Printemps, été, automne, hiver : la trajectoire des âges, longtemps comparée au rythme des saisons, semble brouillée. On voudrait rester jeune toujours plus longtemps, devenir mature toujours plus tôt, garder la fraîcheur de l'enfance tout en jouissant de la plénitude de l'âge adulte.
Cependant, la réalité de la vie des séniors est bien souvent plus complexe et mouvementée que cette image idyllique. Les années de retraite peuvent être parsemées d'obstacles et de défis qui conduisent à une véritable crise existentielle
La vie d'un sénior n'est pas un long fleuve tranquille, elle oblige à traverser des eaux tumultueuses. Pareille crise du sens de notre vie peut surgir à tout moment, en particulier à certaines périodes de transition (changement de travail, chômage, retraite, problèmes avec un enfant ou départ des enfants, décès d'un être cher...)
Il s'agit d'une véritable crise existentielle. En entrant dans la vie active, la personne s'est engagée dans la vie professionnelle et familiale sans se poser trop de questions ; elle a été portée par son appétit de vivre, son projet et par la dynamique de sa profession, de sa famille ou de ses engagements culturels.
Maintenant, elle prend conscience qu'elle n'a pas complètement réalisé l'idéal visé. Elle perd ses illusions. Face aux imperfections, aux échecs, ou aux simples limites des rôles qu'elle a pu jouer (à la maison, au travail, dans la communauté...).
Face à l'usure du temps, elle est amenée à douter d'elle-même. Elle se pose des questions sur les valeurs initiales ; elle peut les remettre en doute radicalement. On se sent fragile ; et de fait, on est vulnérable à toutes sortes de fantasmes, de fuites et de démissions. On compense par des addictions (tabac, psychotropes, boissons et autres). On cherche à contrôler l'avenir en se raccrochant à la divination (religion, astrologie, voyance...).
On se rassure comme on peut sur sa jeunesse et sa capacité de séduire et on s'imagine pouvoir recommencer sa vie ; c'est l'époque des liaisons amoureuses infidèles qui peuvent aller jusqu'à l'abandon de la famille déjà fondée. Le défi est d'accepter ces limites, et de s'adapter aux nouvelles conditions de sa vie.
C'est aussi une opportunité pour grandir dans la confiance en acceptant de nous aimer nous-mêmes et les autres avec nos manques et nos pauvretés, nos échecs. Perdant nos repères et nos sécurités habituels, nous devons lâcher prise un peu plus. Il s'agit peut-être de trouver un nouvel équilibre entre le souci de soi et le don aux autres.