[critique] winter break

Par Onrembobine @OnRembobinefr

Titre original : The Holdovers

Rating:

Origine : États-Unis

Réalisateur : Alexander Payne

Distribution : Paul Giamatti, Dominic Sessa, Da'Vine Joy Randolph, Carrie Preston, Tate Donovan, Gillian Vigman...

Genre : Drame/Comédie

Durée : 2h13

Date de sortie : 13 décembre 2023

Le Pitch :

1970. Paul Hunham est professeur d'histoire ancienne dans un prestigieux lycée pour garçons de Nouvelle-Angleterre. Très impopulaire, que ce soit auprès de ses élèves ou de ses collègues, il accepte de passer les vacances de Noël sur place afin de veiller sur les quelques pensionnaires que leurs familles n'ont pas pu récupérer. Au bout de quelques jours néanmoins, un seul des élèves se voit contraint de rester. Un garçon intelligent mais rebelle, qui va devoir cohabiter avec un professeur qu'il déteste cordialement et Mary, la cheffe cuisinière du lycée, elle aussi présente. Alors que les premiers jours sont plutôt tendus, peu à peu, la carapace de l'enseignant se fissure, alors que son élève dévoile lui aussi ses fêlures...

La Critique de Winter Break :

Très discret depuis l'échec de Downsizing en 2017, Alexander Payne revient en cette fin d'année avec Winter Break. L'occasion pour lui de renouer avec ses fondamentaux, en nous livrant un authentique cadeau de Noël, dans la lignée de ses plus grandes réussites, Monsieur Schmidt, Sideways et Nebraska en tête. L'occasion aussi de retrouver Paul Giamatti, qui, autant le dire tout de suite, trouve l'un de ses meilleurs rôles.

Holidays club

Downsizing voyait Alexander Payne sortir de sa zone de confort. Des effets spéciaux, un pitch fantastique, un budget plus conséquent... Un film qui pourtant, restait fidèle aux idéaux du réalisateur. Avec Winter Break, finie la prise de risque. Payne revient à ce qu'il sait faire de mieux. Dans la même veine que Monsieur Schmidt, Sideway et Nebraska, le film est un drame doux-amer qui colle de près à ses personnages alors que ces derniers se retrouvent dans une situation inédite qui les amène à se révéler. Rien de très original ? Non, c'est sûr, mais Winter Break n'en demeure pas moins un véritable miracle de cinéma.

Noël au bahut

Paul Hunman, le personnage joué avec un talent dingue par Paul Giamatti, n'est pas très populaire. Professeur d'histoire ancienne, il saque ses élèves, refuse de faire des compromis, n'est pas non plus aimé de ses collègues et est parvenu à s'attirer les foudres du proviseur du lycée. Lycée dans lequel il était lui-même élève d'ailleurs. Pour couronner le tout, Paul ne sent pas très bon à cause d'un dérèglement hormonal et il est affligé d'un sérieux strabisme. Contraint de rester surveiller l'internat pendant les vacances de Noël car plusieurs élèves n'ont pas pu rentrer chez eux, il finit par se retrouver avec Angus, un garçon de 17 ans certes brillant mais allergique à toute forme d'autorité, qui lui non plus ne pourrait pas prétendre à un prix de popularité.

Un duo auquel s'ajoute Mary, la responsable de la cafétéria, en poste également pendant les fêtes. Une femme qui pleure la mort de son fils à la guerre. Nous sommes en 1970 et l'Amérique s'apprête à célébrer Noël.

Ceux qui restent

À partir de ce postulat, Alexander Payne crée une sorte de petit monde isolé. Dans un lycée presque entièrement vide, dont la majorité des pièces n'est pas chauffée, entouré par la neige, trois laissés pour compte se retrouvent et apprennent, par la force des choses, à accepter la présence des autres avant de se dévoiler, là encore encouragés par un contexte bien particulier.

En pleine maîtrise d'un registre qu'il connaît à la perfection, Alexander Payne retrouve une tonalité qui lui sied à merveille et nous propose un véritable conte de Noël. Tour à tour drôle et émouvant, d'une sensibilité et d'une délicatesse infinies, Winter Break est aussi attachant que pertinent dans son propos. Tout spécialement quand il s'attache à traduire le chagrin relatif à la perte. Chacun des personnages ayant perdu quelqu'un ou quelque chose. Métaphore sur le deuil mais aussi sur la résilience et l'entraide, Winter Break est une fable pleine d'humanité. Un long métrage remarquablement écrit et réalisé, qui fait chaud au cœur. Payne qui prouve aussi au passage qu'il est actuellement l'un des talentueux directeurs d'acteurs en activité, en tirant le meilleur des formidables Paul Giamatti, Da'Vine Joy Randolph et Dominic Sessa.

En Bref...Le cadeau que nous fait Alexander Payne cette année est inestimable. Winter Break s'imposant comme un vrai et beau film, habité par des personnages parfaitement écrits et joués. Le genre qui ne peut que se finir trop vite et auquel on ne cesse de repenser.@ Gilles Rolland

Par Gilles Rolland le 24 décembre 2023

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