Un dessin de Cardon en couverture m’a suffi pour avoir envie d’ouvrir ce livre, un récit signé de François Salvaing. Une histoire de crue soudaine, d’averse, puisque c’est le mot qui s’impose à l’auteur bien qu’il aurait préféré quelque chose de plus définitif, comme tsunami par exemple, mais le village, menacé depuis longtemps par trois torrents, était loin de la mer.
Je relis les premières pages et tout ou presque y est annoncé : ça ne se passera pas comme d’habitude. La famille du narrateur a beau habiter ici depuis Louis XIV, cette fois c’est la fin : le cimetière lui-même est retourné par les flots.
« Les romanciers, paraît-il, se lancent parfois dans des histoires dont ils ignorent où elles les mèneront. (…) Une phrase leur vient, les séduit, et les voilà partis, advienne que pourra. C’est à peu près ce que j’ai fait, cette nuit-là, en plongeant dans l’Ardelle. »
C’est peu de dire qu’on est embarqué : les flots nous malmènent, sans jamais nous faire perdre espoir. C’est un fleuve qui pourtant mène aux enfers bien que ce ne soit pas, sans doute, la destination finale : on les traverse. Le choix du bois pour un cercueil n’est pas chose banale.