Connaissez-vous le Musée de la toile de Jouy à Jouy-en-Josas ? Voilà un lieu passionnant et qui fourmille d’activités. Deux expositions temporaires s’ajoutent en ce moment au parcours permanent, lequel est complété par les salles historiques du rez-de-chaussée qui, dès la moquette sont un bijou.
Je vous préviens : il faut compter trois bonnes heures pour tout voir et vous pourrez venir plusieurs fois. Je suis certaine que vous en apprendrez chaque fois davantage.
Je n'ai pas l'ambition d'être exhaustive dans cet article qui aurait mérité d'être découpé en plusieurs publiés à quelques jours d'intervalle (ce que le calendrier ne permettait pas) mais je vais malgré tout en dire le plus possible, sachant qu'il n'est pas obligatoire de tout lire d'une seule traite :
- Sur l'exposition capsule Paul et Virginie,
- Sur le parcours historique,
- Et sur l'exposition Motifs d'artistes.
Renseignez-vous aussi à propos de la 5ème édition du Prix Toile De Jouy ouvert aux étudiants et aux créateurs professionnels en activité en partenariat avec le Campus de Versailles, avec une dotation de 1000 € pour chaque lauréat de chaque catégorie. Dépôt des dossiers : Du 30 janvier au 6 février 2024 à 18h. Remise des prix : Jeudi 21 mars 2024 au Campus de Versailles (Grandes écuries du Roi à Versailles).Et vous pouvez aussi devenir acteur des JO 2024 en créant votre propre Toile de Jouy aux motifs de l'Olympisme. Dépôt des dossiers au musée accompagné des fiches d’inscription avant le 30 avril 2024.Le musée est vous allez le constater si vous ne le connaissez pas, un lieu extrêmement vivant et dynamique. Il occupe l’ancienne manufacture qui fut un temps royale et qui connut à peu près un siècle de grande gloire. La "toile de Jouy" aura survécu à la fermeture puisque le terme, qui ne fut pas déposé (ce sont les soyeux qui instaureront les droits fin XVIII°), désigne toute toile qui comporte des personnages. Et surtout parce que ce style continue d’inspirer des designers contemporains.
Evidemment il faudra faire un effort s'imagination pour se représenter ce qu'était alors la manufacture, comme cette peinture en rappelle l'importance. Chaque détail compte y compris bien entendu la toile (ou le papier tendu sur les murs.

On pourrait s’étonner aujourd’hui de l’implantation choisie par le fondateur Christophe-Philippe Oberkampf et pourtant s’installer à Jouy était fort judicieux. Il pouvait y profiter des qualités physico-chimiques des eaux de la Bièvre pour son industrie fort consommatrice en eau courante. Il disposait de grandes superficies sur lesquelles étendre les toiles à des fins de blanchiment. Et, tout autant important, il était proche de ses meilleurs clients, qui vivaient à la Cour de Versailles.
Ajoutons un savoir-faire exemplaire, un esprit entrepreneurial hors du commun, et on comprendra l’immense succès de cette entreprise dont les motifs sont toujours d’actualité. Il suffit pour s’en convaincre de parcourir les salles de la boutique, remarquables dans le choix des impressions, les coupes et les assemblages sur des produits et objets tous réalisés en France. On y tient et on a raison. On y trouve beaucoup d’objets très différents, et pas seulement dans l’univers textile. Il y a même du chocolat. Mais, bien entendu, on peut aussi acheter du tissu au mètre et réaliser ses propres créations.
J’ai visité l’ensemble seule puis j’ai suivi la visite guidée qui, sauf exception, a lieu à 15 h 30 le deuxième dimanche de chaque mois et que je recommande fortement. Je vous incite d’ailleurs à réserver en ligne car la demande est forte. Nous étions plus de trente personnes aujourd’hui.
Celle-ci, qui prendra fin le 7 janvier, retrace l’univers artistique de Virginie Broquet, peintre, illustratrice et autrice de bandes-dessinées niçoise, et de Paul Simmons, designer textile, établi à Glasgow en Ecosse, et co-fondateur de la maison d’impression sur tissus “Timorous Beasties” qui se connaissent depuis plus de trente ans. Ils ont collaboré pour réaliser une série de pièces autour de cette thématique qui les passionne depuis longtemps, sachant que Virginie décline la toile de Jouy dans des créations depuis une vingtaine d’années. Il est d’ailleurs amusant de rapprocher le titre de l’exposition de la célèbre toile de Jouy Paul et Virginie remise au goût du jour largement sur de nombreux objets que l’on peut trouver en bleu ou en rouge et même en orange dans la boutique du musée.





