Ce livre d’Annie Le Brun rassemble plusieurs publications. On y trouve à plusieurs reprises le nom de Toyen dont les oeuvres ont plusieurs fois accompagné ses poèmes. L’oeuvre qui est reproduite ici s’intitule Au Château Lacoste, à quoi fait allusion Annie Le Brun vers la fin de ce livre. Mais c’est un autre poème, à la page 120, qui m’a rappelé le tableau de Toyen, vu en 2022 au Musée d’art moderne de Paris.
Le même sentier blanc, le même marcheur blanc disparaissent dans les veines du marbre de mes statues. La pierre blanche des après-midi métaphysiques est tombée dans la mare de mon adolescence. J’en ai gardé le goût des étendues interrogatives et des hordes de poussière blanche. Je me risquai sur le pourtour du foyer aveugle de mes années concentriques. Le mécanisme blanc des uniformes et des livrées scalpa jusqu’au souvenir des plus lointaines fileuses, captivement aux aguets sur la trame des jours. La bruine du temps et ses bêtes caverneuses remontaient lentement, des lambeaux d’écume dans la gueule, vers le rivage blanc où je m’écroulai.