Les racines, mots de la terre, écriture de l’arbre,
insistantes, envahissant le terrain jusqu’à former un tissu
qui présente le sous-sol à notre imagination comme le lieu d’une communauté où se développent des relations, des contacts, une culture.
(…)
La sculpture est un arbre déraciné, un arbre chimère.
Au sommet d’un monticule un chêne en bronze d’un diamètre de cinquante centimètres gît, déraciné.
La motte de l’arbre est soulevée, et les racines en l’air.
On peut lire dans leur entrelacement des lettres de l’alphabet :
les cinq voyelles, l’imprononçable nom de la divinité, les Voyelles de Rimbaud.
Le tronc, long de vingt, trente mètres, s’étend, parallèle à la pente du sol.
Cinq branches touchent la terre et tiennent soulevé le tronc.
Aux points où les branches sont en contact avec le sol,
cinq arbres sont nés, d’une autre essence que celle du
chêne, correspondant aux voyelles de l’alphabet des arbres.
(Giuseppe Penone, Respirer l’ombre, page 295 - Beaux-Arts de Paris éditions)