Tous les dimanches les musiciens de la chapelle du Roi offrent un concert aux proches d'Oberkampf comme au voisinage. les enfants suivent une formation musicale à laquelle veille leur mère Anne-Elisabeth, elle-même musicienne. Mais deux enfants, Julie et Emilie manifestent un goût pour le dessin.
Dans la chambre, l'artiste a posé un tissu Doré à souhait sur le paravent et la manière de procéder pourrait être qualifiée d’installation. L’esquisse intitulée Les Poupées me fait penser aux Chibi-chans d’Elena, cette artiste japonaise dont j’ai fait la connaissance il y a trois mois au Clos Y.








Au XVIII° siècle l'aménagement intérieur des maisons bourgeoises évolue avec la multiplication de pièces plus petites, à usage bien déterminé. La chambre est l'espace de l'intime.

Le parcours historique :Poursuivons au premier étage. Les premiers pas que nous ferons en ces lieux nous indiquent qu’Oberkampf était indienneur, c’est-à-dire fabricant d’indiennes, nom donné à des toiles imitant les motifs importés des Indes au début du XVII° siècle et dont un exemple nous est montré au tout début de l’exposition.

L'impression des cotonnades trouve ses origines, il y a plus d'un millénaire, sur le territoire indien où les artisans ont perfectionné l'art du tissage et du mordançage. Ils détiennent en effet le secret du "mordant", un sel métallique imprimé à l'aide d'une planche de bois gravée qui fixe la couleur sur la fibre d coton lorsque le tissu est plongé dans un bain de teinture. Déjà dans l'Antiquité gréco-romaine, les cotonnades venues d'Inde -notamment les mousselines légères et transparentes - teintes de couleurs vives étaient réputées pour leur qualité exceptionnelle.
Ces étoffes indiennes étaient connues des Occidentaux grâce aux marchands caravaniers arrivant de Perse via Bagdad et Alep. Si les routes maritimes entre l'Europe et l'Asie existaient bien avant le XVII° peu de textiles prenaient part au commerce Est-Ouest. Pourtant, dans les sociétés asiatiques, les tissus luxueux ont bien plus de valeur que de l'or et les épices tant recherchés par les fondateurs de la compagnie des Indes. Les marins hollandais, anglais et français sont les premiers à rapporter à leur famille des toiles imprimées en souvenir de leurs années passées dans le golfe du Bengale. Dès lors, émerge un véritable engouement des Occidentaux en faveur de ces étoffes, appelées indiennes ou perses.
L’entreprise fut active entre 1760 et 1843 et sont conservés pas moins de 30 000 motifs imprimés sur des cotonnades. Ce qu’on en connait se résume souvent à des camaïeux de roses qui ne représentent donc qu’une infime partie de la production. Les cartels du musée sont très facilement lisibles (ce qui n’est pas le cas partout alors je n’hésite pas à en souligner l’intérêt). Ils sont imprimés sur des oriflammes reprenant un motif de tissu imprimé. Et si les salles baignent dans une faible intensité de lumière c’est pour des raisons évidentes de conservation des tissus.
On apprend qu’une querelle intense opposa les commerçants de laine, de soie, de lin et de chanvre aux vendeurs de coton quand on s’enthousiasma pour les textiles indiens à partir de 1660. Ce textile jusque là inconnu en Europe était fin, léger, facile à laver et les étoffes étaient imprimées d’élégants motifs très colorés. C’était alors un produit de luxe. Les marchands de draps normands et les soyeux lyonnais, après un lobbying intense auprès de Louvois, réussirent à combattre la concurrence en faisant interdire l’importation des toiles en octobre 1786, et ils obtinrent aussi que l’usage et le port soient prohibés et punis de la peine des galères.
Les grandes manufactures fermeront et les patrons s’exileront en Angleterre, en Suisse et en Allemagne. Cela n’empêcha pas une contrebande intensive et des ateliers clandestins. Les indiennes furent portées par tout le monde, à commencer par la favorite du roi. Madame de Pompadour aménage à Meudon le château de Bellevue qu’elle décore d’indiennes en faisant fi de l’interdiction.La mode devint un besoin. L’édit fut transgressé et on ré-autorisa la fabrication. C’est alors qu’Oberkampf, dont le père et le grand-père étaient indienneurs, fut démarché par un industriel du quartier des Gobelins qui avait pressenti ses talents pour l'entrepreneuriat.

