Le miroir de nuit - Ardell T. Hel

Par Melusine1701

1869. La jeune Antha et son cousin et tuteur Sebastian traversent la Roumanie un soir d'orage. Lorsqu'un accident survient, ils n'ont d'autre choix que de chercher refuge dans le château du comte Stanislas. Ce dernier les accueille, mais les sépare. Le lendemain, Sebastian se réveille à l'auberge du village, sans savoir comment il est arrivé là, ni où se trouve sa cousine. Pire encore: les villageois nourrissent une véritable terreur pour le comte et son château. Pour eux, Antha est perdue, victime du vampire qui occupe le château. Refusant de se résigner, Sebastian s'allie à une étrange medium pour soustraire Antha à son geôlier. Cependant, il ne lui a fait aucun mal. Tantôt terrifiant, tantôt prévenant, il cache une histoire qu'il faudra élucider pour tirer Antha de ses griffes.

Nous voici face à un petit roman gothique qui reprend tous les codes vampiriques classiques, dans un hommage très marqué à Dracula. L'exercice est réussi et on peut le saluer. L'ambiance est là. J'ai beaucoup aimé cette atmosphère de supersitition, de rumeur, de crainte générale et d'omerta, qui pousse l'inquiétante étrangeté jusqu'à l'absurde. Le château, en effet, semble inabordable, voire carrément disparaître, tant on cherche à occulter son existence. Le personnage de Sebastian est d'ailleurs sûrement celui qui m'a le plus plu, par sa détermination à lutter seul, contre tous, en ne croyant pas les mises en gardes superstitieuses et en utilisant tous les moyens à sa disposition. J'aime ces personnages qui ne rentrent pas dans les codes du roman dans lequel ils sont et qui les rendent encore plus perceptibles. 
Antha, quant à elle, est l'archétype de l'héroïne de ce genre de roman aussi, et elle relève le défi. Ses quatorze ans la rendent très naïve, mais ausssi très influençable. Ce personnage m'a semblé le plus mystérieux de tous, et j'ai passé tout le roman à me demander si elle allait finir par se décider à rallier le parti du comte ou à lutter contre lui car elle semble plus résignée que convaincue. Ce flou est tout à fait troublant, et très efficace. 
En revanche, je n'ai pas été très convaincue par le personnage du comte. Certes, il nous offre quelques belles scènes gothiques, très évocatrices, notamment avec le lien qu'il entretient avec la meute de loups qui entoure son château. Mais on ne le voit finalement pas beaucoup, et l'essentiel de son histoire est apprise par le truchement de récits divers, sous forme de résumés racontés par d'autres et qui manquent de tension narrative. C'est un mode narratif auquel je n'accroche pas du tout, car en plus de raconter plutôt que de montrer, il provoque une très longue pause dans l'histoire et nuit au rythme. On notera cependant quelques jolis retournements de situation à la fin qui relancent bien l'action.

La note de Mélu:

Un grand merci aux Editions du Petit Caveau pour ce partenariat.

Un mot sur l'auteur: Ardell T. Hel est une autrice bretonne qui prépare déjà la suite de ce roman.