La clé de l'éveil

Publié le 20 février 2024 par Anargala

 Les méthodes d'éveil spirituel semblent très différentes, entre celles qui prônent la chasteté et celle qui invitent à la sensualité, par exemple.

Mais cette apparence cache une réalité : Il existe une clé de l'éveil.

Même dans les traditions réputées sensuelles, comme le Tantra, cette même clé est transmise.

Cette clé, c'est le retournement de l'attention vers soi. 

L'enseignement est simple :

Plus je suis tourné vers les choses, plus je suis malheureux.

Plus je suis tourné vers moi, plus je suis heureux.

Attention : "moi" ici ne désigne pas mes pensées, mes impressions, mes sentiments, mes envies, mais bien moi, purement et simplement. Il ne s'agit donc pas de se "replier sur soi" ou de se contempler le nombril, de tomber dans le narcissisme ou de cultiver l'égoïsme, mais de plonger dans le Moi pur. "Pur", c'est-à-dire sans identification aucune. "Je suis", sans m'identifier à ceci ou à cela. La pure et simple conscience de soi, sans saisie d'aucun objet. 

En pratique, je reviens vers moi, non vers une idée. Et, à chaque fois que je prends conscience que je m'identifie ou que je m'accroche, même subtilement, à une pensée, je lâche, doucement et je replonge en moi, comme les rayons de lumière se résorbent dans le soleil. A chaque fois que je prends conscience que je "dis" quelque chose mentalement, même de manière subtile, je cesse et je plonge en moi.

Encore une fois, il ne s'agit pas de "m'intéresser à mes problèmes".

Or, cette clé de l'éveil est transmise aussi dans le Tantra.

Prenons l'exemple d'un yogi de la tradition de Kâlî, Râmyadeva (Bhāvopahāra) : 

 "Plonger l'attention en soi en retournant le regard quand on atteint la fusion totale" (pratyāvṛttyinayena svāvadhānaṃ vidhyāya, prāpte mahāsāmarasye, 17).

De même, le geste sacré (mudrâ) "est la Terrible (bhairavî) qui est à la fois lâcher-prise du regard tourné vers l'extérieur et stabilité de l'attention tournée vers l'intérieur" (iyam eva cāntarlakṣyabahirdṛṣṭibhāvena tyāgagrahābhyāṃ bhairavī, 31).

Donc, partout et toujours, tournons notre attention vers soi, vers la source même de l'attention.