Les meilleurs clientes sont Marie-Antoinette, Madame de Pompadour, Elisabeth Louise Vigée Le Brun, artiste portraitiste de la reine qui toutes apprécient de coordonner le tissu des fauteuils avec le papier peint mural dont la Manufacture Réveillon a fait sa spécialité. S’il est plus fragile, le papier est néanmoins imprimé selon la même technique que le tissu.


Ce dessin s'inspire du décor d'imbrication propre aux monticules des arbres de vie des palampores, appelés les tertres, qui symbolisent la terre. Pour autant, ce motif apparait en 1789 dans les archives de al manufacture sous le nom de "motifs chinois imbriqués".
Le principe du motif d'imbrication est d'isoler et d traiter à part entière chaque écaille qui est décorée d'un contour plus ou moins ornemental, rempli de petits bouquets, etc … Le découpage très graphique des écailles, l'accumulation des formes et la multiplicité des coloris permet aux dessinateurs de Jouy de laisser libre cours à leur créativité et de décliner ces motifs placés en quinconce. Ils se déclineront sous la forme d'écrans, de pétales, d'éventails, évoquant tantôt la Chine et ses décors de rocaille, tantôt l'Orient avec le lotus et le papyrus égyptien. ils connaitrons un succès important et seront imprimés jusqu'au début du XIX° siècle.
Ce sera la deuxième manufacture française la plus importante après les verreries Saint-Gobain avant la Révolution Française. Elle a reçu en 1783 le titre de Manufacture royale et le droit d’apposer la couronne et la fleur de lys dans le cartouche de "chef de pièce", ancêtre de la notion de traçabilité si revendiquée aujourd’hui, garantissant la provenance et la mention "bon teint", opposée à celle de "petit teint" (lisible sur la photo ci-dessous) car la toile de Jouy ne perdra pas ses couleurs au fil des lavages. La raison en est l’emploi de sels métalliques comme mordants avant les application de couleurs, sauf pour l’indigo qu’on ne peut pas fixer par ce procédé.




Jusqu’en 1770 on n’utilisera que des plaques gravées sur bois.
Des clous étaient utilisés pour se repérer avant d’apposer de nouveau la plaque de manière à ce que le raccord de motif soit imperceptible.On est loin des toiles à personnages qui sont restées dans nos mémoires. Un aperçu de la diversité des motifs nous est donné dans une vitrine munie d’une loupe (ci-dessous à droite) Planche d'empreintes, nom donné aux essais, qu’on peut scruter à la loupe pour en discerner le moindre détail (photo jaunes). Plus loin on verra que la flore d’Ile-de-France constitue une énorme source d’inspiration.. Oberkampf fonctionnait un peu comme le fera plus tard la filature Bergère de France en envoyant à sa clientèle des série d’échantillons.

