Traduit de l’américain par Léon Mercadet
Attention, changement radical de genre littéraire sur le blog avec ce titre déniché en boîte à livres. Bien qu’il se termine à la veille de Noël, nous sommes loin du conte. Vous connaissez, j’imagine John Fante, dont j’ai lu pour ma part Mon chien stupide et Demande à la poussière. Dan Fante est son fils, et ce n’est pas un détail lorsque l’on lit ce roman qui tourne autour de la figure paternelle et est bourré de références à John Fante… Bruno Dante, le narrateur sort un 4 décembre d’une énième cure de désintoxication. Il est alcoolique et a déjà rechuté à maintes reprises. C’est Agnès, sa femme, qui vient le chercher. Il ne reste plus grand chose de ce mariage mais Agnès est encore là pour lui apprendre que son père, Johnathan Dante, est sur le point de mourir. Bruno retrouve la maison paternelle, son jeune frère Fabrizio, et le vieux chien Rocco. A peine sorti de sa cure, Bruno recommence à boire, sans cas de conscience. Il faut bien affronter la mort prochaine de l’écrivain célèbre, devenu scénariste pour Hollywood, personnage acariâtre et imbuvable. Mais lorsque Bruno boit, tout peut partir en vrille. Surtout que lui vient l’idée rocambolesque d’emmener le vieux chien Rocco à l’hôpital pour voir son maître avant de mourir, traînant pour ce faire le cadavre putride d’un écureuil, dernier trophée du chien. S’ensuivra ensuite un road trip étonnant dans le décor d’un Los Angeles ayant la gueule de bois, un road trip dans lequel Bruno, en compagnie du vieux chien Rocco, semblera chercher à la fois à se perdre et à se retrouver… Je dois dire que j’ai aimé, avec ce titre, changer de style de lecture, bien que ce roman soit très (trop) trash. Ce livre n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains. Mais son écriture est superbe, étourdissante, empreinte d’une poésie rude. La chute de Bruno Dante semble inexorable, et elle est particulièrement éprouvante pour le lecteur qui lit le récit d’un type bourré 24h/24. C’est un livre qui parle pour le coup très bien de l’alcoolisme, de ce que ceux qui en sont atteints sont prêts à faire pour une bouteille, de ce qu’ils tentent de noyer. Et puis, il y a la relation au père, et on referme le roman en ayant l’impression d’avoir lu une sorte d’hommage désespéré de Dan Fante au sien.
Editions 10/18 – février 1998
J’ai aimé ce livre, un peu, beaucoup…