Et voilà, ça y est, l’habituelle propagande de fin d’année est de retour : à en croire le déferlement d’articulets d’une presse résolument écolo-branchouille, il faut absolument faire un effort pour que ce Noël soit davantage vert !
Car tout le monde sait que ce qui compte pendant ces périodes de fêtes, ce n’est pas de passer des moments essentiels et agréables en famille ou avec des amis, ce n’est pas de partager des repas, quelques cadeaux ou des marques d’affection, non ! Ce qui compte, c’est d’avoir un sapin qui ne pollue pas, des animaux de compagnie éco-contraints et un repas de fête à la facture carbone millimétrée, pardi.
Ainsi, les décodeurs du Monde, égaux à eux-mêmes (c’est-à-dire à zéro) s’empressent de préciser tout cela dans un palpitant récapitulatif de l’empreinte carbone de vos cadeaux, de vos déplacements et de vos repas.
Cela respire la joie de vivre et l’humanisme jovial d’une queue devant une boulangerie en Union soviétique.
Le fait que des “chercheurs”, des “scientifiques” (et plus probablement, des ronds-de-cuir militants) aient passé du temps à élaborer la délirante infographie correspondante et les calculs permettant vaguement d’étayer leurs délires ne semble étonner personne ni à la rédaction de l’épave journalistique qu’est devenu Le Monde, ni même dans le lectorat qui semble gober ce genre d’âneries avec une gourmandise dont on devrait calculer aussi l’empreinte carbone, tiens. Pour les gens normaux, il y a véritablement quelque chose de pathologique ou au moins de maniaque dans ces Gaïatollah qui, une calculette à la main et comme Anubis pesant le cœur des hommes, s’empressent de méticuleusement compter les petits prouts carbones de chaque aspect de nos vies pour en déterminer la rectitude et, le cas échéant, la sanction qu’il conviendrait d’appliquer.
Dans d’autres publications pour âmes perdues, on tente l’explication détaillée sur les raisons qui doivent absolument vous pousser à faire ces efforts et, si possible, vous procurer faux-gras, sapin véritable mais garanti recyclable et décorations moches mais écocompatibles, nourriture bio-végan-gluten-free et issue de filières responsables en biodynamie avec un goût de carton terriblement tendance (oubliez le champagne, il est devenu inabordable de toute façon), tout y est pour joyeusement ruiner vos fêtes.
Même le gouvernement se lance dans ce genre de pignouferies, le dequoijmenmêlisme atteignant des paroxysmes puisque des pages entières de sites internet sont consacrées aux vexations et autres contorsions par lesquelles on se doit de passer afin d’être un bon citoyen syntonisé avec mère-Nature. Au passage on ne s’étonnera même pas que ce gouvernement fasse ainsi de la publicité pour des labels “écovertueux” privés ; pourquoi se gêner quand le lobbyisme des uns devient les voix électorales des autres ?
Cependant, ces affichages vertuels dégoulinants de moraline en barils industriels ne permettent pas de masquer toute l’hypocrisie de nos dirigeants qui, comme à leurs habitudes, s’empressent de lourdement conseiller voire obliger certains comportements tout en s’abstenant pour leur part d’en suivre le moindre précepte. Les recommandations, les obligations et les contraintes écologiques s’entendent assez clairement pour la piétaille et tout le monde sait (et maintenant, tout le monde voit) que cela ne saurait s’appliquer aux ministres, aux secrétaires d’État et autres commis de la République, non mais !
Alors même qu’on nous serine qu’il va falloir faire une croix sur nos déplacements en avion, on se souvient par exemple de Castex qui utilisait celui de la République pour ses petits déplacements personnels.
Notre ancien premier ministre a donc pu goûter à la joie des déplacements rapides, efficaces, ponctuels et surtout payés par le contribuable alors même qu’on nous tympanise avec les empreintes carbones de ces jets… Au passage, on pourra noter le contraste de qualité de ces déplacements avec ceux que le même Castex nous offre depuis qu’il est devenu patron de la RATP.
Depuis, Castex a été remplacé par d’autres, tout aussi inutiles et incompétents, et tout aussi gourmands de ces moyens de déplacement carbo-centrés : c’est sans aucune surprise qu’on note que les ministricules Borne ou Attal continuent sur la lancée de leurs médiocres prédécesseurs et, rejetant l’usage du train ou, mieux encore du vélo de ces cars pourtant mis en place quand leur patron était ministre, ils multiplient les déplacements aériens pour honorer de leur auguste présence le petit peuple de province.
Le pompon est sans doute atteint, avec une décontraction assez naturelle chez les cuistres et les parasites, par l’actuel ministre de l’Écologie et du Lobbying Chinois Pro-Énergies Intermittentes, un certain Béchu, qui a multiplié les vols (six en quatre mois, rien de moins) pour des déplacements en province pour lesquels il était tout à fait possible d’utiliser, là encore, les voiturettes électriques voitures thermiques du ministère à une fraction du coût et de la facture carbone aérienne (l’équivalent des émissions totales d’un Français moyen pendant près de trois ans).
N’oubliez pas que, pendant ce temps, les mêmes aigrefins ministériels et autres parlementaires froufroutants qui se déplacent ainsi gratuitement au frais de la princesse ont le toupet et l’aplomb des clowns de cirque d’envisager sérieusement la mise en place d’un prix plancher sur les déplacements aériens.
Décidément, ce Noël 2023 sera à l’image de ces dernières années en Macronie : il n’y a plus qu’un Deux Poids Deux Mesures évident, une pantomime un peu grotesque destinée à calmer le peuple via quelques éléments de langage jetés en pâture aux scribouillards subventionnés, et, au-delà de ces jetons de présence, la caste de profiteurs ne fait même plus l’effort de prétendre à une vertu démontrable.
Il n’y a plus le moindre doute qu’ils ne croient absolument pas aux âneries qu’ils débitent mécaniquement et qu’ils se foutent ouvertement du peuple.