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Comte de Rambuteau, mémoires

Par Mpbernet

Pour le jeune Claude-Philibert, héritier d’une famille de noblesse provinciale catholique né en 1781, ne serait-ce que survivre à son époque tient déjà de la performance.

Une famille aristocrate qui échappe de peu à la Terreur, mais qui dispose d’un réseau d’alliances, forte de ses ancêtres au service du pouvoir. Une famille qui n'émigre pas à la suite des Bourbons ... et est appréciée par la population locale.

Le jeune Claude-Philibert est ainsi rapidement attaché au service de Napoléon comme chambellan, assite en admirateur attentif aux séances du Conseil d’Etat auxquelles l’empereur participe souvent – c’est un peu son ENA, lui qui a été reçu aux épreuves d’entrée à Polytechnique – apprend son métier de haut fonctionnaire et surtout d’administrateur garant vigilant des finances publiques.

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La lecture de ses aventures, parfois haletantes lorsqu’il doit assumer la retraite de l’armée d’Italie au milieu des neiges de l’hiver alpin, montre à quel point les pouvoirs des préfets étaient étendus y compris sur les troupes. Sa carrière survivra à sa fidélité à l'empereur durant les Cent jours ... mais il accueille avec joie la Restauration.

Royaliste, il sert avant toute chose l’Etat de droit. Elu député de Saône-et-Loire en 1827, libéral, il signe l’Adresse des 221 députés libéraux contre le ministère Polignac.

Il se fait renvoyer sur ses terres par Charles X en 1830 pendant douze ans qui seront mis à profit pour expérimenter avec succès leur reboisement, revient auprès de Louis-Philippe qui le nomme Préfet de la Seine de 1833 à 1848.

Ses mémoires se lisent très facilement dans cette nouvelle édition largement « augmentée » par Sandrine Filipetti avec une masse de notes de bas de page – qui de temps à autres en occupent la majeure partie - un véritable Who’s Who de cette époque particulièrement compliquée.

Car dès que Rambuteau cite l’une de ses connaissances, on peut y lire sa biographie – ou pas ! – immédiatement accolée. Un vrai répertoire des rues de Paris et de l’histoire politique de la période …

Très modeste, Rambuteau a remisé en fin de récit son action décisive en faveur de la Ville de Paris et en particulier ses initiatives – toujours respectueuses des deniers publics – en faveur des plus démunis : hôpitaux, enfants trouvés, salles d’asile (écoles maternelles), lieux d’incarcération, assainissement, construction de lieux de culte, construction de trottoirs, éclairage.

Son action a permis à son successeur, qui disposa de moyens et de procédures financières plus efficaces – de réaliser les percées qui font de la capitale la ville que nous admirons.

Claude-Philibert de Rambuteau fut un grand serviteur de l’Etat.

Il est curieux, tout de même, qu'aucune promotion de l'ENA - devenue INSP - ne porte le nom de Rambuteau, alors qu'une d'elles (1968 - 1970) à laquelle mon époux Claude appartenait, porte le nom de Robespierre !

Comte de Rambuteau, mémoires, présenté et annoté par Sandrine Filipetti, édité au Mercure de France, collection « Le temps retrouvé », 456 p., 12€


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