Les grands conflits s’étendent de la mer Noire à l’Océan Indien

Publié le 21 août 2008 par Drzz


Rien ne vaut une carte du monde. Regardez où se situe la mer Noire. Regardez où se trouve l’Océan Indien, notamment dans sa partie occidentale le Golfe d’Aden et le Golfe d’Oman. Puis, regardez où se situent la Géorgie et le Pakistan. Enfin, localisez encore une fois le Golfe d’Aden et repérez le Détroit du Bosphore. Tirez un premier trait de la Géorgie au Pakistan et un deuxième trait du Détroit du Bosphore au Golfe d’Aden. Tirez un troisième trait du Golfe d’Aden au Pakistan et un quatrième trait de la mer Noire au Détroit du Bosphore. Vous avez désormais - en gros - le nouveau Théâtre des Opérations. Maintenant, voyons les faits de ces derniers jours.

Aujourd’hui jeudi 21 août 2008, tf1Ici.fr informe - à 06:50 - que l'ancien Premier ministre pakistanais Nawaz Sharif menace de retirer son parti de la coalition au pouvoir. A 12:26, tf1Ici.fr informe que, toujours au Pakistan, 45 personnes ont été tuées dans un double attentat perpétré devant une usine militaire d'armement non loin d'Islamabad. J’ajoute quant à moi que l’opposition pakistanaise veut le retour de quelques juges limogés alors que le président pakistanais a démissionné de sa propre initiative. En clair, malgré le départ du président pakistanais, le Pakistan glisse doucement mais sûrement du statut de pays allié au monde libre au statut de république islamo-chaotique, détentrice de la bombe atomique et infestée - dans sa partie nord-ouest notamment - par al-Qaïda et par les taliban. Dans ce nouveau contexte un seul pays peut devenir notre allié : l’Inde.

Encore ce jeudi 21 août 2008 - à 08:20 - jdd.fr informe que la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni - favorite de la primaire au sein du parti centriste Kadima - et le dirigeant du parti conservateur Likoud - Benjamin Netanyahou - seraient au coude à coude si des élections législatives avaient lieu aujourd'hui en Israël. Si Tzipi Livni succède à l'actuel Premier ministre Ehoud Olmert, à la tête de Kadima, ce parti et le Likoud obtiendraient tous deux 28 élus au parlement israélien. L'élection primaire à la tête de Kadima aura lieu le 17 septembre. Autrement dit, primo il ne se passera rien avant les élections primaires le 17 septembre (à l’intérieur du parti Kadima actuellement au pouvoir) et secundo rien ne permet d’envisager avec certitude des élections générales anticipées, qui elles seules permettraient la victoire du Likoud, à travers un processus véritablement démocratique. De fait, la caste gauchisante israélienne fait tout pour que les centristes l’emportent (sans élections) et non les conservateurs (avec des élections). La démocratie israélienne est devenue à la fois gauchiste et corrompue et ce en période de guerre. C’est très mauvais signe.

A 09:50 l’ESISC informe que trois policiers ont été tués dans l’explosion d’une voiture piégée ce jeudi matin à Izmir dans l’ouest de la Turquie. L’explosion n’a pas été revendiquée mais les autorités turques soupçonnent le Parti des travailleurs du Kurdistan, le PKK, ou des militants islamistes. J’ajoute qu’Izmir est une ville très touristique et que par conséquent l’attentat est un coup particulièrement dur pour la Turquie, dont nous ne savons plus très bien d’ailleurs si elle est alliée de l’Occident ou de l’Iran, suite à la récente visite du président iranien dans ce pays d’Asie mineure qui contrôle le Détroit du Bosphore.

