Il y avait longtemps... quoique, pas vraiment, et c'est tant mieux pour nous qui aimons (oui, vous aussi) cette idée de pâturage extensif par des tondeuses lainées. Celles du jour vivent à Namur, en Belgique – presque (bientôt) la France, donc, sont de marque "Ardennais roux" et entretiennent chaque été depuis août 2003 les vertes parcelles entourant la Citadelle (oui, celle de Namur). Quelques clôtures, un abreuvoir automatique et vroum vroum c'est parti...
Des tondeuses naturelles. "Il
est des habitants de la citadelle tellement discrets que beaucoup de
Namurois ignorent leur présence. Et pourtant, leur timidité ne les
empêche pas d'être des auxiliaires utiles de l'entretien de ces lieux
remplis d'histoire.Depuis
l'été 2003, un petit troupeau de moutons se charge de tondre la
végétation naturellement drue qui pousse dans les fossés de Terra Nova.
Un peu perdue entre les hautes murailles, la demi-douzaine d'Ardennais
roux – c'est le nom de leur race – n'a pas l'air de souffrir de la
météo capricieuse de cet été 2008. Outre la discrétion, leur principale
qualité est la rusticité. « On voit qu'ils ont bien travaillé dans le
haut de ce fossé, constate Marc Donéa, du service écoconseil de la
Ville de Namur. Par endroits, ils laissent en place la végétation –
c'est qu'on appelle les refus –, mais ce n'est pas gênant. C'est même
un des buts de l'opération, les moutons sont là pour éviter que les
taillis
envahissent les fossés, mais on compte aussi sur eux pour contribuer à
créer une variété de milieux. »
Les papillons en profitent
Ici,
en l'occurrence, c'est surtout les orties que les moutons négligent. «
C'est tout bénéfice pour certaines espèces de papillons. Et une fois
que les orties seront fauchées et qu'elles auront séché, les moutons
s'en régaleront. »
La présence du petit troupeau sur ces quelque 2 hectares de fossés ne
dispense pas la Ville d'une intervention humaine. Mais elle est
nettement plus légère qu'à l'époque où toute la superficie devait être
débroussaillée à la main. C'est autant d'économisé pour les caisses de
la Ville. Les moutons, eux, ne coûtent rien. « Ils sont la propriété du
centre des
technologies agronomiques de Strée, près de Huy. Cette école essaie de
maintenir l'Ardennais roux, une race menacée d'extinction. Ils nous
rendent service en nous prêtant quelques bêtes six mois par an. » Et en
mettant un pré à leur disposition, la Ville de Namur contribue à la
sauvegarde de ces tondeuses naturelles.
Bref, que du positif dans cette opération. « Mais ce serait intéressant
de vérifier de plus près si cinq années de pâturage ont vraiment
modifié la végétation des fossés, analyse Alain Detry (MR), l'échevin
de l'environnement. On se rend compte aussi qu'il serait peut-être
utile d'adjoindre quelques chèvres aux moutons pour l'entretien des
zones plus escarpées. » En tout cas, l'expérience sera reconduite. Elle
pourrait même s'étendre à d'autres espaces naturels dont la gestion
incombe à la Ville."
Source: Le Soir