Plonger en deçà du souffle, quitter les soleils qu’on a aimés, ni poète ni philosophe, dit-il, descendant dans les profondeurs mètre après mètre, dans l’oubli, s’attendant soi-même et errant dans les villages engloutis. Le texte de Fabrice Melquiot s’enfonce dans le noir, s’efface à mesure que le souffle est retenu (effacement rendu perceptible par le graphisme de Jeanne Roualet), parle d’un amour perdu, et des « beautés de la terre », écrit une mort du loup qui est loin de celle de Vigny. Il cite Mohamed Khaïr (« il faut bâtir sur le vide ! »), Giorgio Agamben (« Pour saisir son temps il faut être anachronique… ») — deux fois « il faut » —, et Alejo Carpentier (« Tout avenir est fabuleux »). On a l’impression de perdre pied avec lui, mais, touchant le fond, de remonter enfin : « il n’est peut-être pas trop tard ».