Et pour ce faire, il a fallu passer en revue 1.800 cartels accompagnant les tableaux et 27.000 textes de la page web du musée qui auraient pu comporter des mots désobligeants contrevenant à ladite loi. C’est ainsi que les termes handicapé, difforme, nain, épouse de ou encore obèse, ont disparu du vocabulaire du musée. A la cour des rois espagnols de la maison de Habsbourg il y avait de nombreux nains et bouffons que l’on connaît par leur nom ou leur surnom et dont le portrait a été réalisé par les plus grands peintres des XVIe et XVIIe siècles, principalement Diego Velázquez. Depuis toujours le bouffon El Primo était décrit ainsi "Le portrait assis, avec les jambes face au spectateur, souligne la petite taille du personnage". On a supprimé tout simplement la description. Le Portrait du prince Don Carlos par Alonso Sánchez Coello indiquait que l’attitude et le vêtement de l'infant "cachent la déformation du dos". Corrigé, cela devient "cachent le dos". Cependant la notice mentionne que le prince avait "de graves handicaps physiques et psychologiques qui pourraient être dus à la consanguinité de ses parents"...
Bouffon est un mot fort utile et puisque le nain était souvent un bouffon, seul ce dernier mot subsiste.
C’est Víctor Manuel Cageao Santacruz, directeur de la conservation du musée qui a fait rechercher des synonymes aux termes bannis. Il a déclaré "Le Prado est convaincu de la nécessité de s’adapter à son époque, de respecter chacun. Il ne s’agit pas de politique, mais de terminologie, de linguistique et de respect de tous". Il précise néanmoins que le musée ne change pas le titre d’une oeuvre qui a été donné par l'artiste. “De cette manière, nous nous adaptons à la sensibilité sociale sans altérer la valeur historique des pièces ni la valeur descriptive des textes”.
Ces changements sont paraît-il bien acceptés par les visiteurs du musée. Après avoir visionné en avant-première "Les Ménines" l’une des œuvres les plus célèbres de Velázquez, une stagiaire a dit que les changements étaient positifs et elle a ajouté "C’est un progrès, dans le sens de l’égalité et que chacun doit être valorisé".
Le Congreso de los Diputados, l’Assemblée nationale espagnole, a voté le jeudi 18 janvier dernier un amendement à l’article 49 de la Constitution de 1978, afin de supprimer le terme "handicapé" et de le remplacer par "personne handicapée". Les personnes handicapées demandaient depuis longtemps ce changement de terminologie.
L’amendement a été soutenu par le parti socialiste au pouvoir et le parti populaire conservateur d’opposition ainsi que par tous les autres petits partis à l’exception du parti d’extrême droite Vox. Il a été adopté par 312 voix contre 32. L’amendement à l’article 49 ajoute également que “les administrations publiques poursuivront des politiques qui garantissent la pleine autonomie et l’inclusion sociale des personnes handicapées”.
Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur
La Journée internationale des personnes handicapées a eu lieu hier. Cette journée est destinée à sensibiliser le public aux problèmes que rencontrent les personnes en situation de handicap et à promouvoir leur inclusion dans tous les domaines de la...
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