Dans la maison comme dans la nature, la nouvelle saison s’annonce par un grand nettoyage, une régénération du corps et de l’esprit pour mieux accueillir la vitalité montante. Un coup de fraîcheur revigorant qu’il nous faut préparer. (Par Élisabeth Marshall)
On associe depuis toujours, et dans toutes les cultures du monde, le printemps à une forme de nettoyage et de régénération, de la nature comme de l’humain. La saison contient en germe un bouleversement et une vie à l’état brut qu’il nous faut être prêts à recevoir. Tandis que le ciel se lave à grandes eaux de soudaines giboulées, la tradition et le bon sens invitent l'humain à s’alléger par le jeûne et le repos digestif. À se libérer des « stocks » de l’hiver pour remettre son corps en mouvement et au jardin. Une invitation pour la médecine traditionnelle chinoise à nous « mettre au vert », et ce dans une merveilleuse synchronicité avec la nature : au moment où l’on s’attache par la verdure à régénérer le foie, les talus se couvrent de feuilles de pissenlits aux vertus nettoyantes.
L’élan des nouvelles énergies
Pour cette approche taoïste de santé, la saison printanière a débuté dès le mois de février, durant cet entre-deux où tout se met en branle, où les graines commencent à germer, les jours à rallonger. Le printemps nous fait entrer, bien avant le 21 mars, dans l’élan des nouvelles énergies et inspirations. Ne mésestimons pas dès lors l’effort d’adaptation que représente, pour le corps, ce passage vers la renaissance saisonnière, entre fatigue déprimante ou trop plein de tension et d’impatience. Et respirons ! Aérons nos intérieurs, au moins une heure chaque jour. Retrouvons le réflexe de grandes inspirations et expirations devant la fenêtre ouverte ou la pratique des « nettoyages de poumons », ces méthodes ancestrales de pranayama par lesquelles le yoga vise à réveiller notre énergie vitale et à éliminer ce qui nous encombre.
C’est là que mon ménage de printemps révèle aussi tous ses atouts. En substituant à la fatigue visuelle du désordre, de l’accumulation ou de la poussière, un intérieur frais lavé, des vitres de nouveau transparentes, des pièces dégagées où circule la lumière, je me redonne de l’élan et de la vitalité… à moi-même ainsi qu’à tous les visiteurs de la maison. Je me souviens que c’est dans cet esprit que le Japon – l’un des pays les plus propres au monde ! – entretient ses temples zen ou ses intérieurs. Ou que, dans un monastère de Bourgogne, les moniales marquent l’arrivée du printemps en ouvrant grand les voilages d’hiver qui occultaient les fenêtres de la chapelle.
Et il me plaît de déceler de subtiles mais constantes correspondances entre les traditions. De faire miens, en ces jours d’allègement du carême, les mots dansants du poète japonais Issa : « Rien qui m’appartienne sinon la paix du cœur et la fraîcheur de l’air. »
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source : La Vie
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