L’AFP - à 09.52 - informe que les territoires séparatistes géorgiens d'Abkhazie et d'Ossétie du Sud demandent à la Russie de reconnaître leur indépendance alors que le lent retrait des troupes russes de Géorgie est jugé - à juste titre - trop peu significatif par les USA. Sur le terrain aucun retrait massif des forces russes. En Géorgie, le « parlement » abkhaze a voté à l'unanimité une résolution demandant à la Russie la reconnaissance de l'indépendance de l'Abkhazie et le maintien de la présence militaire russe. Toujours en Géorgie, le « président » de l'Ossétie du Sud, Edouard Kokoïty, kokoriko, présentera une requête similaire dans les prochains jours. Le président américain George W. Bush a répété hier mercredi que les deux territoires séparatistes font partie de la Géorgie et il a indiqué que les USA allaient travailler avec leurs alliés afin de s'assurer de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de la Géorgie (ndlr : comment concrètement ?). Des troupes russes ont pris position près de Poti dans l'ouest de la Géorgie. La Turquie a approuvé le passage par la mer Noire de deux navires de américains transportant du matériel humanitaire destiné à la Géorgie (ndlr : tiens !).

tf1.Ici.fr confirme - à 10:06 - que les soldats russes sont toujours postés aux abords de la ville géorgienne de Gori. Six minutes plus tard, à 10:12 l’agence britannique Reuters révèle que l’agence de presse russe Interfax a retiré une dépêche sur le début d'un retrait militaire russe de la ville géorgienne de Gori. Interfax avait annoncé dans la matinée que des unités déployées dans la zone de conflit étaient en train d'être retirées de cette ville stratégique. Dans une nouvelle dépêche l'agence Interfax a abandonné toute référence à la ville de Gori (ndlr : zenzurskaya !).
  

  

Toujours ce jeudi 21 août 2008 David Bescond sur rebelles.info écrit (début de citation) : «…Quant au président américain George W. Bush, il a répété mercredi que les deux territoires séparatistes ‘font partie de la Géorgie’ et a indiqué que les Etats-Unis allaient ‘travailler avec leurs alliés afin de s'assurer de l'indépendance et de l'intégrité territoriale de la Géorgie’. (…) Je m'interroge - poursuit David Bescond - sur la seconde partie de sa déclaration. Etant donné que les Etats-Unis et l'OTAN ont affirmé qu'il n'était pas question d'intervenir militairement en Géorgie, on ne comprend pas très bien ce que tout cela veut dire. (…) on apprend que la Turquie a approuvé le passage par la mer Noire de deux navires de guerre américains transportant du matériel humanitaire destiné à la Géorgie. Afghanistan, Géorgie, Iran, Pakistan... la planète a tendance à se transformer en une vaste marmite en ébullition. En 1939 la planète était beaucoup moins sous tension qu'aujourd'hui. Et pourtant cela a explosé... » (fin de citation). Je profite de l’occasion pour saluer l’intégrité de David Bescond qui a repris plusieurs de mes articles sur la Géorgie alors qu’il n’en partageait pas forcément toujours le contenu.

Je lis depuis deux jours - avec amusement - que le candidat démocrate Obambi est confronté à des sondages qui le placent derrière son adversaire républicain John McCain. Un sondage Zogby accorde 46% d'intentions de vote à McCain contre 41% à Obambi. Une étude publiée par l'université George Washington place McCain en tête avec 47% contre 46% pour Obambi. Les sondages quotidiens de Gallup et Rasmussen confirment un tassement d’Obambi. Ces sondages ont été réalisés depuis le début du conflit entre la Russie et la Géorgie. Obambi se trouvait en vacances - à Hawaï - tandis que McCain occupait seul la scène politique en se montrant offensif contre la Russie. Oui je sais, la course présidentielle est loin d'être jouée. Cela dit McCain s'est positionné sur la question de l'énergie, primordiale pour les électeurs. En trois mois McCain a gagné 9 points sur ce sujet et Obambi en a perdu 13.

