C’est chose faite. La Fontaine Stravinsky a retrouvé ses couleurs d’origine, de jour comme de nuit.
Il fallait évidemment que ce soit un hommage au compositeur russe en s’inspirant du « Sacre du Printemps ». Les sculptures sont toutes mécanisées, en perpétuel mouvement, qui font référence à la musique en général et aux ballets, d’où le second nom de Fontaine des Automates. Elles sont animées par des jets d’eau, en circuit fermé, avec 100 % de l’eau des animations des œuvres qui est recyclée. Il est intéressant de savoir que Jean Tinguely a exceptionnellement réalisé ses sculptures en aluminium pour que le tout puisse soutenir le poids de la glace lors de périodes de gel en hiver.
Quelques années plus tard, en 1991, la plasticienne réalisera un autre oiseau de feu qui sera racheté en 2006 par Andreas Bechtler, un collectionneur suisse, pour le Bechtler Museum of modern art de Charlotte (Caroline du Nord, États-Unis). Il sera alors renommé « Le Grand Oiseau de feu sur l’Arche ».
La Fontaine Stravinsky n’était pas leur première œuvre commune. Le pavillon français leur avait passé commande pour l’exposition universelle de 1967 à Montréal. Ce fut Paradis fantastique, un ensemble de neuf sculptures monumentales réalisées par Niki de Saint Phalle, et de six sculptures animées par Tinguely. L’œuvre fut très controversée à l’époque, et failli les empêcher d’entreprendre la Fontaine Stravinsky mais Claude Pompidou, les soutint et cautionna le choix de Jacques Chirac, alors maire de Paris, pour Jean Tinguely, dont il avait admiré la fontaine du Carnaval à Bâle. La collaboration avec Niki de Saint Phalle allait de soi.
Dès son plus jeune âge, Jean Tinguely est fasciné par le bruit de l’eau et la mécanique, qui ont inspiré ses premières sculptures. Le sculpteur s’inscrit dans plusieurs courants, dont l’art cinétique, le nouveau réalisme ou encore les happenings, tout en prônant le recyclable, l’éphémère et l’art en perpétuel mouvement.
Quant à sa collaboration avec Niki, outre l’expo universelle de 67, il y eut le Cyclop de Milly-la-Forêt (Essonne) dont la restauration s’achèvera le 6 avril 2024, et la Fontaine de Château-Chinon (Nièvre) commandée par François Mitterand en 1987.
De son côté, Niki de Saint Phalle aura été une artiste, sculptrice et plasticienne franco-américaine, reconnue pour son talent polymorphe dans divers domaines tels que le théâtre, les performances, le cinéma, la peinture et la sculpture, Elle n’avait pas suivi de formation académique formelle, ce qui lui a permis d’étoffer son style unique et personnel. Elle a commencé sa carrière en tant que mannequin, mais a rapidement ressenti le besoin de s’exprimer artistiquement de manière plus profonde et authentique. Son engagement féministe, symbolisé entre autres par ses « nanas », des sculptures de femmes exubérantes, voluptueuses et très colorées, est l’un des aspects essentiels de son travail.