Le gros titre est un jeu de mot intraduisible en français
cola (ici) : file d'attente (comme en Espagne)
D'ordinaire, en Argentine, on dit "hacer fila"
On peut traduire :
"La faim s'en mêle et provoque une file d'attente"
La photo montre les manifestants devant le ministère
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L’Argentine s’achemine progressivement vers une sorte de démocrature. Loin d’éliminer comme il le prétend les intermédiaires qui s’en mettraient plein les poches avec l’argent public, le nouveau gouvernement argentin signe des conventions avec des organisations réputées pour leur sectarisme et leur idéologie rétrograde. C’est ainsi qu’une partie du service public des cantines sociales (comedores), qui vient de se voir priver de ces fonds nationaux, sera confiée pour une somme gigantesque (177 millions de pesos) à l’assemblée des églises évangéliques d’Argentine, des confessions chrétiennes originaires des États-Unis dont tout le monde a en mémoire les comportements douteux dans leur pays natal sous Trump et maintenant contre Biden et, plus près de l’Argentine, au Brésil, où ces groupes religieux fanatisés ont soutenu la candidature de Bolsonaro à deux reprises et ont été mouillées dans la tentative de coup d’État d’il y a un an sur la place des Trois Pouvoirs à Brasilia, en imitation de l’insurrection du 6 janvier 2021 au Capitol à Washington.
L’un des indices montrant que
l’Argentine de Mileí prend ce dangereux chemin, c’est que, pour
soi-disant lutter contre la malnutrition infantile (qui fait des
ravages et cause des décès notamment parmi les peuples
amérindiens), vient d'être nommé dans l’équipe des conseillers
du président un pédiatre très contesté par la communauté
scientifique à cause de sa gestion suspecte de l’argent public
dont sa fondation est destinataire, de ses idées charlatanesques et
des conseils ubuesques qu’il donne ès qualité alors qu’ils ne
relèvent pas de sa compétence professionnelle mais de convictions
religieuses (1) et de postures idéologiques
individuelles (comme la nécessaire virginité des femmes avant le
mariage, le refus du préservatif sous prétexte qu’il ne serait
pas efficace pour faire barrage au VIH, etc.). Bref, nous allons sans
doute nous trouver sous peu devant un spectacle certes pittoresque
mais d’un pittoresque tragique tel que celui que donnaient Trump et
Bolsonaro pendant la pandémie. Et ce sont les enfants pauvres qui en
payeront le prix.
Le nouvel archevêque de La Plata
récemment nommé par François
a pris la parole : "Les gens ne peuvent plus
acheter à manger"
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Sans parler des traces que laisseront ces concessionnaires dans l’esprit des gens eu égard à la désinformation dont ils usent sur des thématiques aussi délicates et émotionnelles que les théories alimentaires et la sexualité. Bref, comme toute désinformation, celle-ci pèsera sur la capacité prochaine des citoyens à remettre en œuvre un fonctionnement démocratique des institutions alors que celles-ci sont déjà très abîmées comme le montrent les électeurs qui ont fait le succès électoral de Mileí. Nombreux parmi eux sont ceux qui, lorsqu’ils ont voté au premier comme au second tour, n’avaient pas la moindre connaissance du contenu réel du programme que proposait le candidat et qui le découvrent maintenant qu’il est trop tard.
Et ils s’en mordent les doigts.
Pendant ce temps-là, l’Église catholique est en train de se séparer de l’État pour ne plus dépendre du budget national tout en continuant son travail pastoral, culturel et social traditionnel avec d’autres ressources… Cherchez l’erreur !
© Denise Anne Clavilier www.barrio-de-tango.blogspot.com
Pour aller plus loin :
lire l’article de Página/12 sur la convention (c’est aussi ce quotidien qui seul aborde sur son site la nomination du pédiatre contesté)lire l’article de La Prensa
lire l’article de Clarín
(1) Celles de l’Opus Dei, vieille manière (celle de la fondation en 1927), avant que le pape François n’intervienne et fasse entrer l’organisation dans l’orthodoxie démocratico-compatible du concile Vatican II.