Weird Omen au Barbe à Plouha, le 16 décembre 2023
michel
Tu sors?
Ai rendez-vous avec la sibylle de Plouha au Barbe, vais vérifier si son présage est néfaste!
Pas de bad omen mais un Weird Omen ce soir, faut-il s'affoler?
Le trio, originaire de Perpignan, est catalogué inclassifiable, quelques étiquettes lui sont toutefois collées: garage, punkabilly, proto punk, trash blues, psychedelic fuzz , gothic noise, saxo punk, dirty surf,... tu peux te faire une idée en déposant un de leurs nombreux enregistrements sur ta platine, vérifie l'état de ton stylus!
Les protagonistes annoncés:
Guitar, une Gretsch flamboyante / vocals : Sister Ray = Martin Daccord (Ray and the Dead Drums)
Baritone sax, retenu par une chaîne de chien, pas sage : Fred Rollercoaster = Frédéric Brissaud (King Khan & the Shrines, Bee Dee Kay & the Roller Coaster, BDK & The UFOzzz)
Drums / vocals : Remy Pablo = Remi Lucas (King Khan Unlimited, The Anomalys, Escobar, Pablo X).
Précisions, pas de Remy pour la tournée qui nous occupe, il est remplacé par un autre frappeur, pas mou: Damiano Fanti ( Thee Oops , King Howl, Dion Lunadon).
Après avoir avalé quelques boissons énergisantes, sérieusement vitaminées, à base d'anis ou de houblon, le trio attaque ( au sens propre et figuré) le set et nos oreilles.
Entrée en matière furieuse signée Sister Ray ( merci le Velvet) et Dam, ' Lord have mercy' dit la setlist, le Seigneur sera sans pitié ce soir, car quand le baryton rapplique, la prière gagne en intensité et en sauvagerie ( tu revois Steve Mackay , croisé un jour au Magasin 4 avec Speedball JR.) , le fuzz se répand à grosses gouttes.
Damiano s'acharne sur les caisses, toms et cymbales, quant au grand Fred, tenue léopard piquée à Emma Roberts, il tire des sonorités perverses de son baryton.
Pas le temps d'applaudir, ils ont embrayé sur un 'No brainer' tout aussi déchaîné.
Fred vient se promener dans le pub, tient à s'agenouiller face à Erwan qu'il confond avec la Sainte Vierge, à l'arrière guitare et drums fulminent.
Yann, mon micro déconne, dixit Sister Ray.
15 secondes pour le remplacer et le trio reprend le chemin des tranchées, 'Shake shake', Parkinson est de sortie.
Le morceau est concis mais d'une efficacité à faire pâlir les Cramps, les iguanes et tous les dictateurs sur terre.
Drumming acharné pour amorcer ' Heartache', sax débridé, guitare sale et chant indéchiffrable ( Dam et Sister Ray, à tour de rôle) , ça cogne sec et sous la ceinture , évite si t'es cardiaque.
'When I get bored', et que fait le guitariste quand il en a marre?
Il refile un coup avec le manche de son jouet dans la boule à facettes que le patron avait acheté sur Le Bon Coin, après un final apocalyptique, c'est '1250' qui déboule et rend tous les pitbulls complètement maboules.
Fondu enchaîné sur 'Jungle Stomp', le jeu très physique de Damiano impressionne, pas moins que les contorsions reptiliennes de Fred, Sister Ray, imperturbable, lui, continue à nous asséner des riffs inflexibles.
Weird Omen travaille dans l'urgence, pas question de fignolage, puissance, efficacité et rendement sont les mots d'ordre.
Le temps de s'éponger, car Dam sue pire qu'Eugène, et le trio infernal reprend son chapelet: pour Simon, qui s'est assoupi, ' Wake Up' mais pas en douceur, suivi de 'Problem in ur brain' et une dernière, annonce Sister Ray, 'I can't stand it' , pendant lequel sax et guitare se livrent un duel, sans banjo, dans la salle.
Ils se ravisent et balancent une dernière tranche fumante, 'Warsaw', emprunté à Joy Division.
Un peu plus de 40' de furie démentielle, idéale pour se nettoyer les canaux auditifs.
Fin du set, la sono diffuse ' Dazed & Confused' du Zep, qui paraît bien fade après le carnage sonore auquel on a assisté.