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À l'heure où on nous parle d'un "big four" du circuit WTA composé d'Iga Swiatek, Aryna Sabalenka, Coco Gauff et Elena Rybakina, le tournoi de Dubaï, qui s'est achevé samedi par un événement impensable, la victoire de Jasmine Paolini sur Anna Kalinskaya en finale, est venu nous rappeler à quel point le tennis féminin est ancré dans une imprévisibilité dont nous ne sommes sans doute qu'aux prémices.Vous avez dit "big four" ? Où ça ? Où était-il le "Big Four" à Dubaï ? Entre l'élimination précoce d'Aryna Sabalenka, sortie du tournoi aussi vite qu'elle y est entrée, Coco Gauff renversée en quarts de finales, Elena Rybakina malade (pour changer) et Iga Swiatek retombant dans ses travers de l'Open d'Australie alors qu'elle paraissait de nouveau inoxydable après sa démonstration de force à Doha, on ne peut pas dire que la soit disant élite de la WTA ait brillé dans la grande mégapole des Émirats. En y réfléchissant bien, même s'il aurait fallu sans doute disposer du célèbre almanach de Marty McFly dans "Retour vers le futur" pour prédire une finale entre Jasmine Paolini et Anna Kalinskaya, cet écroulement des favorites est-il aussi surprenant ? Non car, après tout, il suit une forme de logique répétitive puisant sa source depuis que le tennis n'a plus vraiment de patronne (depuis Serena ?) et dont les conséquences sismiques se font encore ressentir aujourd'hui, avec comme exemple le plus parlant l'Open d'Australie complètement fou qui a eu lieu en janvier dernier.Bien sûr, il n'est pas question de remettre en cause les qualités et le talent indéniables de celles qui occupent les quatre premières places du classement WTA à l'heure où nous parlons. Ce serait tirer un trait sur le second sacre à l'Open d'Australie de Sabalenka, le remarquable début de saison de Rybakina, déjà victorieuse de deux WTA 500, le formidable US Open de Coco Gauff l'année dernière, sans oublier les quatre majeurs remportés par Iga Swiatek qui demeure une incontestable numéro une mondiale même si son rang de patronne de la discipline est encore une fois remis en cause après sa grosse déconvenue contre Kalinskaya à Dubaï en demi-finales. Néanmoins, le constat s'impose : la pesante improbabilité d'un circuit éprouvant toutes les peines du monde à trouver sa nouvelle Serena, ou sa nouvelle Steffi, provoque une suite d'événements déroutants qui nous amènent à ce que nous avons pu observer à Dubaï, à savoir une déconfiture des favorites au profit de joueuses qui sont dans l'élan du moment. Paolini et Kalinskaya, dont les progrès ont été assez fulgurants ces derniers mois, constituent deux exemples parfaits de ce scénario imprévisible, parmi tant d'autres joueuses. Ainsi, de l'autre côté du globe, alors que le rideau se refermait sur Dubaï, McCartney Kessler remportait à Puerto Vallarta, au Mexique, le plus beau tournoi de sa jeune carrière alors qu'elle avait été repêchée des qualifications. Sa victoire fut d'autant plus surprenante que le tournoi comptait des joueuses d'expérience qui pouvaient largement prétendre au titre telles que Nuria Parrizas Diaz, Anna-Karolina Schmiedlova, Taylor Townsend ou Yanina Wickmayer. Devinez quoi... Schmiedlova et Wickmayer, respectivement têtes de série n°1 et 2 ont été éliminées dès le premier tour, si bien qu'au bout du compte, ce sont deux joueuses non têtes de série, la pré-citée Kessler et Taylah Preston, qui ont accédé à la finale.Y-a-t-il un sens à tout ça ? Chacun y va de sa petite explication : le rythme infernal du calendrier, la délicate gestion de la période post-Open d'Australie, les blessures, les virus, la gestion de la pression. Tout cela combiné donne en effet une mixture extrêmement difficile à attendrir. Cependant, tout le monde n'est-il pas logé à la même enseigne, que l'on soit numéro une mondiale, trentième, cinquantième ou soixante-quinzième ? Dans ces nombreux domaines, toutes les joueuses professionnelles sont à mettre sur un pied d'égalité quel que soit leur classement. Le problème est donc plus profond et demeure à ce jour insoluble de par le caractère très incertain du circuit WTA. Les parieurs n'ont pas fini de s'arracher les cheveux tandis que l'on se projette sans véritable repère vers les deux prochaines grandes échéances que sont Indian Wells et Miami. Quelque chose me dit que le grand cirque de la WTA ne fait que commencer...