L’histoire officielle retient que c’est sous l’impulsion du président Paul Biya que le Cameroun a pu conserver la péninsule de Bakassi en 2009, après un first juridique retentissant face au Nigeria. Pourtant, les coulisses de cette bataille homérique révèlent le rôle déterminant d’un autre homme : Maurice Kamto. Portrait d’un fin stratège qui a su remettre la procédure sur les rails.
Bakassi, un dossier ultra-sensible
Pour bien comprendre, un peu de contexte s’impose. En 2002, le Cameroun essuie une terrible défaite en justice dans le cadre du conflit frontalier qui l’oppose historiquement au Nigeria au sujet de la péninsule pétrolifère de Bakassi. La Cour de Justice Internationale (CJI) tranche en faveur d’Abuja, infligeant du même coup un terrible camouflet à Yaoundé.
Mais Paul Biya refuse de s’avouer vaincu. Conscient des enjeux colossaux, aussi bien géostratégiques qu’économiques, il décide de continuer le combat en faisant appel de la décision. C’est alors qu’il fait appel aux service d’un juriste réputé : Maurice Kamto.
Kamto reprend les choses en main
En 2005, Me Kamto est donc chargé de piloter l’équipe de défense du Cameroun pour ce second round judiciaire à haut risque face au Nigeria. D’emblée, son diagnostic est sans appel : pour remonter la pente, un sérieux toilettage s’impose.
Exit ainsi les “losers” de la première bataille, à commencer par Jacques Fame Ndongo, Joseph Owona ou encore Clément Abate. Tous sont tout bonnement écartés par le nouvel homme fort du dossier. Son message : place aux compétences !
Lire aussiMRC : Me Tamfu Richard chassé après Commentaire sur l'Âge de Kamto pour la Présidentielle de 2025Maurice Kamto impose également une cure d’austérité drastique. Fini les dépenses somptuaires de l’époque Owona qui réclamait 3 milliards FCFA par an pour gérer l’affaire. Le budget est rogné à 730 millions annuels : de quoi motiver les troupes !
Grâce à cette reprise en main efficace, Me Kamto parvient à redresser la barre et à offrir une improbable victoire au Cameroun fin 2009. Le trophée Bakassi est sauvé, au grand dam des caciques écartés qui ne lui pardonneront jamais cet affront.
La genèse d’une haine tenace
Car Maurice Kamto s’est fait de solides ennemis dans le camp Biya à l’occasion de ce dossier ultra-sensible. Humiliés d’avoir été mis sur la touche, Jacques Fame Ndongo et consorts lui vouent désormais une haine féroce. Un ressentiment toujours vif aujourd’hui, qui explique en grande partie l’ostracisation dont il fait l’objet sur la scène politique camerounaise.
Pourtant, le Cameroun lui doit une fière chandelle. Sans le sursaut d’orgueil de cet avocat brillant, nul doute que l’histoire de Bakassi aurait été bien différente. Et c’est peu dire ! Mais au pays de la mémoire sélective, certains préfèrent occulter ce détail…