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Décès du Pr. Joseph Owona, figure tutélaire aux multiples casquettes

Publié le 07 janvier 2024 par Tonton @supprimez

C’est le deuil national au Cameroun ce week-end. Le Professeur Joseph Owona, éminent constitutionnaliste et personnalité politique de premier plan, s’est éteint dans la soirée du samedi 6 janvier 2024 à l’âge de 78 ans. Retour sur le parcours d’une figure tutélaire aux multiples casquettes.

Une brillante carrière académique

Né le 25 janvier 1945 à Akom dans le Sud, Joseph Owona décroche son agrégation de droit public à la Sorbonne. Dès 1973, il entame une prolifique carrière universitaire au Cameroun en devenant chef du service enseignement et recherche à l’Université de Yaoundé 1.

Tour à tour directeur de l’Institut des Relations Internationales, chancelier de l’Université de Yaoundé, il marquera des générations d’étudiants par la qualité de son enseignement. On lui doit plusieurs ouvrages de référence comme « Droit de la Fonction Publique » ou « Contentieux Administratif de la République du Cameroun ».

Architecte de la Constitution de 1996

Mais Joseph Owona était bien plus qu’un simple universitaire. Son expertise en droit constitutionnel le placera au cœur des enjeux politiques de son pays.

En 1985, il est nommé Secrétaire Général Adjoint à la Présidence de la République par Paul Biya, nouvellement élu. Durant près de 20 ans, il sera l’un de ses plus proches collaborateurs, occupant plusieurs postes ministériels stratégiques.

Son influence est telle qu’il est considéré comme « le père de la Constitution de 1996 » qui consacre le régime hyperprésidentiel camerounais. Même dans l’opposition, sa crédibilité juridique force le respect.

Polémiques et zones d’ombre

Des critiques ont cependant entaché le bilan du « grand prof ». Sa fameuse phrase « tant que je vivrai, un Bamileke ne sera jamais président » a choqué par son tribalisme décomplexé. Et son allégeance indéfectible au pouvoir Biya interroge.

Certains analystes le soupçonnent même d’avoir couvert des irrégularités électorales, sacrifiant l’Etat de droit sur l’autel des intérêts politiciens. Des zones d’ombre qui nuancent quelque peu l’aura de cette figure tutélaire du monde politico-universitaire camerounais.

Par Arsène Obama, 237online.com


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