soldats étaient envoyés malgré eux dans les conflits armés, aujourd'hui, on a une armée professionnelle.
Une erreur de commandement pourrait-elle être une des causes du bilan tragique ? Que pensez-vous de la thèse selon laquelle, parmi les 10 soldats français tués et les 21 blessés, certains pourraient avoir été victimes de frappes aériennes de l'Otan ?
- Je ne sais pas si c'est une erreur de commandement. En Afghanistan, les Français étaient partisans de faire une armée de patrouille, proche de l'homme et des civils. L'armée française s'est attachée à cela. Les soldats sont tombés dans l'embuscade car ils étaient à pied. Jusqu'à présent, l'armée française a décrit cette stratégie comme sa force mais aujourd'hui, les insurgés ont profité de cette manière de faire.
Je ne pense pas que les militaires ont été victimes de frappes aériennes de l'Otan mais il faudra une enquête pour le déterminer avec certitude. J'étais à Kaboul, j'ai parlé avec beaucoup de soldats de plusieurs régiments, et ce n'est pas quelque chose qui m'a été raconté. Je n'ai aucun élément pour appuyer cette thèse, mais ça ne veut pas dire qu'elle est fausse. Le problème que les militaires ont eu avec l'aviation, c'est qu'elle n'a pas pu fonctionner, les soldats étaient trop près des insurgés.
Comment peut-on expliquer, alors, l'embuscade ?
- De nombreux soldats français, m'ont dit que l'embuscade a été préparée et qu'ils ont été trahis par des Afghans, avec qui ils travaillaient. Les villages semblaient avoir également fourni des informations sur leurs faits et gestes. Les soldats pensaient être dans un environnement sûr, et en réalité ça n'était pas le cas. Ils sont tous très amers autour de cette question. "On a été trahis, on est tombé dans une piège", m'ont-ils dit.
Interview de Florence Aubenas, par Emilie Jardin
(le jeudi 21 août 2008)
LES COMMENTAIRES (1)
posté le 04 septembre à 15:31
L'espionnage est une nécessité dans une guerre, connaître des informations sur l'ennemi, c'est mieux appréhender la situation pour remporter des victoires.
hermes001.skyrock.com