Polar du mois : La vengeance de Térésa Claudio Fava ou le combat d'une vie

Par Filou49 @blog_bazart
samedi 13 janvier

Teresa, jeune sicilienne de trente-deux ans, travaille à Rome pour une association proposants des soins palliatifs.

Elle a quitté son île après ses études. Trop de souvenirs douloureux.

Son père, un commerçant honnête qui dénonçait le racket systémique de la Mafia sévissant dans la ville de Catane, fut assassiné devant sa boutique.

La rencontre d'un patient, ancien membre des Brigades Rouges, tout juste sorti de prison car en phase terminal de cancer, va raviver un esprit de vengeance qu'elle pensait avoir enfoui à tout jamais.

Huit ans après la mort de son père, Teresa est de retour en Sicile pour rendre elle-même sa justice.

Petit polar sec et nerveux qui ne s'embarrasse pas de détails et de circonvolutions superflus. Personnages et situations parfaitement construits, rapide et efficace, “ La vengeance de Teresa ” est aussi et surtout un état des lieux précis et sans concession d'une île au main d'un réseau mafieux qui règne par la terreur. Claudio Fava est un journaliste, un écrivain et un homme politique italien qui a fait de la dénonciation du crime organisé, le combat de toute une vie.
Extraits " J'étais décidé à tout laisser derrière moi, ma mère, feu mon père, cette odeur de moisi qui, désormais, commençait à s'exalter de ma vie. Même la colère. Au début elle était nourrie au pain et à l'eau, pour la rendre plus désespérée et les années passant, elle s'était amaigrie, assagie. A la fin, ses morsures, je ne les sentais plus. Alors je suis partie. Je voulais tirer un trait bien droit sur mon passé. Et je voulais me trouver un homme. Un homme qui n'allait pas me proposer des mélancolie d'émigrant. Un gars capable de me parler d'autre chose. Et peut-être aussi de me dire qu'il me trouvait belle. Moi, je me trouve belle, ma mère pas. Elle dit que je mange peu et que ça me donne des cernes, qu'on peut compter mes côtés sous mon tee-shirt, que j'ai les cheveux filasse comme des spaghetti trop cuits et que je ne sais pas les coiffer. Moi, au contraire, j'aime bien mes cheveux, si fins qu'ils me collent à la figure ; j'aime aussi mon visage effilé, je me regarde dans le miroir et je me dis : voilà, on dirait une de ces femmes peintes par Modigliani. Les yeux étroits, pleins et allongés, ce même air pensif sur certains de ses portraits que l'on gardait accrochés aux murs du couloir quand j'étais  petite fille. " 

La vengeance de Teresa

Claudio Fava Editions Anne-Marie Métailié