Léonard Lasry so far : 2017-2021 (ou, Les années Elisa Point)

Publié le 19 janvier 2024 par Heepro Music @heepro

Alors que son tout nouvel album va enfin arriver dans quelques semaines – avec un visuel signé Pierre et Gilles ! –, il est temps de revenir sur ses précédents albums qui, déjà, avaient été composés par Léonard Lasry lui-même et en collaboration avec Elisa Point pour les textes. Car, oui, Le Grand Danger De Se Plaire sera alors, en quelques années seulement, leur quatrième œuvre ensemble. Pour les amateurs, sachez aussi qu’il a notamment composé pour, entre autres artistes, Charlotte Rampling ou Véronique Sanson.

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« Les miroirs n’ont pas de mémoire ». Et le hasard ne fait pas seulement bien les choses : il nous démontre aussi souvent que c’est à nous de le provoquer, c’est-à-dire, que nous même pouvons parfois transformer ce hasard en chance. Grâce à un certain artiste suédois, j’ai donc découvert l’artiste français Léonard Lasry il y a quelques semaines, tous deux ayant publié leur dernier album en 2017 sur 29 Music, label qu’il a lui-même créé afin de produire tout une multitude de projets qui sont artistiques au sens le plus large du terme.

Avant La Première Fois est l’œuvre de la collaboration entre le chanteur-compositeur français et la parolière Élisa Point, venant s’ajouter à leur travail deux collaborateurs de prestige en toute fin d’album : d’abord le saxophoniste Ian Young sur le magnifique – et je pèse mes mots – « Les merveilles du passé », puis le chanteur suédois Jay-Jay Johanson, à qui il offre le microphone sur « La vrai fatigue de Paris », l’un des autres moments phares de l’album.

Auparavant, c’est bien la voix de Léonard Lasry qui tour à tour nous fait valser, nous berce, nous percute sur des musiques de sa propre composition (à l’exception de « Personne n’est à personne », qu’Élisa Point a entièrement écrite et composée), lui, qui est adulé dans l’univers de la mode de Paris à New York, et qui, parfois, fait également des incursions dans des bandes originales pour le cinéma. Un touche-à-tout ? Peut-être bien.

Mon premier émoi avec l’album est sans hésitation « Le seul invité » (l’un des singles), doux et animé, mais finalement très mélancolique. Plus loin, ce sont « Chaos » ou « Dans le mystère des jours » qui me touchent de toute leur subtilité.

Initiant un final de noctambules tel un triptyque irrémédiablement parisien et merveilleux, « Intimes et étrangers » s’ouvre avec de splendides cordes, puis « Les merveilles du passé » et « La vraie fatigue de Paris » viennent clore cette fin – fin de nuit et petit matin se fondant l’une dans l’autre sans que l’on sache vraiment si l’on est plus fatigués de ce que l’on vient de vivre, ou alors éveillés et avides de vivre une nouvelle journée pleine d’émotions diverses et complémentaires.

Tout cela, c’était avant la première fois…

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J’avais découvert Léonard Lasry en janvier, son dernier album remontant à l’année 2017. Comme souvent, chaque début d’année continue d’apporter son lot de découvertes de l’année écoulée, tout en révélant dans le même temps des nouveautés. Dans tous les cas, Avant La Première Fois serait sorti cette année ou il y a plusieurs années en arrière, le résultat serait le même. Et aujourd’hui, c’est en quelque sorte d’un double album que je vais vous parler.

En effet, cette version deluxe inclut l’album original auquel s’ajoute un second disque très justement intitulé Après Le Feu Des Plaisirs. Il s’agit de onze versions voix-piano de chansons de Léonard Lasry, pour la plupart tirés de l’album Avant La Première Fois, mais également avec un duo.

Pour moi, cette chanson avec la chanteuse carthaginoise Amina est un sommet incontournable de ce disque bonus et justifierait à lui seul qu’Après Le Feu Des Plaisirs ait pu être publié tout seul.