Chaque indienneur a ses propres mélanges de pigments et l’espionnage est monnaie courante (notamment par un concurrent installé à Bièvres) mais Oberkampf ne sera jamais égalé.
L’emploi de sel de fer et de garance donne des tons rouges, bistres, marrons. Si on utilise plutôt du sel d’aluminium le résultat sera orangé, ou rose. Oberkampf aimait beaucoup cette teinture et avait tenté de cultiver sa propre garance vers La-Haye-les-Roses. Le pastel étant hors de prix on lui a préféré l’indigo. Quant aux verts, aussi surprenant que cela puisse paraître, puisqu’il existe une infinité de verts dans la nature il n’existe pas de teinture naturelle. On colorie donc en jaune puis en bleu.






Les toiles de Jouy offrent des combinaisons de motifs alliant la fleur à des rubans, des arabesques, des guirlandes, des cordelettes, des montants ondulants, des rayures cannelées, des damiers et des dentelles. les dessinateurs proposent des décors reprenant des éléments caractéristiques de la passementerie et de l'art tapissier. parfois, les effets du tissage des étoffes sont transposés en impression : les hachures imitent le brocart, les stries copient le sergé, les bandes verticales rappellent le pékin, les chevrons sont empruntés au droguet, ou les dégradés reproduisent les chinés.
La Manufacture Oberkampf revendique même cette appartenance avec son célèbre motif Roses chinées à la branche, vendu sur le commerce dans la gamme des "Chinés imitation soie" lancée en 1775. La référence à la soierie est d'ailleurs accentuée par le lustrage de la toile -une pratique venue de l'Inde- pour donner un effet glacé à la surface du tissu. Les bourses moins garnies peuvent aussi s'offrir une étoffe colorée et brillante, proche de la soierie lyonnaise.



Ce fut l'occasion de proposer un nouveau genre d'indiennes en passant commande de dessins à de véritables artistes-peintres à partir de 1775. Jean-Baptiste Huet (1745-1811) se révèla être un dessinateur animalier hors pair, rendant les scènes pastorales françaises bien plus vivantes que les anglaises. Elles fourmillent de détails. Le regard est partout interpelé. Le chien semble sauter réellement sur celle-ci inspirée de la fable Le meunier, son fils et l’âne de La Fontaine.

Si la manufacture a réussi à traverser la période trouble de la Révolution française c’est parce que l’industriel -considéré comme plutôt humaniste- donna de l’argent aux armées révolutionnaires et qu’il développa des motifs dans l’air du temps.



En règle générale les toiles à personnages sont employées en décoration pour les lits, les rideaux alors que les fleurs seront utilisées aussi bien pour les vêtements que pour le mobilier. La tendance est inverse aujourd’hui chez les designers comme en témoigne l’exposition temporaire du rez-de-chaussée que je présenterai plus loin.

Le tissu n'est pas imprimé d'un motif de la manufacture mais tout évoque la toile de Jouy, composition, effet visuel et coloris. Chloé est une maison de prêt-à-porter fondée en 1952 par Gaby Aghion (1921-2014), une égyptienne venue s'installer à Paris. Elle proposa un vestiaire chic avec des détails haute-couture.



