Il n’y a pas d’autre monde. Un dépotoir révèle son quartier.
La vérité doit être dite : au fond, il faut de l’air.
Faut pas être trop terre à terre, pas pleurer
sur l’univers. La vérité doit être dite.
Les poèmes de Tomasz Bąk frappent fort
Car si le monde est réellement un plateau en duralex
qui repose sur quatre crocodiles aiguisant leurs dents,
alors sur ce plateau je suis un cheveu. Sur ce plateau je suis
une cicatrice. Comme un fromage fondu à mort dans un micro-onde.
Il a vingt ans quand il publie ce recueil en Pologne. Ses mots sont ceux de son âge :
comme un t-shirt, reflète le stroboscope. Tu peux être libre pour nous deux,
moi, je te remercie d’avance pour une telle freedom.
Trois vers et on en sait assez de la vie du quartier :
Imagine un dictionnaire de poche contenant l’hiver de cette année, une mine
antipersonnel et une consolidation de prêt, le tout sous l’entrée :
emmerde à validité prolongée.
Ailleurs, on rencontre « Saint-François-de-la-Gare-routière »,
il n’a pas où habiter
et il est heureux, donc il prend du pain, le rompt et en le donnant
aux oiseaux affamés il les implore de ne pas lui chier dessus, au moins eux.
Voici les derniers mots du recueil :
Et si l’espoir meurt vraiment en dernier
qui donc éteint la lumière ?
La traduction, de Michal Grabowski, en collaboration avec Clément Llobet, est percutante.
Le recueil est publié par les éditions LansKine dans la collection bien nommée « Ailleurs est aujourd’hui ».