D’une certaine façon, si Léonard Lasry et sa plume Élisa Point (pour tous les textes mais aussi certaines musiques) forment un duo déjà magique, un seul des artistes qui collaborent sur l’un ou l’autre disque de cette édition bonus ferait pâlir n’importe quel chanteur actuel. Qu’il s’agisse de Jay-Jay Johanson (« La vraie fatigue de Paris ») et Ian Young (« Les merveilles du passé ») sur le premier disque ou, donc, Amina (Amina Annabi) sur le « Que va-t-on devenir ? », Léonard Lasry sait laisser la juste place à ses invités.

Voici dès lors pour nous, avec cette réédition deluxe, une nouvelle raison de ne pas passer à côté d’Avant La Première Fois. Ou du plaisir caché Après Le Feu Des Plaisirs.

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Alors que l’on attendait son nouvel album, et même un EP avec des chansons extraites de cet album histoire de nous faire patienter, l’histoire de ce printemps a, évidemment, tout bouleversé. Ainsi est né Se Revoir Peut-Être, de façon inattendue mais tellement logique. Il ne s’est pas contenté de faire des live en direct via les réseaux sociaux. Il a également commencé, s’en trop y réfléchir ou anticiper quoi que ce soit, à jouer et a créé la chanson « Se revoir peut-être », que l’on retrouve logiquement en ouverture de cette nouvelle œuvre surprise.

Comme toujours, piano et voix sont maître et maîtresse dans l’univers de Léonard Lasry, tels deux amants qui n’avaient qu’une chose à faire, d’être continuellement l’un avec l’autre. Neuf chansons sont arrivées, simplement, fruits du travail toujours aussi magique de l’artiste avec sa plume d’or Élisa Point, qui lui a même composé les chansons « Vivre vite » et « Dépêche-toi ».

Élisa et Léonard aiment toujours autant le sud (« Naples »), le cinéma (« Vivre vite » avec sa guitare qui me donne même une impression de douceur enivrante très bossa-nova) ou les références littéraires (« Ces reflets dans un œil d’or » et « Bovary », respectivement d’après Carson McCullers et Gustave Flaubert bien sûr).

Un petit album, en une douce demi-heure, qui a tout d’un grand album et s’avère être un splendide successeur à Avant La Première Fois. Après, je ne suis pas objectif tant il me touche : j’apprécie les textes, j’aime la voix et j’adore le piano.

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Il y a des fois où il faut tout simplement savoir tourner la page…

Repartir non pas de zéro (c’est mission impossible et, même si c’est souvent difficile, tant mieux !) mais laisser de côté la page précédente pour se concentrer sur la beauté, l’angoisse, l’incompréhension, le suspense ou tout autre chose de la nouvelle page qui pourtant lui succède directement et en est la continuité sans pour autant la répéter. Chaque mot ayant son importance.

Pour ce nouvel album du Parisien, c’est exactement ce que je devais faire mais le souvenir trop présent de son dernier album m’a empêché de le découvrir avec une oreille nouvelle et libre de toute attente. Heureusement, en musique, on succombe habituellement après plusieurs écoutes.

J’avais découvert Léonard Lasry en 2017. C’était avec l’album Avant La Première Fois. L’an passé, alors même qu’il était déjà en pleine réflexion sur son nouvel album, le confinement lui a offert, ou imposé, une pause pendant laquelle sont nées de nouvelles chansons qu’il a réuni dans Se Revoir Peut-Être, album essentiellement joué au piano.

Sorti de cette période si lourde et floue que le monde entier ou presque a vécu pendant de longues semaines, Léonard a repris son projet simplement interrompu et dont le titre, Au Hasard Cet Espoir, semblerait presque une coïncidence voulue.

Toujours en symbiose avec Elisa Point à l’écriture, Léonard Lasry a composé 16 nouvelles musiques sur lesquelles il chante les merveilleux textes d’Elisa… et ce n’est sûrement pas un hasard si ce duo fabuleux a écrit et composé trois des nouvelles chansons d’une certaine Sylvie Vartan, Léonard en ayant composé deux autres également.

Au Hasard Cet Espoir est œuvre musicale à lire comme on écouterait un livre de nouvelles… que l’on dévore soit d’une traite, soit une seule nouvelle, pardon, une seule chanson à la fois. Et je l’aime de plus en plus.

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(in Heepro Music, le 19/01/2024)

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