Quatrième de Couverture
Kiss Kiss
Les histoires qu'invente Roald Dahl, on a envie, après les avoir lues, de courir les raconter à tout le monde. Comme si on les avait vécues ou rêvées soi-même. Au service de cette suite de situations plus ou moins macabres, Roald Dahl met une chatoyante érudition. Qu'il nous parle, juste le temps qu'il faut, de chirurgie, de meubles d'époque, d'apiculture, de musique, de métempsycose ou de braconnage, qu'il emprunte le style " cinéma " ou qu'il pastiche Voltaire, c'est toujours avec le même souci du détail, le même sérieux pince-sans-rire, le même humour noir déguisé.
Mon avis
Billy Weaver cherche une chambre d’hôtel et s’arrête devant ce qui semble être un Bed and Breakfast douillet et étrangement attirant. D’abord satisfait, une désagréable impression s’accroche à lui, dont il ne réussit à se défaire au fil de la soirée.
La logeuse est une nouvelle où l’on sent dès le départ que quelque chose cloche. Les lieux sont étouffants, la propriétaire est malaisante et tout nous mène vers la chute que l’on suppose.
Si ce n’est pas ma nouvelle préférée de Roald Dahl, l’effet escompté est bien là. Ici, on est sûrement face à une tueuse en série au penchant de collectionneuse, qui inverse le rôle habituel du pervers qui piège les jeunes femmes. Les apparences ne sont pas trompeuses ici : c’est transparent, Billy a juste besoin d’être plus attentif pour trouver les indices. Animaux empaillés, attitude de la logeuse, identité des derniers clients, goût du thé… Il suffit d’ouvrir les yeux ! Mais, qui, naturellement, irait se méfier d’une vieille dame ?
C’est cette transparence qui fait de cette nouvelle quelque chose de génial : tout est là, tout est clair mais Billy ne voit rien. Il n’est pas convenu de se méfier d’une vieille dame, de s’inquiéter pour sa vie face à la prévenance d’une telle personne. La logeuse ne devrait pas incarner le danger et c’est ainsi que Billy plonge vers son destin. Il ne voit pas les signaux, il ne fait pas confiance à son instinct qui tente de le prévenir, il ne laisse pas son intuition l’aider.
Roald Dahl nous montre ici que n’importe qui peut cacher un monstre.