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Course aux armements : Premières répliques de Moscou à l'accord américano-polonais sur le bouclier antimissile

Publié le 21 août 2008 par Danielriot - Www.relatio-Europe.com

Course aux armements : Premières répliques de Moscou à l'accord américano-polonais sur le bouclier antimissile


Pas de perte de temps...Des dossiers prêts depuis longtemps mais mis sous clefs sont rouverts. D'autres pièces s'y ajoutent. Et ce n'est sans doute pas fini. Une « escalade »,par définition,se fait par paliers...Et toutes les déclarations faites n'entrent pas dans le cadre de la « guerre des mots ». Rien n'est plus concret qu'un missile, qu'un radar, qu'une base militaire...Moscou réagit très concrètement à la signature de l'accord américano-polonais sur l'installation du « bouclier antimissile » américain sur le sol de l'Union européenne. Y compris ...au Proche-Orient. Damas va recevoir des armements (« défensifs », bien sûr) de la part des Russes. Bons baisers du Kremlin...
Les autorités russes avaient prévenus : « la réplique ne sera pas que diplomatique »...  Trois événements en quelques heures :
1) Assad n'a pas perdu son temps en faisant le voyage de Sotchi qui avant d'accueillir les JO d'hiver devient un lieu de rendez-vous géopolitique au sommet, au bord de cette Mer Noire qui se transforme en volcan... Il regrettait l'époque où son père était soutenu à bout de bras par les Soviétiques. Il a son lot de « consolation » de la part de Poutine-Medvedev. « La Russie est prête à fournir des armements défensifs à la Syrie », a déclaré le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. à l'issue des négociations entre les présidents russe et syrien, Dmitri Medvedev et Bachar al-Assad, à Sotchi (littoral russe de la mer Noire). Quels type d'armements ? On reparle de l'achat de missiles Iskander que Moscou avait refusé à une époque où le bouclier antimissile américain restait une hypothétique adaptation terrestre de la guerre des étoiles rêvée par Reagan...
2) L'accord russo-bielorusse sur une « DCA » évoqué voilà quelques jours par l'ambassadeur russe à Minsk est conclu. Il ne constitue « qu'en partie » une réponse symétrique au déploiement de l'ABM". En quoi consiste cette « DCA » ? Secret défense !
3) Les rumeurs sur l'installation de SS-21 en Ossétie n'ont pas été démenties. Et les dirigeants ossètes et abkhazes ont publiquement réclamer des armements défensifs russes sur leurs territoires une fois que leur indépendance réclamée sera proclamée « La Russie reste ici et renforce ses positions, a indiqué à Nezavissimaïa gazeta le secrétaire du Conseil de sécurité abkhaze Stanislav Lakoba. S'ils veulent une confrontation ouverte, ils l'auront. Naturellement, des bases russes seront déployées sur notre territoire, et tout ce qui sera nécessaire, car l'Abkhazie, tout comme la Russie, n'a pas le choix. Il faut reconnaître l'Abkhazie, signer un accord militaire et installer ici des bases militaires. Le plus important, c'est ce qu'a dit le président russe: la Russie ne quittera pas le Caucase. A vrai dire, la position de l'Occident ne nous préoccupe plus beaucoup »
Le 26 août, le Conseil de la Fédération et la Douma (chambres du parlement russe) se réuniront en séances extraordinaires afin d'examiner la situation d'après guerre et de débattre du statut de l'Ossétie du sud et de l'Abkhazie, aussi bien que de celui des forces russes déployées sur leur territoire.
De l'avis d'Alexander Rahr, directeur des programmes Russie-CEI (Communauté des Etats indépendants) au Conseil allemand de politique étrangère, il ne fait pas de doute que les deux républiques autoproclamées seront prochainement reconnues par la Russie. « Tout le monde a compris que l'espace postsoviétique ne pouvait pas être remodelé par l'Occident à sa guise. Il n'y a aucune possibilité pour cela. Si l'Occident tente de remanier l'espace postsoviétique, cela pourra entraîner un conflit avec la Russie, ce que l'Occident ne souhaite pas, en principe »
Ce type d'escalade et d'engrenage n'inspire guère d'optimisme alors que la situation reste confuse sur le terrain, en Géorgie. Les Russes agissent là avec une totale bonne conscience. Pour eux, ils agissent en légitime défense, face aux menaces d'encerclement dont ils sont l'objet de la part des Américains Pour eux, « l'intention des Etats-Unis de déployer une batterie des missiles intercepteurs Patriot n'a aucun lien avec le problème iranien et menace directement la Russie » nous confie un expert des affaires russes. « Et cela ira en s'aggravant si l'Ukraine et la Géorgie sont toujours invités à devenir membre de l'OTAN
Andreï Fediachine de RIA Novosti confirme : « Si Tbilissi est officiellement invité à l'OTAN, cela ne fera que confirmer, à vrai dire, la justesse des actions de la Russie. Puisque trois pays riverains de la mer Noire sont déjà membres du bloc (la Turquie, la Bulgarie et la Roumanie), après l'adhésion de l'Ukraine et de la Géorgie, ils seront cinq. Il devient clair que, dans ce cas, la mer Noire se transformera en propriété de l'OTAN. Même la Méditerranée aura bien plus de zones ne se trouvant pas sous le contrôle de l'Alliance. Tout le partage postsoviétique de la "surface locative" qui avait eu lieu presque en état de "dégrisement" politique (il y avait encore des chances ou des espoirs de pouvoir le contester, ne serait-ce que partiellement) sera fixé de manière très rigide. Il faudra oublier immédiatement toute réclamation de Moscou envers ses voisins. »
Tout cela confirme les analyses faites sur Realtio-Europe dès le début des hostilités en Géorgie : l'affaire caucasienne n'est pas locale. Elle se double d'une confrontation directe entre l'OTAN et la Russie. « C'est même le fond du problème », souligne Andreï Fediachine. « A vrai dire, la Russie n'a aucun problème avec l'indépendance de l'Ukraine ou de la Géorgie. Le problème est ailleurs: qui oriente ces Etats indépendants et dans quel sens, qui dirige ce mouvement, surtout quand il s'agit des voisins de la Russie. Il ne s'agit nullement d'un nouveau phénomène russe, il s'agit des principes élémentaires de la politique étrangère de n'importe quel Etat. »
Mais la Russie n'est évidemment pas « n'importe quel Etat »...


Jacques DEHAIRE


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