Cœurs écarlates, Garance De Jorna

Résumé : Il s’appelait William. Sa gentillesse n’avait d’égale que la rancœur de Kiëran, ce garçon perturbé, prisonnier d’une violence inarrêtable. William l’avait aimé, Kiëran l’avait détruit, et tout s’était fini.
Quatre ans plus tard, de retour dans la ville de son enfance, William est devenu Isaac. S’il se sent désormais prêt à reprendre sa vie là où il l’a laissée, c’est compter sans la présence de l’ancien bourreau du collège.
Mais Kiëran n’est plus tout à fait le même non plus. Démoli, accablé par le remords et le poids d’un quotidien qui l’étouffe, il n’a eu de cesse de combattre celui qu’il était dans le passé. Et s’il est convaincu qu’il ne sera jamais « quelqu’un de bien » et ne mérite aucun pardon, il a pourtant toujours espéré pouvoir un jour s’excuser.
Peut-être est-ce cette obsession qui lui permet de reconnaître la lumière de William derrière le ténébreux Isaac. Ni l’un ni l’autre ne se sont oubliés, après tout, malgré tout.
Et si ces mêmes souvenirs douloureusement ancrés pouvaient les réunir, apaiser leurs maux, soigner leurs âmes ? Guérir leurs cœurs écarlates …

Avis : J’avais très envie de découvrir cette autrice, et ce titre me paraissait sympa. J’avais un peu peur tout de même je l’avoue parce qu’il s’agit d’une romance où le harceleur et sa victime tombent amoureux, mais l’autrice a bien fait son boulot je trouve et ça ne vire pas malsain.

Cette histoire, c’est celle de William un garçon très gentil et très doux, qui s’est fait harcelé par Kiëran jusqu’à ce que ça tourne très très mal. Il quitte donc le pays, affublé d’un nouveau prénom, tandis que Kiëran doit payer ses crimes. Des années plus tard, William, devenu Isaac, est bouffé par la colère et la haine qu’il ressent, très différent du William d’avant. Kiëran, lui, s’est remis en question, a beaucoup travaillé sur lui et a réussi à changer et à ne plus faire appel à la violence. Leur nouvelle rencontre va-t-elle pouvoir réparer les erreurs du passé ? Ou au moins apaisé leurs cœurs ?

C’était très très bien écrit, l’autrice nous fait ressentir des sentiments très forts dès le début de la lecture, on suit l’histoire de ces deux garçons cassés par la vie, qui s’accrochent à ce qu’ils peuvent, et c’est très puissant. J’ai tout autant aimé William/Isaac que Kiëran (malgré ce qu’il avait fait), je les soutenais, j’avais envie de leur faire des câlins et de les protéger d’eux-mêmes ou des autres. C’est une histoire très difficile par contre, qui aborde beaucoup de thèmes autour de la violence que ce soit dans les brimades ou dans les violences familiales, et j’avais le cœur retourné par certaines scènes très très difficiles, notamment entre Kiëran et son père.

Heureusement William est bien entouré, de sa mère et de son beau-père (qui est une vraie crème). Kiëran, lui, a sa petite sœur qu’il veut absolument protéger. Et même si « Isaac » n’est plus tout à fait William, le garçon demeure quand même présent au fond de lui au moins un peu.

La relation de William et Kiëran est le cœur du sujet et comme je l’ai dis c’est ce qui m’inquiétais le plus, malgré toute la bonne volonté du monde, j’avais du mal à imaginer William sortir avec Kiëran, l’aimer. Lui pardonner oui, je pensais ça possible mais de là à accepter d’être avec lui c’était une autre paire de manche. Mais l’autrice a formé le couple tout en douceur, en les réunissant de façon tendre. C’était un peu aussi désespéré des deux côtés, mais pas totalement malsain. Ils s’entraident, ils s’aiment, et ça fonctionne, je pense surtout grâce à l’écriture de l’autrice. C’était quand même assez casse gueule de décider de réunir deux garçons avec un tel passif, mais elle s’en est sortie. Peut-être parce que j’ai beaucoup aimé Kiëran et qu’il m’a vraiment brisé le cœur plus d’une fois.

En bref, une histoire très prenante, très très dure mais belle aussi, encore une fois, l’écriture de l’autrice est très percutante et peut faire très mal. Ce livre aborde des thèmes très durs ! Mais j’ai passé un moment de lecture incroyable et je serai ravie de découvrir d’autres romans de l’autrices.

Phrases post-itées :
« Lui n’a vu qu’un inconnu. Moi, j’ai vu l’enfer. Celui que j’ai déjà foulé et que je m’apprête à affronter une seconde fois. »

« Je n’ai pas non plus tourné la page. J’ai simplement remplacé les anciens mots du livre par de nouveaux bien plus beaux. »

éé