Dès le premier mois de ce blog, il y a un peu plus de 15 ans, le nom de Pina Bausch y est cité. Et il revient de temps en temps. Il y a cinq ans et quelques mois, c’est cette phrase, sur l’affiche d’un film de Wim Wenders, qu’on y trouve : « Dansez, dansez sinon nous sommes perdus ». C’est donc naturellement que j’ai ouvert le recueil de Hadassa Tai, sous-titré « Petits papiers pour Pina Bausch ».
Les poèmes y sont faits de mouvements, parfois à peine perceptibles, qui les déposent sur la page blanche, y laissant des images persistantes qu’on peut retrouver en fermant les yeux avant de passer à la suivante. Des corps se cherchent, se trouvent, s’écartent. L’humidité est partout : eau, lait, larmes, sang, pluie, vin, buée, brouillard, lac, océan. Et au bord de l’océan, le sable gardant trace de « la frénésie / des pattes d’oiseau ». Car il y a aussi des oiseaux qui meurent, qui chantent, qui crient, corbeaux, colombes, rossignols (à moins que ces derniers soient des instruments pour crocheter les serrures de barreaux). Et la danse passe peu à peu d’une « planète minuscule » à un « espace vide, vaste ».
Un lac fondu ou bien un brouillard, dans la prodigalité
de
l’eau
elle danse
l’immortalité
que le corps
réclame
Ces poèmes ont été traduits de l'hébreu par Eglal Errera.