Il y a des jours où la vie nous referme brutalement une porte en plein visage. C'est ce que j'ai reçu hier. Une porte que je connais très bien et que je tente de pousser depuis très longtemps mais qui se referme à chaque fois.
J'ai vécu ensuite larmes et colère contre une situation envers laquelle je me sens encore et toujours impuissante, sans comprendre, sans avoir de réponse que celle de garder espoir que la porte s'ouvrira bientôt.
Il y a très longtemps que je n'avais pas pleuré ainsi. Les sanglots qui viennent du fond du coeur, du ventre, de l'âme, de la colère aussi et l'envie de crier mon désespoir d'un jour ouvrir cette porte. Les larmes qui n'arrêtent pas de couler. Le coeur qui se serre ou fait des soubresauts dans l'eau, les bras ballants d'impuissance devant une vie à vivre derrière cette porte blindée.
J'ai écrit une quinzaine de pages dans mon journal afin de déposer, décanter, prendre de la distance de toutes ces émotions et tenter de trouver des réponses. J'ai fait un exercice de thérapie qui m'a fait voir et comprendre des choses mais je n'ai pas compris encore...
Je me suis finalement calmée et ai regardé un film un peu drôle qui m'a changé les idées. Il ne sert à rien de rester dans sa mélasse. Elle n'est que passagère même s'il est important de la vivre à fond.
La balade
J'ai quand même passé une nuit plutôt calme. Ce matin, mon âme m'a poussée à sortir pour aller me ressourcer sur un chemin de forêt que je connais bien puisque j'y vais depuis une vingtaine d'années. Je ne devais pas rester dans ma tristesse qui remontait encore et j'avais besoin de signes, de réponses. La nature est là pour nous guider et c'est là que j'aime aller me ressourcer.
Il faisait -15 o C. J'ai mis mon manteau très chaud, ma tuque, mon foulard et mes mitaines ( = mon bonnet, mon écharpe et mes moufles, en français de France) et je suis allée marcher d'un pas rapide sur ce chemin de près de 3 km dans la neige crissant sous mes pieds.
J'ai fait une boucle. Au départ du chemin, j'avais le choix de faire la boucle en commençant par le côté ensoleillé ou le côté dans l'ombre. J'ai choisi l'ombre pour arriver, à la fin, au soleil.
Les signes
Sur le chemin, j'ai prié et posé des questions car je veux tellement comprendre et libérer cette situation. Je me suis arrêtée, un moment donné, et j'ai posé une question au Grand Esprit en regardant le ciel. Je me suis retournée alors spontanément et j'ai reçu une réponse dans la configuration des arbres qui étaient devant moi. Quand on est prêt à les recevoir, les réponses arrivent rapidement.J'ai continué mon chemin en recevant encore quelques signes pour arriver, à fin, au soleil du bout du chemin. Symbolique mais clair. La lumière est toujours derrière les nuages ou au bout du chemin !
J'ai fermé les yeux et mis la main sur mon coeur pour remercier le Grand Esprit. Merci pour cette balade dans laquelle j'ai reçu des signes et la force de continuer avec espoir et confiance que cette porte blindée qui est devant moi et m'empêche de réaliser certains rêves depuis toute petite va enfin s'ouvrir.
Je suis allée à mon auto et, en démarrant, sur le petit poteau-signal qui délimite le bord du chemin et le nom du déneigeur qui s'en occupe, j'ai vu un dernier signe, tellement clair et évident même si j'ai de la peine à y croire. J'ai ri et remercié encore.
Qui garde la porte fermée ?
Des portes s'ouvrent et d'autres se ferment dans notre vie. Si elles se ferment, c'est éventuellement qu'on n'a pas à prendre ce chemin mais il se peut aussi, dans mon cas en l'occurrence, que ce soit parce qu'une "force" intérieure ou extérieure m'empêche de l'ouvrir. Une croyance limitante forgée à partir d'un trauma, par exemple, ou un karma à payer, ou une croyance qu'on porte depuis des générations, ou un sort envoyé par un marabout, etc...
La cause peut provenir de n'importe où et, la plupart du temps, on la trouve là où on n'aurait jamais pensé la trouver. Comme la cause de ma dépression dans laquelle je suis tombée à 18 ans et d'où j'en suis sortie à 52 ans grâce à un moine au Sri Lanka.
Une des réponses (au fait que ma porte ne s'ouvre pas) que je reçois ce matin est que ce n'est pas parce que quelqu'un ou une situation la garde fermée. C'est moi qui pense me protéger encore de bien des choses en la refermant moi-même dès que je l'entrouvre car le trauma sous-jacent est tellement énorme que des peurs m'empêchent de l'ouvrir.
Pour confirmer le tout et me prouver que j'ai raison de me protéger, j'attire des personnes qui vont me dire ou faire quelque chose qui vont me faire refermer la porte et, ainsi, qui va me prouver que je devais la garder fermée pour ne pas me faire mal. La psyché humaine est assez tordue parfois !
L'espoir et le test ultime
Aujourd'hui, après une vie à cheminer seule, j'aimerais avoir quelqu'un qui me permette d'ouvrir cette porte, me tende la main et me dise que c'est OK, que ce ne sont que des croyances et des peurs qui la bloquent, que je mérite que cette porte s'ouvre sur un avenir lumineux et heureux.Je le sais. Je le sens, pourtant, mais je n'arrive pas à pousser cette porte où, dès qu'elle s'ouvre un peu, elle se referme brutalement car personne ne me tend la main et la tient assez fort pour m'aider à ouvrir cette porte définitivement au Bonheur.
La violence de cette prise de conscience m'amène à penser qu'elle constitue ce que j'appelle " le test ultime " : on enlève des pelures d'oignons sur chacun de nos enjeux au fur et à mesure qu'on avance dans notre cheminement jusqu'à arriver à voir cet enjeu comme une évidence énorme sur l'écran de notre vie. Parfois tellement énorme que c'en est presque risible. On sait alors que c'est probablement la dernière pelure qu'on est en train d'enlever et qu'on va finalement libérer et guérir cet enjeu.
Je sais aujourd'hui que cette porte que je n'arrive pas à ouvrir provient d'un violent trauma que j'ai vécu quand j'étais très jeune, doublé d'autres blessures de rejet et d'abandon vécus dans des situations et avec des personnes bien précises, qui ne sont jamais remontés en thérapie.
La mise en conscience constitue 50% du chemin de guérison. L'autre 50% va se faire en suivant avec foi les signes de la vie que tout va guérir et bien aller et qu'un magnifique cadeau m'attend derrière cette porte. Je le sens. Je le sais.
" Crois seulement " est la devise de la famille.
Avec tout mon Amour,
Dominique
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