Dans une déclaration publiée le 21 décembre, la Conférence Épiscopale Nationale du Cameroun (CENC) s’est prononcée sans ambiguité contre l’homosexualité, prohibant toute bénédiction religieuse de couples de même sexe. Explications.
L’Église camerounaise reste inflexible sur la conception traditionnelle du mariage
Réunis en conférence, les évêques catholiques camerounais ont tenu à réaffirmer haut et fort que le mariage n’est possible canoniquement qu’entre un homme et une femme. Toute union conjugale entre personnes de même sexe constitue à leurs yeux une distorsion inacceptable de cette institution sacrée.
L’homosexualité est ainsi directement désignée comme allant à l’encontre de « la loi naturelle », ce qui justifie son rejet catégorique par l’institution ecclésiale camerounaise.
Des prises de position conformes à la doctrine traditionaliste de l’Église
En statuant ainsi sur l’impossibilité d’envisager un « mariage gay » et a fortiori de le bénir, la CENC s’inscrit dans la droite ligne de l’orthodoxie catholique. Elle fait directement écho aux déclarations en ce sens du Vatican ces dernières années.
On se souvient qu’en 2021, la Congrégation pour la doctrine de la foi avait publié un responsum réaffirmant l’impossibilité pour l’Église catholique de bénir les couples de même sexe. Un texte approuvé par le Pape François, et qui traçait déjà clairement la ligne doctrinale sur ces questions de société brûlantes.
Entre condamnation de l’homosexualité et appel à la compassion
Pour autant, si elle prohibe strictement toute célébration religieuse de l’homosexualité, la CENC invite aussi à la compassion envers les personnes aux orientations sexuelles minoritaires.
Elle appelle les fidèles à prier pour ces brebis égarées, afin qu’elles puissent opérer une « conversion radicale ». Conversion qui seule peut leur permettre de renoncer à « la mentalité de victimisation » et de s’extraire de cette « situation objective de péché ».
On retrouve dans ce discours équilibriste teinté de pastorale la position délicate de l’Église, tiraillée entre la condamnation doctrinale du « péché » et l’accueil miséricordieux du pécheur.
Des résistances fortes dans un pays socialement conservateur
Il n’empêche, au Cameroun, cet appel à la clémence risque de ne pas suffire à apaiser les esprits. Dans ce pays profondément ancré dans des valeurs traditionnelles, l’homosexualité continue de crisper.
Rappelons que les relations sexuelles entre personnes de même sexe y sont encore considérées officiellement comme un délit, passible de 5 ans d’emprisonnement. Et l’opinion publique y reste massivement hostile à toute évolution législative sur ces questions de mœurs.
Dans ce contexte, la fermeté doctrinale affichée par les évêques camerounais à l’unisson avec le Vatican correspond sans nul doute aux attentes et aux convictions de l’écrasante majorité des 13 millions de catholiques que compte le pays.