[En bref] Second tour d’Albert Dupontel

L'histoire: Journaliste politique en disgrâce placée à la rubrique football, Mlle Pove est sollicitée pour suivre l'entre-deux tours de la campagne présidentielle. Le favori est Pierre-Henry Mercier, héritier d'une puissante famille française et novice en politique. Troublée par ce candidat qu'elle a connu moins lisse, Mlle Pove se lance dans une enquête aussi étonnante que jubilatoire.

Après les succès critiques et publics du poétique Au revoir là-haut (2 César en 2018) et du caustique Adieu les cons (4 César en 2021), Albert Dupontel affiche une nette baisse de régime. De fait, Second tour, son 8e long métrage, apparaît comme une comédie brouillonne et peu originale puisque largement calquée sur La gueule de l'autre de Pierre Tchernia (1979). Et qui plus est, qui ne parvient jamais à accorder ses thèmes, virevoltant de la satire sociale à la critique des médias, en passant par l'ode à la nature, et la comédie sentimentale.

Les ambitions sont bien là, on reconnaît un semblant de mariage entre féérie et réalisme. Mais le traitement à la louche et la mise en scène aux effets visuels hideux, finissent par détruire l'intérêt d'une idée de départ qui s'avouait aussi porteuse que celle d' Adieu les cons.

On arrive tout de même à trouver ça et là quelques moments de drôlerie dans ce Second tour, foutoir anti-Macron, mu par un propos (sur la démocratie de façade) sentant très fort le populisme. Ainsi, les gags tirant à boulet rouge sur les journalistes lèche-bottes et les chefs d'antennes pourris sont assez bien vus. On aime aussi le personnage de Cécile de France, toujours aussi à l'aise dans l'art du décalage. Quant à l'impayable Nicolas Marié, dans la peau de l'assistant stupide, mais perspicace, de la journaliste, il confirme ses talents comiques déjà vus dans dans Adieu les cons. Face à eux, Dupontel paraît bien fade, à l'image de ce Second tour, essai mineur dans la filmo d'un cinéaste d'ordinaire plus en verve.

Sortie en salle au Québec: 2 février 2024.

Les autres films d'Albert Dupontel: Bernie (1996), Le créateur (1999), Enfermés dehors (2006), Le vilain (2009), 9 mois ferme (2013), Au-revoir là-haut (2017), Adieu les cons (2020).