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J’ai appris récemment que la chaîne de télévision Al Manar appartenant au groupe terroriste chiite libanais Hezbollah a signé un contrat avec une compagnie satellite en Indonésie - premier pays musulman de la planète avec 200 millions d’habitants - afin de diffuser sa propagande islamique dans les pays du sud-est asiatique. A propos de Hezbollah, Samir Kuntar - l’assassin psychopathe libanais ayant tué une fillette juive à coups de crosse - a récemment déclaré que « le Hezbollah ne laissera pas la nation iranienne seule et lui prêtera assistance ». Samir Kuntar qui - bien que druze - est candidat sur la liste du Hezbollah - chiite - au Parlement libanais. Et puisque je mentionne la nation iranienne, comme disait l’autre, il faut noter que les USA ont donné leur accord de principe pour fournir à Israël un système de défense anti-missiles avancé. Ce système pourrait être déployé dès 2011. Si ce système était déployé, il serait capable d’intercepter jusqu’à 90 % des têtes nucléaires iraniennes. « Jusqu’à 90% » et pas avant « 2011 » ? Le premier engin nucléaire iranien est prévu d’ici 2009…

Il y a quelques jours Caroline Glick écrivait dans le Jerusalem Post - en substance - que la posture stratégique des USA est en ruines après l’invasion de la Géorgie. Que la Russie a été capable d’envahir la Géorgie sans l’anticipation des USA et des agences américaines de renseignement. Que l’échec des agences américaines de renseignement est aussi un échec partagé par Gates et Rice, deux secrétaires de cabinet au plus haut niveau. Intéressant. Kristol aborde le même sujet cette semaine sur leblogdrzz.

Pour revenir au Hezbollah, la semaine passée Jonathan Halevi et Ashley Perry, respectivement chercheur et rédacteur en chef du JCPA écrivaient que « l’on trouve les traces du Hezbollah iranien dans divers pays d’Afrique et d’Amérique latine. Au Nigeria le Hezbollah opère parmi des chiites libanais expatriés. Le chef chiite au Nigeria - Sheikh Zakzaky ou sac à qui je ne sais plus - a réussi à faire idolâtrer dans son pays le mollah libanais Hassan Nasrallah et les ayatollahs iraniens. Au Vénézuéla et autres pays d’Amérique latine, le Hezbollah mène campagne pour convertir les Indiens à l’Islam Shiite. Teodoro Rafael Darnott - connu comme le Commandant Teodoro - a récemment déclaré : ‘Si les USA attaquent l’Iran, le seul pays gouverné par Dieu, nous riposterons en Amérique latine et même à l’intérieur des USA. Nous en avons les moyens. Nous saboterons l’acheminement du pétrole vers les USA’. Le 29 juin, le quotidien koweïtien al Syassa a rapporté que le Hezbollah entraîne de jeunes Vénézuéliens dans des camps militaires au Sud du Liban afin de les préparer à attaquer des cibles américaines. Le Hezbollah et l’Iran ont installé des cellules pour mener des attaques terroristes à l’image de celles qui ont détruit l’ambassade d’Israël à Buenos Aires et le siège de l’association juive Amia au début des années 1990 et à l’image de celles qui ont eu lieu au Koweït, en Arabie saoudite et en Thaïlande ». Je note juste en passant - c’est de l’impertinence - que leblogdrzz et monde-info publient des articles sur la connexion Hezbollah-Iran-Vénézuéla depuis un an ou deux. Et qu’au début - mais au début seulement - certains se moquaient de nous.

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Dimanche 17 août le Jérusalem Post confirmait qu’au Liban le Hezbollah contrôle le gouvernement qui l'autorise à attaquer Israël. Cette autorisation peut garantir au Hezbollah l'accès au matériel de l'armée libanaise qui inclut un équipement américain sophistiqué. Le nouveau président du Liban et ancien chef de l’armée Michel Suleiman a annoncé qu'il soutenait ‘tous les moyens’ pour récupérer ‘les territoires libanais occupés’. J’ai déjà mentionné tout ceci preuves à l’appui il y a quelques semaines. Aujourd’hui j’ai écrit que les grands conflits s’étendent de la Mer Noire à l’Océan Indien. Avec le Hezbollah, l’Iran et Señor Chavez vous pouvez ajouter à la liste du Théâtre des Opérations : l’Amérique latine, le Nigeria, le sud-est asiatique, etc. Il va falloir fixer des priorités. On en est loin. What a wonderfull world.

Miguel Garroté