Parce que ça peut être ennuyeux, de surveiller le troupeau toute la matinée.
Alors, on construit ça.
Depuis quelques mois – depuis que la moisson est terminée, et que les champs ne sont plus interdits aux bêtes – Smain et Houria passent leurs matinées sur notre champ, avec leurs vaches. Ils arrivent tôt le matin, à 7 heures – ce qui signifie 6 heures, vu le décalage horaire, vous vous souvenez? - et partent avant que le soleil ne tape trop, vers 11 heures.
Houria, la fille de nos voisins, s’occupe d’un troupeau d’une dizaine de bêtes, tandis que Smain n’en n’a… qu’une seule.
Cette vache est très importante.
Smain est le petit frère de Bachir, un de nos deux gardiens/ouvriers. Leur famille est pauvre. Selon les critère d’Ouled Mgatel. La grande majorité des habitants de la région sont pauvres, selon nos standards européens. Mais certains s’en sortent bien – grosses récoltes de blé et d’olives, grandes fermes, gros troupeaux, tracteurs. Pour d’autres, ceux qui ne possèdent aucun terrain et peu de bêtes, comme la famille de Bachir, c’est plus difficile. Les hommes attendent le travail, et parfois, il n’y a rien à faire.
Grâce à un micro-crédit, Bachir a pu emprunter quelques milliers de dirhams et acheter une vache – ce qui signifie lait frais, petit lait, et beurre. Mais aussi que la famille s'enrichit.
Avec une seule vache à surveiller en tout cas, Smain est plus tranquille que Houria.
Non, en fait, tous les deux sont tranquilles, et on peut les trouver à l’ombre de notre maison, jouant avec les petits cousins d’Houria, ou parfois endormis dans les champs. Ce qui explique pourquoi les bêtes grignotent parfois nos roseaux – grrrrrrr.
Hier, le jeu du jour consistait en une balançoire improvisée.
Mais le plaisir était aussi de monter dans l’olivier.
… et de se laisser tomber.