Cet album a pas mal circulé dans la blogosphère littéraire à sa sortie, il y a quelques années. Quand je l’ai croisé, lors d’un désherbage de ma bibliothèque, je n’ai pas pu résister. Déjà, cette couverture est d’une force, je trouve, à la fois inquiétante et intrigante… En réalité, l’image de la couverture est la reproduction d’une photo, complète celle-ci, qui fascine beaucoup la petite Agathe dans sa jeunesse. Elle ne peut s’empêcher d’être jalouse que son frère la possède sur sa table de chevet. Nous sommes dans les années cinquante et la mère qui est représentée là, tenant son frère ainé sur les genoux, n’est pas vraiment celle qu’elle connaît. Sa mère est dure avec sa fille, qu’elle néglige, et semble n’aimer réellement que ses frères, l’ainé né d’un précédent mariage, et le plus jeune. Elle, elle est le résultat d’un retour de guerre décevant. A l’adolescence, la rupture aura lieu, trop forte pour avoir des réponses, expliquant ce désamour. Ce n’est que plus tard que les révélations arriveront, que des secrets de famille seront dévoilés. Agathe en profite pour écrire des lettres à sa mère, des lettres qui ne seront jamais lues… Je suis vraiment très heureuse d’avoir fait l’acquisition de cette BD dont j’ai tout aimé, le trait gras, les couleurs chaudes, la composition, le sujet. J’ai pensé à Annie Ernaux, au silence et à la difficulté d’être une jeune femme avec des envies d’émancipation dans ces années là. Agathe ne comprend pas le rejet dont elle est objet, sans se douter de la part d’humanité que cache sa mère. Elle ira chercher l’affection ailleurs. Pour découvrir ce très bel album, il faut savoir dépasser cette couverture sombre et aller chercher de la couleur à l’intérieur.
Editions Delcourt – mars 2008
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…
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