Cet industriel fut un homme très important qui participa au lancement de la Banque de France fondée par Napoléon III. Ce protestant était extrêmement dévoué à son travail et peu sensible aux honneurs même s’il apprécia sans doute d’être décoré de la Légion d’honneur.
Après la faillite de 1843 tout fut détruit et loti. Ne subsistent de nos jours que la cloche de la manufacture, et puis la petite maison où Oberkampf a démarré au 1 rue du Montcel, à une vingtaine de minutes de marche à pieds du musée.Christophe-Philippe Oberkampf, son frère Frédéric et leur associé furent locataires dans cette maison, dite "Maison du Pont de Pierre" située face à la mairie, le long de la Bièvre. Elle doit son nom à son emplacement à côté du seul pont "en dur" du village. Une plaque retraçant la biographie de l’industriel a été apposée sur la façade.
Pendant la première année, Christophe-Philippe Oberkampf habita seul la petite maison, où faute d'autres meubles, il se contentait d'une table d'imprimeur dont le dessous lui servait de coffre et le dessus de couchette sur laquelle il dressait son lit. Son frère Frédéric logeait à Versailles et parcourait la distance de Versailles à Jouy matin et soir, à pied.C’est là que fut imprimée la première toile, "Le Chinois à la Brouette" le 1er mai 1760. Sa fille, Emilie Mallet, épouse du banquier Jules Mallet, racheta cette maison en 1835 pour y fonder une salle d'asile, ancêtre de l'école maternelle, pour y accueillir gratuitement les enfants des "mères laborieuses" âgés de 3 à 6 ans. Acquise par la ville en 1978, la maison abrite actuellement l'école de musique. Un agrandissement y a été apporté il y a quelques années.Elle racheta également en 1854 une ancienne guérite dite "aux épingles", la seule qui ait été sauvée et la fit restaurée. Elle a été déplacée en 1995 dans ce jardin. Elle servait à ranger les boîtes contenant les épingles drapières qui permettaient d'attacher, après teinture, les toiles pour les mettre à sécher. Cette tâche était exclusivement dévolue aux enfants.La famille étant protestante, les inhumations ne pouvaient pas se faire dans le cimetière paroissial. Leur lieu de sépulture initial, "L'Elysée", était un enclos funéraire familial aménagé par Madame Oberkampf dans le Parc du Domaine du Montcel, tout proche. Les cénotaphes d'Oberkampf, de sa seconde épouse Elisabeth née Massieu, de leur fils Alphonse décédé à 17 ans et de six autres membres de la famille ont été transportés dans le jardin de la maison de pierre en 1982.Christophe-Philippe Oberkampf fut un chef d'entreprise en avance sur son temps, veillant au perfectionnement des savoir-faire de ses ouvriers, tout en se montrant attentif au progrès de al science. Il sélectionne les meilleurs matières premières, et développe un réseau commercial international. la manufacture est ainsi devenue en 1803 la troisième entreprise de France par l'importance du capital et le nombre de ses ouvriers, après les mines d charbon d'anzia et la miroiterie de Saint-Gobain.La prospérité économique alla de pair avec une ascension sociale. Simple ouvrier immigré protestant, naturalisé en 1770, il est anobli en 1787 et décoré de la légion d'honneur en 1806 par Napoléon Ier en personne. Il accorda sa bienveillance à ses employés en créant une caisse de secours permanent bien avant l'instauration des lois de protection sociale.Malheureusement, ce sera à partir de cette année-là (1806) que les affaires vont se compliquer en raison du Blocus continental orchestré par les Anglais. La manufacture ne parvient plus à s'approvisionner en drogues et en toiles. les prix flambent. La fabrication décline et le décès d'Oberkampf en 1815 rend difficile la succession par son fils Emile. L'entreprise est racheté, la production diversifiée mais la liquidation est inévitable en 1843. Tout est vendu et la plupart des bâtiments seront détruits.L’exposition temporaire Motifs d’artistes :L’exposition Motifs d’artistes, qui sera présentée jusqu’au 14 janvier 2024, retrace l’histoire du design dans l’industrie textile depuis le XVIII° siècle pour mettre en lumière les liens qui unissent les artistes à la création textile.Elle revient sur l’origine du métier de designer textile et le rôle des artistes dans la création de motifs. En s’adaptant aux contraintes techniques propres au domaine textile, ces inventeurs de formes donnent naissance à de véritables ornements, reflets de leur univers artistique, des tendances et des pratiques de consommation de leur temps. Les pièces exposées retracent deux siècles d’histoire en mettant en relief l’importance de premier plan prise par le dessinateur au sein d’une production textile qui connait un essor considérable. Certaines manufactures n’en avaient pas et les graveurs étaient "réduits" à copier des estampes.J'indiquais un peu plus haut que lorsque la manufactureemployait 1318 ouvriers ils n’étaient que 3 dessinateurs (contre 40 graveurs sur bois)ce qui était très peu mais leur rôle était déterminant. Leur formation étant essentielle, ils avaient accès aux peintres et aux musiciens pour acquérir la capacité d’anticiper les tendances. S’ils étaient rémunérés jusqu’à dix fois plus qu’un ouvrier spécialisé ils n’étaient considérés ni plus ni moins et ne signaient pas leurs dessins. Même Horace Vernet (1789-1863), petit-fils du célèbre peintre de la mer Joseph Vernet dont j’ai admiré il y a quelques jours les immenses toiles au Musée de la marine.



