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The National revient avec ce qui est déjà, presque incroyablement, son neuvième album studio. En effet, le quintet s’est formé en 1999, ce qui fait un joli rythme d’un nouveau recueil de chansons tous les deux-trois ans. Pour First Two Pages Of Frankenstein, comme pour nombre d’autres artistes, il s’est écoulé un peu plus de temps, le dernier remontant à 2019, soit avant la crise sanitaire nous ayant tous confinés.
Après huit album dont certains se sont vus recevoir des critiques dithyrambiques, le groupe américain retrouve cette même plume magique – écoutez juste le single « Eucalyptus » et vous en serez convaincu.
Le titre de l’album vient simplement de l’habitude qu’a Matt Berninger de prendre un livre de sa bibliothèque lorsque l’inspiration lui manque, afin que les mots lui parviennent plus facilement. Et c’est ainsi que les deux premières pages de Frankenstein lui ont inspiré les paroles de « Your mind is not your friend ». J’ai donc pris le livre, que je possède de mémoire depuis le lycée, et en ai lu ce qui correspond à la toute première lettre de Robert Walton, alors qu’il est à Saint-Pétersbourg et projette de partir vers le pôle nord, à sa sœur Margaret Walton Saville, restée en Angleterre.
Qu’il soit seul ou accompagné – magistralement – par Sufjan Stevens, Phoebe Bridgers (pour deux chansons) ou Taylor Swift, le groupe me saisit avec une aisance que peu d’autres artistes ou groupes peuvent prétendre pouvoir atteindre un jour ne serait-ce que sur une seule chanson. Et First Two Pages Of Frankenstein déborde d’émotions et de frissons comme rarement un album y parvient.
Ne me demandez pas pourquoi mais, si je devais classé le groupe, il se retrouverait assurément dans mon panthéon perso aux côtés de R.E.M., Radiohead, Pulp et Father John Misty. Oui, rien que ça !
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Laugh Track suit de quelques mois seulement son grand-frère First Two Pages Of Frankenstein, tous deux ayant été enregistrés au cours d’une même période. Si le lien entre les deux est évident, il faut aussi savoir les séparer pour les apprécier chacun à leur valeur – en effet, s’ils sont bien les deux parties d’un même diptyque, vous devinerez vite, comme moi, que chaque volet ne propose pas la même partie de ce même paysage. D’ailleurs, si l’on retrouve une nouvelle fois Phoebe Bridgers, il y a deux autres nouveaux invités de renom : Bon Iver et Rosanne Cash.
Les chansons datent de la même période, pour autant leur histoire est un peu différente, on l’aura compris. Certes, « Weird goodbyes » était sortie seule en 2022, avant d’être écartée de First Two Pages Of Frankenstein, pour finalement revoir le jour ici, avec Bon Iver. Alors que The National était en pleine tournée de l’album qui venait tout juste de sortir, ils ont réenregistré neuf des chansons de ce qui allait devenir Laugh Track, incluant notamment une version de « Smoke detector » qui, sur scène, à Vancouver, début juin de cette année 2023, a été jouée pendant 12 minutes (!), Matt Berninger improvisant de nouvelles paroles allongeant alors la chanson originale. Le groupe décidera d’ailleurs de conserver ce moment épique, la version enregistrée en studio atteignant désormais quasiment les 8 minutes et servant de finale grandiose à l’album.
Alors qu’il était sorti par surprise en septembre, Laugh Track s’avère pourtant être un album d’une grande maturité, et je suis pour ma part surtout surpris par sa qualité car je l’adore de plus en plus. Je pense que dans quelques semaines, réécouter les deux albums l’un après l’autre leur donnera à chacun une toute autre ampleur. Mais c’est déjà bien le meilleur double-album de 2023, haut la main ! Car oui, il n’est pas question pour moi de départager les deux albums et de savoir lequel je préfère.
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(in Heepro Music, le 08/01/2024)
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