Pablo Picasso
Portrait de Françoise, Paris, 20 mai 1946
Musée national Picasso-Paris. Dation Pablo Picasso, 1979 - MP1351
© Succession Picasso 2023
Photo © RMN-Grand Palais (Musée national Picasso-Paris) / Mathieu Rabeau
À l'occasion de la célébration des cinquante ans de la mort de Pablo Picasso, l'exposition " Picasso. Dessiner à l'infini ", organisée par leCentre Pompidou en collaboration avec le Musée national Picasso - Paris, met en lumière la part la plus foisonnante de sa création à travers la présentation de près de mille œuvres (carnets, dessins et gravures). (18 octobre 2023 - 15 janvier 2024) Galerie 1, niveau 6 qui explore toutes les possibilités du dessin.
Commissariat Anne Lemonnier, attachée de conservation, Musée national d'art moderne Johan Popelard, conservateur du patrimoine, en charge des arts graphiques, Musée national Picasso-Paris Réalisation : Clara Gouraud Montage et mixage : Antoine Dahan Habillage musical : Sixième son
Prologue
L'exposition met en lumière la part la plus foisonnante de sa création en réunissant près de mille oeuvres : carnets, dessins et gravures dont la plupart sont issues de la collection du Musée Picasso-Paris.
Depuis les études de jeunesse jusqu'aux oeuvres ultimes, le dessin est le lieu, pour Picasso, d'une invention toujours renouvelée autour des puissances du trait, allant de la ligne serpentine au dessin hachuré et aux compositions proliférantes, des nuances délicates du pastel aux noirs profonds de
l'encre.
Cette traversée de l'oeuvre graphique, sorte de journal intime tenu compulsivement, dont les carnets sont les exemples les plus précieux, offre une immersion au coeur du travail du dessinateur. L'exposition met en avant l'extraordinaire collection du Musée national Picasso-Paris, issue des ateliers de l'artiste et conservée par lui jusqu'à sa mort. Le parcours proposé, non linéaire, bousculant la stricte chronologie, permet de créer des échos entre
différentes périodes et met en regard des chefs-d'oeuvre reconnus et des dessins présentés pour la première fois.
Plus grande rétrospective de l'oeuvre dessiné et gravé jamais organisée,
" Picasso. Dessiner à l'infini " plonge le visiteur dans le tourbillon de la création picassienne.
Parcours de l'exposition
Visages
toujours renouvelé sur les moyens de la représentation :
" Qu'est-ce qu'un visage, au fond ? " se demandait Picasso en 1946, " sa photo ? son maquillage ? [...] Ce qui est devant ? Dedans ? Derrière ? Et le reste ? Chacun, ne le voit-il pas à sa façon ? "
Ligne pure et prolifération
En bleu
À partir de 1902, la couleur bleue devient dominante dans les oeuvres de Picasso, définissant une période de quelques années dans la production de l'artiste. Guillaume Apollinaire sera le premier à évoquer rétrospectivement ces " peintures bleues " dans un article de 1905. Les figures de marginaux et les scènes nocturnes dans les cafés, presque monochromes, acquièrent une dimension tragique. Le critique Christian Zervos note le " charme étrange " de ces figures qui reviennent " souvent hanter " le spectateur.
Dans les écrits de Picasso, le bleu revient aussi avec insistance, notamment dans Les Quatre Petites Filles, une pièce de théâtre qu'il compose en 1947-1948, où il rend un hommage vibrant à cette couleur : " le bleu, le bleu, l'azur, le bleu, le bleu du blanc,le bleu du rose, le bleu lilas, le bleu du jaune, le bleu du rouge, le bleu citron, le bleu orange... ".
Saltimbanques
En 1905, les peintures, dessins et gravures de Picasso se peuplent de saltimbanques.
Le cirque Medrano dresse alors son chapiteau à quelques pas de son atelier du Bateau‑Lavoir, au pied de la butte Montmartre. Mais plutôt que les feux de la piste, c'est l'envers du décor - la pauvreté, la marginalité, l'errance - que Picasso dépeint ; en cela, il s'inscrit dans une lignée poétique, celle de Charles Baudelaire et de Paul Verlaine. Les échanges avec Guillaume Apollinaire, rencontré cette même année 1905, sont fondateurs. Dans " Crépuscule ",
le poète évoque une arlequine " frôlée par les ombres des morts ", un charlatan
" crépusculaire ", un arlequin " blême " et un aveugle qui " berce un bel enfant " - à l'intersection entre deux mondes, les saltimbanques sont des passeurs vers l'au-delà.
Nus rouges
gouache ou à l'aquarelle rouges, sont parmi les premières oeuvres qui annoncent cette intense phase de travail. Comme absorbées dans un rêve intérieur, les yeux souvent clos, ces apparitions féminines deviennent des images entêtantes, répétées d'un dessin à l'autre.