En même temps que s'est propagée la philosophie des lumières, se sont développées des écoles de dessin dans toutes les grandes villes au XVIII°. Elles sont gratuites et ouvertes à tous, donc aux femmes, qui ne pouvaient pas accéder aux académies de peinture. Dans les années 1820-1830 se créent une trentaine d’ateliers de dessin pour fournir toutes sortes de motifs aux papetiers, bronziers, fabricants de vêtements …




Malia Isola est une designasse textile finlandaise dont le nom est indissociable de l'entreprise de mode et d'ameublement Marimekko dont le motif Unikko est devenu la référence et qui lui permit de sortir de l'anonymat.

Pendant la période 1912-1928, Dufy (1877-1953) fut dessinateur chez Bianchini-Férier, une maison de soierie lyonnaise avec laquelle il était lié par un contrat d'exclusivité. Il réalisa des centaines de dessins pour la mode et l'ameublement. S'il était peintre il maitrisait l'industrie textile






Ce fut bien entendu le cas de Miaou dans les années 190-2000 où elle donne vie à d'adorables petits chats qui devinrent son motif le plus populaire.
Sonia Rykiel (1930-2016) créa un univers textile identifiable à ses rayures, noir et blanc puis colorées comme en témoigne cette robe pull de 1996 en jersey de laine et ceinture en maille de laine. On pourra scruter une page de ses nombreux carnets de croquis ainsi qu'une des fiches de couleur de la maison qu'elle créa en 1968.


En novembre de la même année le musée des arts décoratifs consacrait une très belle exposition à son travail, joliment intitulée Exhibition. Quelle tristesse de constater que la boutique qui était aussi son QG n’existe plus boulevard Saint-Germain (première photo ci-dessous), ni celles qui portaient le nom de sa fille Nathalie rue des Saint-Pères.


Il a marqué le monde de la mode en créant des robes-tableaux en collaboration avec des artistes comme Keith Haring, Gérard Garouste, Ben …



Sur la droite on a un gros-plan de la toile de coton pour ameublement "Les Angelots" créée par Jean-Paul Gautier pour Lelièvre en 2013.
Si l'on pense que Christian Lacroix avait créé à partir la célèbre toile de Jouy Paul et Virginie, dessinée par Jean-Baptiste Huët, et représentant des scènes illustrant le roman … on peut dire que la boucle est bouclée.

Mardi de 14h à 18h
Mercredi au dimanche de 11h à 18h
Ouvert les jours fériés sauf le 1er janvier et 25 décembre
Virginie et Paul au pays de la toile de JouyExposition temporaire dans les salles de reconstitution historique30 novembre 2023 - 7 janvier 2024
Motifs d’artistesExposition temporaire dans la grande salle du rez-de-chaussée16 juin 2023 - 14 janvier 2024
